Avis : A propos d'Elly - Page 3

Vu en avant-première il y a une dizaine de jours en présence du metteur en scène. A ma connaissance j'avais vu peu ou pas de films iraniens. C'est donc une bonne chose de commencer avec celui-ci. Car je l'ai trouvé formidable. Une simple histoire de week-end entre amis qui dérape rapidement vers le drame. Un scénario parfaitement écrit. Portrait d'une certaine jeunesse iranienne de la classe moyenne, encore bien trop écrasée par le poids de la dictature et de la religion. Les femmes sont malgré tout fortes voir émancipées, mais où s'arrêtent la limite ? L'histoire est prenante de bout en bout, avec un vrai suspens qui tient en alerte jusqu'à la dernière image. Au fur et à mesure de l'intrigue chaque personnage se dévoile petit à petit, se posant et posant un tas de questions que nous nous posons nous même. Ours d'argent mérité au dernier festival de Berlin pour la mise en scène, Asghar Farhadi également scénariste et producteur, nous offre un film fluide, parfaitement maîtrisé et bénéficiant d'une très belle direction d'acteurs. Ils sont tous parfaits, très convaincants. A leur tête la très belle Golshifteh Farahani. L'évolution de son personnage suit le rythme du drame qui se joue. Belle et insouciante au début, elle se tasse et devient moins en moins éclatante au fil de l'histoire. Une très belle interprétation. Une très belle surprise pour ce film iranien. Bien écrit, bien mis en scène et superbement joué. Rien à ajouter. Un des plus beaux films de cette rentrée.

Curieux film que ce "A propos d'Elly". Tout d'abord, pendant une demi-heure environ, j'ai craint le pire : trop de longueurs dans la description, genre publicité télé ou cinéma, de la joie de vivre de ces couples partis passer un week-end prolongé au bord de la mer Caspienne. Mis à part le foulard porté par les femmes, on pourrait tout aussi bien être chez des bobos partis à Cabourg pour la Pentecote. Et puis arrive le drame et, enfin, le film prend toute sa dimension. Au travers de ce drame, on apprend un tas de choses sur l'état des relations hommes/femmes dans l'Iran d'aujourd'hui. Si ce film dit vrai, la condition féminine y est peut-être moins désastreuse que ce qu'on a souvent tendance à croire mais il y a quand même pas mal de progrès à accomplir par rapport à nos canons, quand bien même ceux-ci n'ont pas encore réussi à atteindre la perfection. Disons qu'on a l'impression d'être proche d'une culture méditerranéenne de la première moitié du 20ème siècle, genre Sicile ou Espagne. Il est d'ailleurs probable que la façon dont sont perçus les personnages ne doit absolument pas être la même en Iran et chez nous : face au drame et à ses conséquences, ceux dont on se sent proche doivent être perçus de façon négative à Téhéran, en tout cas chez les hommes, et réciproquement.
Côté réalisation, mise à part cette première demi-heure, nécessaire d'un certain point de vue mais maladroite et trop longue, le film est parfaitement maîtrisé, avec un abord assez sec, sans musique, caméra à l'épaule, très prenant. Un film à voir, c'est sûr !

Mensonges, culpabilité, angoisse, ... la bonne recette du film dramatique avec en prime un grand nombre de rebondissements. Voilà ce que nous sert Asghar Farhadi mais, loin d'un épisode des feux de l'amour iranien, le réalisateur fait preuve de son talent et nous pond une oeuvre poignante et oppressante en égratignant au passage les clichés à propos de la femme et de la famille iranienne. On est en présence d'un bon film même si certaines auraient été à revoir ( comme la fin).

Je suis à la croisée des chemins de deux personnalités du Cinéma que je suis avec plaisir : je finis mon cycle des films de l’actrice Golshifteh Farahani et j’en recommence un sur le scénariste/réalisateur Asghar Farhadi que j’avais découvert avec « La Séparation » et « Les Enfants de Belle Ville ». « A propos d’Elly » installe dès le début une tension entre les personnages puis cela monte crescendo dans un contexte religieux et culturel qui, comme dans tous les films d’Asghar Farhadi, a son importance. Le spectateur vit avec les personnages leurs angoisses vis-à-vis de la succession de situations impromptues auxquelles ils doivent faire face et des choix qui en découlent.

Trois couples d'amis partent en week-end au bord de la mer avec leurs enfants, un de leurs amis de passage et la réservée Elly, l'institutrice d'un des enfants. Quand Elly disparaît, les choses se compliquent. Ce très beau film iranien, récompensé de l'Ours d'argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin, met du temps à démarrer mais finit par se faire passionnant grâce à son scénario très bien écrit, la justesse de ses situations et les acteurs très convaincants. A découvrir.

Que de mystère dans cette fente de boîte aux lettres débouchant sur l'allégresse d'un trajet vers la mer ! Chaque étape commence par "des clés"... Point commun de cette joyeuse bande courant vers la détente, ils ont tous plus ou moins étudié le droit. La jeune Elly semble la seule à double jeu, souriante mais un peu absente car nouvelle dans un groupe déjà constitué... Beauté et sensualité émanant de ces femmes... Sensibilité, force, aplomb même... Les hommes vont se révéler tout aussi surprenants parce que bientôt "branle-bas de combat" ! Côté technique, du grand art, coupures impromptues d'une rare élégance ! On est dans les glouglous un bon moment, il s'en faudrait de peu que les vagues ne déferlent dans la salle ! Le spectateur est le premier avisé de bien des secrets, sauf que ça n'arrête plus de rebondir... Zéro plan fixe improductif ici, au contraire, une caméra qui crée le suspense (cette proue du bateau de retour des recherches...)... La classe moyenne iranienne actuelle sous le regard d'un cinéaste ne laissant rien au hasard, à suivre !

