Avec 13 longs métrages en 13 ans, Ozon est un réalisateur prolifique. Un réalisateur dont, jusqu'à présent, j'avais aimé certains films (par exemple "8 femmes") et d'autres beaucoup moins (j'avais détesté "swimming pool"). "Potiche", j'ai adoré ! Adaptation au cinéma d'une pièce de boulevard de Barillet et Gredy écrite pour Jacqueline Maillan en 1980, "Potiche" est un des films les plus drôles que j'ai vu depuis longtemps. C'est enlevé, c'est pétillant, le rythme est parfait, les répliques cinglantes et savoureuses, un régal. On sent que la "troupe" s'éclate et cette troupe est fabuleuse : Lucchini, débarrassé de ses défauts, est un grand comédien; Depardieu, complètement à contre emploi (après ses déclarations rances sur les grévistes, on le retrouve ici en député communiste !) est excellent; on ne dira que du bien de Jérémie Renier et Judith Godrèche; Karin Viard, ça fait 2 films de suite (l'autre, c'est "les invités de mon père") où je la trouve, enfin, à un très bon niveau; et puis il y a LA Deneuve : pourquoi si peu de réalisateurs l'ont-ils utilisée dans le registre comique ? Dans ce rôle de Suzanne, épouse bourgeoise popote découvrant qu'elle peut, et même qu'elle doit, faire éclater au grand jour sa vraie nature, très différente, qui sommeillait en elle depuis longtemps, elle est époustouflante. Pour son adaptation, Ozon a choisi de conserver l'époque de l'écriture de la pièce puisque l'action se déroule en 1977 et 1978. Il a toutefois su habilement placer quelques situations et quelques répliques qui font mouche en nous renvoyant à notre présent. Alors, ce "Potiche", ce n'est sûrement pas du grand cinéma, mais qu'est-ce qu'on se régale ! Par contre, osons dire à Ozon qu'en France, les femmes, mariées ou non, votent sous leur nom de jeune fille.