Marc Esposito nous présente le troisième et dernier volet d’une trilogie qui, à priori, n’en serait pas une, car le réalisateur aimerait bien pousser jusqu’à un numéro 5. Vu que le premier épisode s’était penché sur le cas d’Antoine (Bernard Campan) et que la suite s’était davantage focalisée sur celui d’Alex (Marc Lavoine), des troisième et quatrième films étaient logiquement attendus, puisque nous suivions alors les tribulations d’une bande de quatre potes, inséparables depuis une trentaine d’années. Mais le temps a passé, et c’est deux ans après que nous retrouvons tous nos joyeux lurons, alors que 6 ans séparent le 2 du 3. Tous ? Non. Jeff (Gérard Darmon) a pris un autre chemin (en fait l’acteur était en froid avec Esposito pour des raisons qui nous sont inconnues, une connerie sur laquelle les deux partis gardent le plus grand secret, mais dont l’anecdote sera habilement intégrée au scénario), laissant une place vacante qui va être vite occupée par un nouveau venu dénommé Jean (Eric Elmonisno), accessoirement patron d’Antoine. A la différence des deux premiers épisodes, "Le cœur des hommes 3" va se pencher de façon équitable sur chaque membre de ce nouveau quatuor. L’inconvénient est qu’on passe plus ou moins du coq à l’âne fréquemment, au prix de brèves transitions musicales jouées le plus souvent sous un thème dominé par le son d’une guitare avec presque toujours les mêmes accords. Toutefois, bien qu’elle paraisse hachée, la narration se suit convenablement pour le plus grand plaisir du spectateur s’étant déjà attaché à ces gars. Ce troisième volet a beau être inférieur aux autres du fait de son humour un peu plus dirigé en dessous de la ceinture voire machiste (quels sont les hommes qui ne le sont pas un peu ?), on a quand même droit à de bonnes scènes qui prêtent franchement à sourire. Les acteurs sont égaux à eux-mêmes, tant et si bien que nous avons l’impression qu’ils n’ont pas besoin de forcer leur talent pour interpréter des rôles monsieur-tout-le-monde. Mieux : on dirait qu’ils sont eux-mêmes, alors que Marc Lavoine bénéficie une fois de plus d'une façon d’aborder la vie et de dialogues à l’exact opposé du texte de ses chansons. Eric Elmosnino n’a visiblement eu aucun mal à rentrer dans le bain, et a manifestement pris du plaisir à entrer dans le cercle très fermé que représentent les amis, les vrais. Et c’est ce qui ressort à l’écran : la bonne entente entre les personnages, mais aussi et surtout sur le plateau de tournage, malgré le fait que les quatre compères aient tourné pas mal de scènes en solo, tout du moins sans la présence d’un des amis en question. Nanou (Catherine Wilkening) participe également à cette ambiance franchement amicale en apportant son grain de sel particulièrement grinçant, et nous réserve même quelques coups pendables
(en fait un seul, et énorme mais bon, chut ! hein ?)
. Cette bonne humeur et l’aspect profondément humain rendent tous les personnages aussi attachants les uns que les autres, et c’est avec une petite pointe de regret que nous devons les laisser au terme d’une trilogie qui nous aura fait sourire. L’affiche du numéro 4 est déjà prête, mais est-ce que le film sera finalement tourné ? On peut en douter au vu de l’échec commercial qu’a rencontré le 3 avec à peine plus de 460 000 entrées… Le public serait-il globalement du même avis que Robert Léger qui a écrit sur le site Reviewer.fr que "le bonheur, c’est vite ennuyeux au cinéma" ? Eh bien moi je dis qu’au contraire ça fait du bien, surtout dans le contexte social dans lequel nous vivons et qui ne s’arrange pas au fil des années qui passent. Le fait est que j’ai passé un agréable moment et que j’en suis ressorti avec une non moins agréable sensation de bien-être, sans doute avec un léger sourire dessiné sur les lèvres. L'amitié, c'est si beau...