Chaque année, lorsqu'arrive la cérémonie des Oscars, pour peu qu'un film français soit en compétition pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère (ie VO pas en anglais !), la France du cinéma espère en sa victoire et prend très mal qu'un autre film, forcément peu intéressant, lui vole le trophée. Cette année, il y avait en compétition le film français "Entre les murs", auréolé de sa Palme cannoise, et la France du cinéma soutenait également très fort le film israélien "Valse avec Bashir". Comme un chien dans un jeu de quille, c'est le film japonais "Departures" qui a emporté le morceau. Surprise ? Scandale ? Et bien, c'est vrai, on a le droit d'être un peu surpris. Non pas que "Departures" soit un mauvais film ! On y fait la connaissance d'un violoncelliste encore jeune (environ 40 ans) qui, accompagné de son épouse, retourne à Yamagata, dans le nord du Japon, lorsque l'orchestre symphonique dans lequel il jouait est dissous. Il lui faut trouver un travail et, à la suite d'un quiproquo, il se retrouve employé comme "accompagnateur de passage dans l'au de-là". "Departures" a des qualités : c'est un excellent documentaire sur les rites funéraires au Japon; c'est un film sobre et émouvant; la réalisation, avec presque uniquement des plans fixes, repose de tous ces films qui secouent le spectateur au rythme de la caméra portée à l'épaule; le jeu des comédiens est excellent, avec toutefois un petit bémol concernant le rôle principal, tenu par Masahiro Motoki, un peu trop adepte de la mimique légèrement grimacière. Il a aussi des défauts : 2 h 11, c'est trop long, il y a de nombreuses scènes redondantes et de bons coups de ciseaux au moment du montage auraient été les bienvenus. Et puis, pourquoi le réalisateur a-t-il cru bon d'incorporer 3 ou 4 scènes que l'on peut qualifier de comiques ? Pour détendre l'atmosphère ? Personnellement, je trouve qu'au contraire, elles alourdissent le propos et nuisent à l'équilibre général du film.