Passer après la version culte de 1990 avec Tim Curry n'était pas forcément un cadeau, tout comme s'attaquer à l'un des monuments de la littérature du Maître Stephen King. Force est de constaté qu'Andy Muschietti s'en sort de façon plus qu'honorable.
Plus moderne, plus réaliste, sans concession, "ça" n'est peut-être pas le film d'épouvante de l'année dans le sens où il s'agit plus d'un film fantastique saupoudré d'horreur. Dans le registre d'horreur pure, certains sont allé beaucoup plus loin que "ça". Mais "ça" nous offre suffisamment de frisons pour nous tenir en haleine et nous faire sursauter, le tout servi par une musique grandiose et une photo sans concession. Plus cru que la version de 1990, ce film ne tombe néanmoins pas dans le piège du tout gore qui aurait transformé cette magnifique histoire en un film de série B voire Z. Autre piège aussi évité, celui du "Je reprends tout, mais en mieux". Si la trame globale de l'histoire est bien entendu conservé, le scénario est complètement chamboulé, ne conservant que quelques scènes ou éléments clefs (
la scène de la salle de bain ensanglantée, celle de la mort de Georgie, le poème de Ben, la scène avec le lecteur de diapos, les persécutions d'Henir, etc...
). Nous redécouvrant ainsi l'histoire, se demandant à chaque fois ce qui se passera. Ainsi, la plupart des scènes de rencontre du clown avec les ratés sont réécrites.
La rencontre finale n'est plus provoquée par les ratés, mais par Pennywise.
La scène finale entre les enfants et le clown est entièrement réécrite. Elle est plus dynamique, plus "batailleuse" et offre un point de vue différent sur Pennywise.
Et c'est là que nous rencontrons l'une des clefs de la réussite de ce film : l'interprétation de Bill Skarsgård du clown tueur. Très différente de celle de Tim Curry, Skarsgård nous offre un clown sinistre, calculateur et bien plus effrayant. Alors que Tim Curry nous dépeignait un clown plutôt moqueur, on voit dès la première scène le regard inquiétant et envoutant de Bill Skarsgård. On est mal à l'aise, on sent qu'il a quelque chose derrière la tête, mais nous n'arrivons pas à le deviner. C'est un clown avec aussi beaucoup plus de personnalité, échangeant nettement plus avec les enfants là où Tim Curry se contenter de les provoquer. Ce "diagloque", surtout dans la scène finale
où le clown essaie de négocier avec les enfants
lui confère beaucoup plus de personnalité, le rendant plus tangent. Si Heath Ledger avait su dépasser Jack Nicholson dans le rôle du Jocker, on peut dire que Bill Skarsgård a su dépasser Tim Curry dans celui du clown tueur de "ça".
"ça"est donc une excellente adaptation du roman de Stephen King ou plutôt une formidable histoire inspirée et modernisée du roman. Une trame générale conservée, mais un cheminement très différent qui est capable de nous surprendre à travers une histoire que pourtant tout le monde connait bien. Un casting brillamment emmené par Bill Skarsgård mais où les jeunes acteurs ne dépareillent pas pour autant. Une mise en scène moderne et réaliste, qui nous offre un souffle nouveau. Et à la fin du film, on espère qu'une seule chose : quand est-ce que la suite va sortir ? Sera-t-elle du même niveau ? Et dire que cette adaptation a failli ne jamais voir le jour...