Avis sur Carmin profond

C’est comme si le réalisateur légitimait par la voix de l’amour, la folie de ces déséquilibrés mentaux.
Il dépeint une image chatoyante qui pourrait être l’ancêtre de Sofia Coppola dans l’esprit des vierges suicidaires.
Ils pourraient être heureux et la femme est folle d’amour mais aussi de jalousie maladive. C’est le problème.
Avec la musique douce et moelleuse, on était presque dans un film d’amour véritable et non vénéneux.

Après « Les tueurs de la lune de miel », film culte de L. Kastle, A. Ripstein reprend l’histoire du couple criminel Martha Beck et Raymond Fernandez. Le plus passionnant dans la comparaison est de voir que le même fond, l’histoire d’un couple pervers mais profondément fusionnel, où l’expression « amour fou » inclut aussi un sens pathologique, peut être rendu avec des choix esthétiques opposés. Le film de Kastle était une sorte de rejeton tordu du film noir américain, tout en suggestions, avec un noir et blanc glaçant. Tout est beaucoup plus donné, explicite, chez Ripstein qui fait une sorte de farce macabre et flamboyante avec couleurs chatoyantes. Une réponse latine au film états-unien, un film aussi excellent.

C’est tellement monstrueux et insoutenable que je me suis demandé si ce film n’était pas inspiré par un fait divers réel. Eh bien oui ! Transposé dans des paysages arides du Mexique, il montre comment une infirmière débordée et maladroite peut devenir une tueuse en série par amour et par appât du gain. « Unis par le sang, éternels complices… » C’est glauque avec des scènes très violentes d’une immoralité absolue. Image finale et BO très réussies. Un choc.