"Dingo et Max" est un film d'animation efficace et divertissant de Disney avec une histoire touchante, des personnages attachants et une excellente animation. D'un point de vue du scénario, "Dingo et Max" est une belle réussite dans ce qu’il arrive à moderniser le ton et le propos d'un personnage emblématique de Disney. D'une modernité incroyable, le film n'a pas pris une ride en vingt ans grâce à son discours bien écrit sur le conflit de génération. Quel adolescent n'a jamais ressenti la même chose que Max quand, par exemple, son père veut absolument l'emmener en vacances alors que lui voudrait simplement rester à la maison avec ses copains; ou alors, quand son père est persuadé d’être dans l'endroit le plus cool au monde alors que le lieu est d'une ringardise sans nom; ou enfin quand son père ne comprend simplement pas qu’il important de le laisser prendre son envol ? La relation entre le père et le fils est ainsi particulièrement crédible avec un ton juste et des dialogues bien sentis. Le film est en cela un ovni au sein de la filmographie des films d'animation des studios Disney tant il est au final l’une des rares productions parlant de problèmes réels et courants dans la vie des jeunes spectateurs. Point d'orphelin vivant un destin extraordinaire ou magique, ici, c'est la vie d'un adolescent classique devant gérer les conflits avec son père. Mais au-delà de son discours père/fils, "Dingo et Max" est également un film qui s'amuse à faire des clins d'œil à son label un peu partout. Du porte-clé Disney, en passant par la courte apparition de Donald et Mickey faisant du stop, le spectateur s'amusera en effet à trouver des détails plus ou moins visibles pendant tout l’opus comme des Mickey cachés dans des ballons, dans la foule ou en forme d'un téléphone, un Bambi en peluche ou une lampe en forme d'Ariel. Mais la plus belle moquerie du film est assurément celle menée sur le parc à thème de Lester, l'opossum. Son attraction pourrie et complètement défraîchie ressemble, il est vrai, étrangement à une autocritique de l'attraction Country Bear Jamboree, créé pour le Magic Kingdom à Walt Disney World en Floride. Enfin, que dire du Yéti qui danse sur les Bee Gees quand les écouteurs lui tombe sur les oreilles : tout simplement que la scène est hilarante. La grande force de "Dingo et Max" se trouve aussi, au-delà de dans ses thèmes très bien traités de l'adolescence et du conflit de générations entre un père et son fils, dans ses deux personnages principaux. Dingo est toujours aussi gaffeur mais gagne en responsabilité paternelle et prend de la profondeur. Son inquiétude, légitime, vis-à-vis de son fils lui fait ainsi organiser des vacances impromptues. Il mettra alors du temps à comprendre tout le bénéficie qu’il va tirer de ce voyage à l’origine chaotique. En réalité, il refuse de voir Max grandir et va donc devoir apprendre à le laisser voler de ses propres ailes. Il le dit à son fils : il comprend parfaitement qu’il veuille vivre sa propre vie; lui ne demande qu'une chose : continuer à faire partie de la vie de son enfant. Rien que dans son discours, le personnage est vraiment touchant tandis que sa maladresse aussi bien par ses chutes que par ses réactions finit de conquérir les spectateurs. Même chose pour Max qui est véritablement un adolescent attachant. Cherchant à s'émanciper de son père, impressionner la fille de ses rêves et sortir de l'anonymat dans son collège, il souhaite avant tout grandir. Il ne comprend donc pas son père qui le pouponne trop. Ses réactions sont très drôles car elles sonnent très justes : quand il refuse catégoriquement de partir, quand il fait la tête dans la voiture ou quand il s'énerve dans le parc d'attraction… Ses mensonges sont aussi vraiment crédibles dans ce qu’ils montrent comment il ne sait pas gérer la pression sociale et familiale, ni affronter une vraie discussion avec son père pour lui faire comprendre ce qu'il ressent. Pat et P.J. sont enrôlés là plus pour de la figuration. En