La Trace : les secrets du tournage

En 1984, La Trace est nommé au César du meilleur premier film, mais c’est Rue Cases Nègres de Euzhan Palcy qui est lauréat du prix cette année-là.

L'histoire se situe au point charnière du rattachement de la Savoie à la France et à l'unification de l'Italie. En effet, à l’été 1959 en Savoie, le débat sur l'Annexion à la France prend un caractère public. Les conservateurs, déçus par la politique piémontaise et redoutant l'isolement de la Savoie au sein d'une Italie unifiée, plaident pour le rattachement à la France. En faveur de cette option, joue l'attitude conciliante de Napoléon III à l'égard du clergé français, tandis que le Piémont persévère dans sa politique de sécularisation. L'intégration à la France est aussi la promesse d’une plus grande prospérité économique. En mars 1860, à la suite d’un plébiscite, l'Emilie et la Toscane sont rattachées au Piémont. L'unité italienne est en marche. Le 24 mars 1860 suivant, le traité de Turin officialise le rattachement du Duché de Savoie et du Comté de Nice à la France.

Après trois ans de galère, c’est une rencontre qui sort Bernard Favre de l’impasse. A l’époque, il sonne à toutes les portes avec sous le bras un scénario intitulé La Trace. Pour vivre, il est forcé de faire des travaux de maçonnerie en Provence. C’est Bertrand Tavernier qui le sort de cette impasse. Ce dernier se passionne pour son histoire, lui donne des conseils et lui prête main forte. Il signe ainsi le scénario de La Trace avec Bernard Favre, mais il est aussi producteur associé du film. En effet, il possède la société de production Little Bear qui co-produit ce long-métrage. D’autre part, son fils, Nils Tavernier est un des quatre assistants du réalisateur sur le tournage. Historiquement, 1981 marque également un changement politique important qui a un impact sur le cinéma français en général et sur le projet de Bernard Favre en particulier. Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, le régionalisme est à l’honneur, ce qui permet à La Trace de trouver un financement.

Bernard Favre est né à Enghien-les-Bains en 1945 mais ses racines familiales se trouvent du côté de Tignes. Il descend d’une longue lignée de maréchaux-ferrants. En 1952, son village est noyé pour construire un barrage, un événement qui hante son enfance tout particulièrement parce que son grand-père n’y survit pas. Son premier long-métrage de fiction retrace l’histoire des habitants de ces villages reculés de Savoie, où les gens qui vivaient dans la montagne étaient forcés d’avoir une activité de substitution pendant l’hiver. Beaucoup d’entre eux étaient colporteurs, sujet qui lui tient à cœur et sur lequel il a basé l’intrigue principale de son film. Le réalisateur confie lui-même avoir hérité de son enfance dans la région, le goût du voyage.