Avis sur La Habanera

J'ai vu un film... que j'ai beaucoup apprécié, avec une immense finesse, et une mise en scène très maîtrisée de Douglas Sirk, dans l'une de ces dernières réalisations germaniques, avant de partir pour la France et les Etats-Unis...
Il n'y a rien de spectaculaire, mais des personnages bien campés... ça commence comme une histoire d'amour, et cela se termine comme une histoire de tension et de drame sur fond de rivalité amoureuse, entre une Suédoise qui reste à Porto-Rico après avoir rencontré le grand notable de l'île... Et 10 ans plus tard, l'amour a disparu, un fils est né... Et la mère et le fils sont contraints de rester sur l'île... Un médecin, amour d'enfance, réapparaît à l'occasion d'une épidémie...
Ce film peut également sembler être une métaphore de personnes qui veulent fuir, un pays mais qui sont contraints par les circonstances et les décisions politiques qui s'imposent à eux... et autre métaphore, sur le fait de chasser un virus qui rendre la vie des gens meilleure... Le nazisme se lit en arrière-plan...
Petite particularité, c'est étonnant d'écouter tout ce peuple hispanisant parler allemand... Un beau film !

Douglas Sirk, avant d’être Douglas Sirk c’est-à-dire le plus grand réalisateur de tous les temps et de tous les pays de ce genre parfois sous estimé que l’on appelle « mélodrame », fut d’abord Detlef Sierck, citoyen allemand qui réalisa une dizaine de films avant que le nazisme, qui n’avait pas ses sympathies, ne le chasse vers la France puis les Etats-Unis. Voici donc un film de la période allemande, lourd et sans aucune des qualités qui feront la force de Sirk plus tard. L’intrigue, guère passionnante aux ressorts convenus et dont la fin est à dormir debout, nous emmène à Cuba pour ce qui se veut sans doute une touche d’exotisme, mais en fait de pacotille. L’interprétation est grandiloquente, la mise en scène maladroite. À regarder comme une curiosité mais sans plus.

Dernier film allemand de Douglas Sirk (encore appellé Detlef Sierck) avant son exil aux Etats-Unis. Si le film n'est pas une réussite, il reste très interessant lorsqu'on le confronte à son contexte. Le cinéaste qui n'est pas un partisant du régime nazi (il a toujours refusé d'y adhérer), est quant même obligé dans son travail de suivre les recommandations du ministère de la culture dirigé par Goebbels. Ceci expliquant cela, on comprend alors l'aspect bancal de ce film. D'un coté, le brillant suspens de ces virologue venus combattre une fièvre mortelle, mais qui devront affronter les réticences des autorités locales. Et de l'autre une cascades de chansons populaires aujourd'hui désuettes imposées pour mettre en valeur la star de la UFA, Zarah Leander. Ajoutons à cela certaines idées nazis sous-jacentes dans le scénario (l'héroine séduite par l'exotisme lointain sera punie pour avoir quittée son beau pays originel ou l'aspect de Porto Rico montré comme un nid de maladies). On comprend mieux alors la volonté de Sirk de fuire son pays où il a de plus en plus de mal à s'exprimer.

" la habanera" ( autrement dit " la havanaise" titre d'une chanson interprétée dans le film dont l'action se déroule dans l'île de Porto Porto Rico et pas à Cuba) est le dernier film Allemand de Detlef Sierck, futur Douglas Sirk.

Le film s'inscrit dans la tradition du romanesque. Certes, les contrastes ne sont pas absents mais ils touchent plus la sensibilité de l'héroïne que les péripéties de la narration.

On retrouve la très belle actrice suédoise Zarah Leander dans le rôle principal qui était déjà devenue une star.

Histoire d'un coup de foudre ou le conjoint se révèle un homme de pouvoir et d'argent dont les qualités humaines sont inversement proportionnelles à la fortune

Tourné aux îles Canaries en pleine guerre d'Espagne, le film fut endeuillé par la mort d'un torero lors du tournage, encorne par un taureau.

Le contexte politique dans lequel s'est tourné le film ( on est en 1937) a conduit les exégètes à y voir une défense du monde aryen et à le disqualifier même parfois.

C'est à mon sens une réussite de la période allemande du cinéaste et même si la première partie est sans doute plus réussie que la seconde, " la habanera" fait figure d'un des opus parmi les plus relevés de la sélection des sept longs métrages réédités en salle.

Un des derniers films de la période allemande de Douglas Sirk avant de rejoindre les diaspora germanique d'Hollywood. On s'ennuie ferme pendant plus d'une heure avant d'attendre le dénouement comme une délivrance. A éviter.

Dernier et moins bon (euphémisme) film de la période allemande de Douglas Sirk : on le sent sur le départ et perturbé par les contraintes des autorités hitlériennes. Kitchissime, incohérent, sans queue ni tête : mélange de romance over-boostée à la chantilly dégoulinante et d’aventures à la Tintin chez les Picaros survoltées, où débarquent des scientifiques venus combattre une fièvre mortelle qui découvrent le virus en une nuit dans leur chambrette d’hôtel. Tout cela sur fond d’orchestres mariachis, de romances de Noel allemandes, d’airs de corridas pour la musique et de déguisements d’opérettes hallucinants, d’accroches cœur en série et de lunettes de soleil à géométrie variable pour les costumes. A voir au quatrième degré.

Important à connaître car triomphe en 1938, moment où le système normatif n-a-z-i, accepté par un large public de l'époque, est transposé sous les tropiques... avec sa métaphore où il faut éliminer les agents pathogènes contaminant la société.
Film très représentatif de l'époque !