Ce qui m'a surpris quand j'ai vu Blow Up, parce que d'Antonioni je ne connaissais que Profession Reporter et que ça m'avait bien plu malgré l'ennui quand j'étais plus jeune, c'est que c'est vachement moderne avec une ambiance rock et que c'est assez déconcertant au départ. La deuxième chose c'est qu'on m'a toujours vendu ce film comme étant l'histoire d'un photographe qui est témoin d'un meurtre simplement qu'il ne s'en rend compte que sur ses photos. Alors oui, seulement que ça, ça arrive à la moitié du film et qu'au fond on s'en fiche pas mal. Je m'explique, si j'ai préféré la première partie du film c'est déjà pour son personnage non-chalant et provocateur presque cynique sur les bords, il est riche, il est beau et on se passionne pour lui, et puis toute cette réflexion sur l'image, la photo, le rôle du photographe, etc. Et puis bien évidemment il y a Redgrave - cette femme est incroyable - et la relation qu'elle instaure avec le photographe j'ai beaucoup aimé, la manière dont elle se développe, on ne sait pas trop ses raisons mais tout ça cache forcément une part de manipulation. Et puis ce qu'il y a de bien c'est qu'au fond la réflexion sur l'image ne tombe pas dans le déjà-vu hitchcockien du voyeurisme, ça aborde d'autres sujets, c'est plutôt neuf. Et puis arrive ces fameuses photos, on nous hype bien tout le long du film pour ces photos et on est pas déçu, cette idée du détail qui construit une intrigue, les photos qui se répondent, le gros plan jusqu'à l'abstraction qui alimente l'imagination, plein de choses à dire toutes passionnantes ! Mais au fond à partir de là c'est le scénario que je ne comprends plus. C'est vraiment dommage, je m'attendais à une véritable intrigue policière mais que tchi. En plus c'est complètement incohérent, c'est du vrai deus ex machina et on avait pas besoin de ça pour toujours être dans l'ambiguïté, là j'ai été complètement sorti du film. Genre le corps est toujours là à la fin de la journée, comme par hasard le photographe n'a pas son appareil (tu parles d'un pro !), pourquoi est-ce qu'il aurait besoin de demander l'avis de Ron - personnage qui sort de nulle part - pour aller le prendre en photo et comme par hasard le lendemain matin le corps n'est plus là ? C'est quand même gros tout ça ! Autant on croit vraiment à la première partie du film parce qu'on se concentre sur le personnage, l'intrigue importe peu, c'est sans conséquence, cette histoire d'hélice dont on se fiche totalement au final. Mais la toute fin rehausse clairement le niveau, cette idée du match de tennis en mime c'est vraiment chouette, par contre je n'ai pas vraiment compris pourquoi le son n'arrivait que sur le contre-champ, on comprend bien que c'est le résumé du film, le plaisir de se raconter des histoires à partir du détail, la volonté d'être le héros de sa vie, etc. Après je pense que cette scène aurait pu aller encore plus loin. Peut-être que je dis ça parce que j'avais vu la scène de foot de Timbuktu et que c'était la même idée et que ça m'avait beaucoup plus plu mais bon. Disons que le film est bon, avec une excellent réflexion sur la photo et l'image en général, par contre dès qu'on rentre au coeur de l'intrigue, qu'on quitte les personnages pour se concentrer sur l'enquête bah c'est cousu de fil blanc et trop gros pour qu'on y croit. Déception en fin de compte...