fait, Pat va prodiguer de mauvais conseils d'éducation à Dingo sous l'effet d'une certaine jalousie envers la riche relation qui le lie à Max alors que lui et P.J. sont dans une relation de dominant/dominé lambda. Enfin, parmi les personnages secondaires du film, deux ressortent du lot. Il y a tout d’abord Robert "Bobby" Zimmeruski, un des amis des Max et P.J. doué pour l'audiovisuel et fan de fromage fondu, un peu énervant et dégoûtant sur les bords et ensuite la plus réussie, la belle et douce Roxanne. Elle a fait craquer le cœur de Max et elle-même n'est pas indifférente à son charme. Aussi timide et peu sûre d'elle que son prétendant, elle est en réalité poussée par sa meilleure amie, la présidente des élèves, à jouer les bêcheuses… C'est bien simple, les gags fusent du début à la fin, sans jamais être lourds ou inutiles. L'autre grande réussite de "Dingo et Max" est formée des chansons qui ponctuent le long-métrage comme tous les films de Disney des années 90. Il y a tout d'abord "Après Demain" ("After Today") qui sert d'introduction permettant à Max de dire ce qu'il ressent mais aussi d’annoncer que c'est le dernier jour d'école et donc de faire intervenir de nombreux élèves avec d’amusantes caricatures comme celles des intellos, des pom-pom girls ou des sportifs. "Sur la Route" ("On The Open Road") est également une chanson très réussie, dans le style musique country, qui monte en rythme au fur et à mesure que Dingo et Max prennent la route. A partir de ce moment-là, tous les conducteurs qu’ils croisent en chemin vont se mettre eux-aussi à pousser la chansonnette dans ce qui est assurément la meilleure séquence du film. "Ça Va Toujours pour Nous" ("Noboby Else but You") est, quant à elle, la chanson de fin de l’opus où Dingo et Max s'avouent enfin ce qu'ils ont au fond du cœur. Très émouvante, elle fait mouche et permet de comprendre le profond amour qui lie père et fils. Ces trois belles chansons, qui sont toutes composées par Tom Snow et écrites par Jack Fieldman, ne sont pas les seules du film : il existe, en effet, trois autres chansons, "Eye to eye" et "Stand Out" servent ainsi de singles à la rock star Powerline et se voient composées par Patrick DeRemer et Roy Freeland puis interprétées par Tevin Campbell. Les chansons comme la star de rock font immédiatement penser à un mélange de Michael Jackson et de Prince : assez fun, elles sont typiques du milieu des années 90. Enfin, la dernière chanson, composée par Randy Petersen et Kevin Quinn, est "Lester's Possum Park" : un air parodique qui se moque gentiment des parcs à thèmes ringards. "Dingo et Max" passe assez inaperçu auprès de la critique qui le considère comme une production mineure surtout après les trois grands blockbusters que furent "La Belle et la Bête", "Aladdin" et "Le Roi Lion". Au box-office, le film réalise un résultat modeste avec un premier week-end à 6 millions de dollars pour un total de 35 millions au total. Malgré cela, il est considéré comme un succès d'estime vu le faible budget de la production. Le message que véhicule Disney à travers ce film est toujours aussi chargé de sens et accessible à toutes générations confondues. Il illustre le dialogue, la pédagogie et les concessions au sein d'une relation père et fils. "Dingo et Max" est donc un film complètement oublié de la critique et des professionnels. Pourtant, les fans Disney lui gardent une place à part car non seulement il fait intervenir un personnage historique à l’immense capital sympathie mais surtout il décrit des relations qui sonnent justes et parlent aux spectateurs. Une histoire simple et touchante avec de magnifiques chansons profondément cultes et mémorables : que demander de plus à "Dingo et Max", sinon une reconnaissance de la part de tous les spectateurs et de tous les fans de Disney, car c'est assurément une petite perle injustement méconnue et trop souvent oubliée à cause d'une certaine discrétion à sa sortie puis en vidéo, mais qui mérite définitivement le visionnage