Un immense cargo, le Kassandra, part pour la planète Rhéa. Sa mission : apporter du matériel pour la colonie implantée sur ce qui est considéré comme un ultime refuge, un oasis de verdure pour des humains désespérés de ne plus pouvoir revenir sur une Terre dévastée. Pour la gouvernance Kuiper, il s'agit d'une colonisation vitale. La logistique est bien rodée, l'équipage déterminé. Toutefois, de farouches opposants à la politique de Kuiper, auteurs d'ailleurs d'actes terroristes, empoisonnent les esprits et crée un sentiment de paranoïa collectif. Dans cette atmosphère plombée, l'esprit collectif s'érode, d'autant plus que certains membres de l'équipage désirent plus que tout arriver sur Rhéa pour mettre un terme à leur enfer. Au cours du long voyage, le médecin de bord Laura Portman est chargé de surveiller le bâtiment pendant que l'équipe est plongée en hibernation. L'ennui succède à la routine, et l'impression d'entendre des bruits étranges venir de nulle part. Y a t'il un hôte indésirable à bord ?...
"Cargo" n'a rien à envier aux fils américain "Aliens" et consort. Les effets spéciaux sont au rendez-vous. Pourtant, il y a comme un air de déjà vu, à commencer par la théorie écologiste du film : les humains partent explorer l'espace alors que la Terre est redevenue hospitalière. Vous ne voyez-pas ? "Wall-E", bien sûr ! sorti un an avant. Sans compter un autre thème déjà abordé dans un autre film culte...mais botus et mouche cousue ! Bref, pur hasard ou effet de mode ? Quoiqu'il en soit, cela n'enlève en rien au scénario, qui semble crédible sur le papier. Il est vrai que le film a le don de nous agacer quelques fois. Un exemple : cette échelle droite dans les soutes alors que nous sommes au XXII° siècle.! Où est donc passée le chariot élévateur qu'on retrouve dans les films des années 80 ? Ou cette propension à réduire le chauffage alors que les réacteurs turbinent tout le voyage. Encore histoire d'écologie ou d'économie ? Malgré la finesse de suisses qu'ils sont, Ivan Engler et Ralph Etter ne parviennent pas à surmonter les épreuves d'un film d'anticipation qui exigent paradoxalement innovation et réalisme. Coincés dans le réalisme pragmatique, aussi dur et froid que leur appareil, ils ne touchent pas le surréalisme inhérent aux prodiges du futur et le chaos des choix humains. D'ailleurs, une histoire passée entre les mains de 7 scénaristes n'a dû rien arranger. Les dialogues mornes, servis par des comédiens plats, la succession mitigée de scènes arythmiques et l'enfermement dans les clichés sont autant de conséquences douloureuses de ce parcours tortueux. Alors que le début semblait prometteur, la fin laisse sur la faim (pardon, sans jeu de mots !). Pour autant, doit-on lui jeter la première pierre ? Non, je ne le pense pas car il s'agit peut-être d'un choix personnel, stylistique ou commerciale, certainement bridé par des moyens médiocres. Ou alors...les réalisateurs n'étaient pas les bon candidats.