En toute franchise.
Phil Lord et Chris Miller, voila un duo indéfectible. Ils ont commis ensemble la belle petite surprise qu’était Tempête de Boulettes Géantes, premier grand succès. Cette fois, l’animation en images de synthèse s’appuie sur l’univers graphique des produits de la société LEGO. Au départ, nous faisons la connaissance d’Emmet, individu lambda dans une société parfaite où chacun à son rôle et ne peut en sortir. Emmet est constructeur, c’est à dire qu’il assemble les briques en fonction des instructions de montage. Un jour, il croise une jolie nana suspecte, différente, et tombe sur une brique bizarre. De là, elle le prend pour l’élu, celui qui libérera le monde du joug de Lord Business, un sale type mi-PDG, mi-président qui dirige toute cette société. Le voici donc, lui, le pétochard pas très dégourdi, à la tête d’une mission pour sauver le monde du projet démoniaque de Lord Business.
Récemment, au visionnage de Free Guy, je n’avais pas fait le rapprochement entre les deux films. Et pourtant ! L’un et l’autre commencent EXACTEMENT de la même manière et leur mode narratif est assez semblable. Bref. Visuellement, c’est plutôt cool et la reprise de l’univers Lego ramène très efficacement quelques années en arrière. C’est une des premières forces du film que de rappeler que ces petites briques ont bercé l’enfance des mômes d’aujourd’hui comme celle des minots des seventies. Assez grisant en fait. Rappelez-vous, comme pour les jouets Kinder à monter, il y a deux philosophies. Suivre les instructions ou créer. C’est là tout l’enjeu du film. Dans un monde ou chaque univers est cloisonné (les pirates d’un côté, la SF de l’autre par exemple), peut-on mélanger les pièces et créer un requin de l’espace ? En a-t-on le droit ? Est-ce que ça respecte la philosophie de Lego ou est-ce faire preuve d’un anarchisme dangereux et destructeur ? Créer c’est détruire ? Cette réflexion que propose Lego sur sa propre création est assez fascinante. Et assez ironique aussi. Car le film fustige un capitalisme qui pousse à consommer et à collectionner, une sorte de pulsion morte. Pour autant, y-a-t-il plus grande démarche mercantile que de montrer un spot publicitaire d’une heure et demi … dont les gens paieraient le visionnage de surcroît ? Et si on ajoute à la démarche les nombreuses suites et le croisement avec l’univers DC Comics détenu par la Warner productrice de ce film, oui, ça sent la thune. Au final, ce spectacle méta n’en finit pas d’interroger. Pour ce qui est des qualités du film lui-même, ça fonctionne bien. L’action est menée tambour battant, les personnages sont fort bien écrits et les répliques font mouche. Du coup, quel que soit le degré de lecture, ça marche bien. Une réussite donc et un concept d’une force redoutable.