Avis sur Cinq fusils à l'ouest

Une série B ou Z doit être jugée à l'aune de sa catégorie. Alors c'est vrai nous avons là un film fauché, la distribution (dont fait partie le scénariste) est constituée d'une bande d'inconnus (c'est le premier film de Dorothy Malone). Or à moins d'être aveugle on se rend bien compte que Corman a fait du mieux qu'il a pu avec ce qu'il avait, Les personnages sont bien esquissées, la tension est bien décrite et la dernière partie parvient à créer un petit suspense efficace. Certes les bagarres à mains nus sont un peu bébêtes, l'un des types à un costume tout propre après des kilomètres de cavalcades, la conclusion est plate, c'est un petit western … mais n'empêche que ça se regarde sans déplaisir…

Incroyable, le sujet principal est l’arrivée de la diligence et elle met 55 minutes pour arriver. 55 minutes durant lesquelles il ne se produit aucun évènement, aucun dialogue, aucune action qui présente le moindre intérêt. De plus, les personnages sont tous antipathiques et quand une femme apparaît elle l’est tout autant. Dorothy Malone a toujours besoin d’un scénario qui s’adapte à son jeu pour se faire apprécier… C’est une fois encore raté. Je laisserai aux inconditionnels de Corman ses 3 autres westerns car il n’a pas du tout su ressentir le genre. De plus, il a tourné beaucoup trop vite et cela se voit constamment dans le soin apporté aux détails. C’est une expérience à oublier et une verrue parmi les westerns tournées dans les années 1954/55.

Premier film de roger Corman, ce pensum sans envergure, mal filmé, mal dirigé (même Dorothy Malone n'est guère convaincante)et reposant sur un scénario ultra prévisible, donne une impression de bâclage aussi désagréable que soporifique. Même la tension que provoque l'irruption du seul personnage féminin parmi les males privés depuis longtemps de rapports charnels, paraît bien filandreuse et n'éveille ni érotisme, ni crainte, ni suspens. FIVE GUNS WEST laisse peu présager du talent certain dont le metteur en scène fera preuve par la suite.

Ce film de Roger Corman à la base ne bénéficiait déjà pas d’une intrigue originale. Mais le fait que les les acteurs à l'exception de Dorothy Malone ne rayonnent guère dans aucune scène, on sombre parfois dans une inconfortable léthargie. En outre, à l’exception de plans intéressants, la mise en scène de Corman est plutôt poussive et les dialogues souvent médiocres. A éviter, même pour les idolâtres Cormaniens.

Je vais être beaucoup sévère que mes petits camarades, « Cinq fusils à l’Ouest » une de nouveau une assez bonne série B des années 50. Bien sûr le film pâtit d’un budget à hauteur du plafond du livret A, mais sur le fond et sur la forme, avec des moyens aussi faibles, Roger Corman ne s’en sort pas si mal. Le réalisateur propose un quintet d’acteurs assez flippant proche de la psychopathie à l’image de Mike Connors (l’inoubliable Mannix de mon enfance) dont l’opposition avec John Lund monte crescendo. L’intérêt du film ne repose pas sur l’action, mais sur les rapports entre les différents personnages, rapports qui vont se tendre quand va apparaître la sublime Dorothy Malone et son col de chemise relevé. Personne n’est franchement sympathique dans ce film, même pas Miss Malone. Peu d’action, pas de la grande psychologie, mais une honnête série B portée par la notion de rapports (toxiques) de groupe.
Retrouvez mon amour du Far West dans le roman WHITE FINGERS : LA PISTE SYSKIYOU - Eds VERONE - TOME 1.