Un film qui suit le visage de Golshifteh Farahan (figure plutôt connue et magnifique actrice) dans le rôle de Sepideh, qui souhaite le bonheur de tout le monde mais qui entraînera la chute de ce groupe d'amis. A propos d'Elly est divisée en deux partie distincte : on part d'une fête entre amis ; on parle de mariage, on mange et on danse, pour ensuite basculer dans un drame où la femme est pointée du doigts sans cesse, semble t'il seule responsable de toute cette histoire. Un film très fort et très dur psychologiquement, même si il m'a manqué quelque-chose dans cette deuxième partie (20 minutes en plus n'auraient pas été de trop).

Début assez platonique, ennuyeux puisqu'on nous décrit la vie des iraniens, leurs coutumes, leur culture. L'enquête sur Elly reste assez floue à vrai dire et la fin est décevante.

Remarquablement bien joué, des acteurs très beaux, pluôt bien tourné malgré quelques fausses audaces de caméra, ce film m'a irrité par l'enchevêtrement des mensonges et j'ai même eu l'impression que la conclusion est aussi un mensonge.
Un détail : je pensais que la jeune bougeoisie iranienne ne portait pas le voile en privée ... sans doute pour les besoins de la sortie du film en Iran il a fallu conserver le voile, et donc parler d'honneur au mileu des mensonges.
Apparemment un premier film. J'ai l'impression que ce film se passerait en Italie ou en Grèce, il n'aurait pas été primé ... Un encouragement, donc.

Un très grand film ! Un sens du cinéma et de la dramaturgie inouï. Farhadi est certainement un grand de demain mais tout d'abord, allons voir "Une séparation" !

Quand on voit de quoi les cinéastes iraniens, mais aussi asiatiques (chinois, coréens, japonais) sont capables, on peut se demander si le cinéma est encore un art en Occident où notre goût est complétement altéré, comme pour les aliments, par des navets américains et ses copies européennes. Comme l'a dit récemment Sylvain Tesson dans son livre "dans les forêts de Sibérie", la liberté n'est pas de faire ce que l'on veut mais de pouvoir apprécier ce que l'on a. Le manque de liberté en Iran encourage les plus talentueux de ses cinéastes d'exceller en vraie imagination (et non l'imagination fantaisiste des Seigneurs des Anneaux, du Spielberg ou autre fadaises de ce genre pour adolescents attardés).

Un groupe d'amis de longue date (ils se connaissent depuis la fac de droit) quitte Téhéran pour aller passer trois jours au bord de la Caspienne. C'est Sepideh qui a tout organisé, comme d'habitude, mais l'impéritie de la jeune femme fait qu' il faut se replier sur une villa qui n'est plus louée depuis longtemps, avec vitres cassées, crasse incrustée, mobilier minimum etc. Le plus cependant : la bâtisse est implantée directement sur la plage. Le film commence joyeusement, façon villégiature sans histoires avec Sepideh, Amir, Peyman et les autres (3 couples, dont 2 avec enfant (s), mais aussi Ahmad, récemment divorcé et...Elly). Cette dernière est l'institutrice de la fille de Sepideh, et l'organisatrice se doublant d'une entremetteuse, elle la destine à l'esseulé. Elly veut cependant repartir dès le deuxième jour, comme elle l'avait indiqué d'entrée de jeu à Sepideh, mais celle-ci la retient, allant jusqu'à cacher son sac et son portable. La comédie vire alors à la tragédie, quand Elly disparaît. Le récent succès d'"Une Séparation" a conduit à ressortir en salles le film précédent d'Asghar Fahradi, et c'est avec cette reprise que je découvre pour ma part "A propos d'Elly". En renouvelant le thème de l'Arlésienne (car Elly est présente physiquement au début du récit) le scénariste Fahradi le fait avec brio, la personnalité de la timide et mystérieuse jeune enseignante se révélant peu à peu au fil des heures d'une recherche de plus en plus en plus fébrile, puis accablée quand l'hypothèse de la noyade devient la seule crédible, même si la mer n'a encore rejeté aucun cadavre. Mais le drame m'a paru revêtir un peu trop les exaspérations d'un quasi-psychodrame devant la caméra du cinéaste Fahradi pour emporter une totale adhésion du spectateur, et il y a de nombreuses longueurs (comme dans "Une Séparation") qui pour moi encombrent l'histoire plus qu'elles ne la font progresser. En revanche, la fin en pointillés, là encore comme dans le récent "Ours d'Or", en dépit d'un possible effet de système, me paraît en accord parfait avec le ton et le récit, et la distribution est tout aussi remarquable.

Un film iranien majeur, et l'une des œuvres les fascinantes sur une disparition, après "L'avventura", "Psychose" et "Sous le sable", références certes bien disparates... Dépassant le genre de la chronique familiale, le cinéaste propose une radioscopie des tensions sociales liées aux mœurs, tout en filmant un huis-clos étouffant, au scénario magistral. Une grande réussite !

Une fois de plus le cinéma iranien offre un bon drame à la fois intriguant et fort. La première partie est joyeuse jusqu'au moment ou tout tourne au tragique et là les mensonges, l'honneur et les tabous refont surface parmi le petit groupe d'amis. Un film de qualité.

Plusieurs éléments poussent à aller voir "A propos d'Elly". Tout d'abord il s'agit d'un film iranien dénué de toute propagande. Ensuite, tous les acteurs sont exceptionnels. Enfin, ce drame a la bonne idée de pencher vers le thriller malin, ce qui laisse le spectateur en tension permanente. Deux bémols : c'est un peu long, et parfois un peu bavard.