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coperhead
17 abonnés
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4,0
Publiée le 6 octobre 2018
Très beau film de Naruse sur la vie d'une famille japonaise dans les années 50 en mettant en avant la condition des femmes de cette époque et les problèmes inhérents à la présence des parents sous le même toit . Tous les problèmes conjugaux sont évoqués avec justesse et pudeur et sont toujours d'actualité aujourd'hui . Les relations humaines sont montrées avec finesse et délicatesse , le sexe étant souvent responsable des séparations ou de la mésentente des couples mais rarement évoqué .
Alors que Naruse m'avait tout simplement subjugué et bouleversé avec Nuages flottants, je retrouve ces sensations avec Le Grondement de la montage, où il dépeint la vie d'une famille où parents et enfants vivent sous le même toit.
L'une des forces de Le Grondement de la montage, comme pour Nuages Flottants, se trouve notamment dans la façon dont Naruse filme et capte la vie avec une grande justesse, intelligence et sobriété, tout en la rendant passionnante et surtout bouleversante. Cela passe d'abord par une galerie de personnages où il dresse des tableaux complexes et justes, sachant faire ressortir toute l'émotion, la puissance des enjeux ainsi que la profondeur des relations, parfois ambiguës, d'autres fois plus froides mais toujours fortes.
Ici, il s'intéresse à la famille et met en scène l'évolution des rapports entre les différents membres, notamment ceux mari/femme puis parents/enfants, allant jusqu'à une lente mais inévitable dégradation dans certains cas. C'est surtout sur la jeune femme qu'il braque sa caméra et dont il va en retranscrire les plus fortes émotion. Il jette un regard tendre et compréhensif sur elle, incapable de se révolter face à un mari froid, peu communicatif et prêt à voir ailleurs, alors qu'elle fait tout pour le bonheur de ceux qui l'entourent.
Naruse utilise beaucoup les non dits, gestes et expressions des personnages pour mieux nous faire comprendre, mais aussi ressortir, les sensations et la situation dans laquelle ils se trouvent. La justesse d'écriture rejoint celle de la mise en scène où il n'est jamais dans l'excès mais orchestre toujours tout cela dans le sens de l'émotion ainsi que de la réflexion, notamment sur la société dans laquelle ces gens vivent, tandis qu'il met en place une ambiance pessimiste, de plus en plus forte et prenante.
Naruse capte merveilleusement bien le contexte de l'époque et le Tokyo qu'il met en scène, tant dans les moeurs que dans ses plans où, tout en sobriété, il y inclut parfois quelques importants détails. Pourtant, c'est surtout les sentiments, mais aussi la fragilité humaine, qu'il capte avec brio, sachant les faire ressortir des personnages à travers un simple regard. La photographie en noir et blanc est magnifique, participant à l'ambiance du film tandis que devant la caméra, il dirige très bien ses acteurs où chacun se fond dans son rôle, mention spéciale à Setsuko Hara.
C'est avec autant de simplicité que d'intelligence et de justesse que Naruse met en scène cette chronique familiale où le couple, les rapports humains et la fragilité sont mis en avant et dont il en fait ressortir toute la richesse et l'émotion.
Une femme, insatisfaite de sa vie conjugale, va peu à peu se rapprocher de son beau-père dont le propre couple est tout aussi vacillant. Très beau tableau de la condition des femmes au Japon au milieu du XXe siècle. Film intimiste et pudique aux images superbes et à la direction d’acteurs impeccable… Ce sont d’ailleurs les caractéristiques de tous les films de Naruse, cinéaste japonais moins connu que Kurosawa ou Ozu et pas tout a fait à leur niveau mais dont l’œuvre mérite indiscutablement d’être connue, tant pour ses qualités esthétiques que pour l'intérêt de son propos de fond.
Dans son roman, Yasunari Kawabata se concentrait sur deux thèmes "la vieillesse est un naufrage" et "le mariage est un naufrage" ; pour l'adaptation, Mikio Naruse lui a préféré se focaliser surtout sur le second. Mais bien lui en a pris, car il réalise sans conteste un de ses meilleurs films où il donne une touche ozuesque par son sujet sans pour autant perdre de se personnalité car au niveau de la noirceur c'est du pur Naruse... Du point de vue technique, c'est un sommet pour ce dernier avec des beaux cadres au millimètre et un beau noir et blanc par-dessus cela. Du point de vue émotionnel, pareil, Naruse réussit à saisir la complicité forte entre les deux personnages principaux, le beau-père et sa bru. La magnifique scène finale dans le parc, qui n'est pas totalement désespérée mais qui ne respire non plus la joie, où on les voit discuter tous les deux avant d'aller séparément vers un avenir incertain, du moins pour la belle-fille, est d'ailleurs très puissante. Sō Yamamura, en vieux chef de famille calme mais dépassé par les événements, et la rayonnante Setsuko Hara, qui tout en gardant une apparence placide traduit admirablement le bouillonnement intérieur extrême de son personnage, sont exceptionnels. Je suis très loin d'avoir tout vu du réalisateur de "Nuages flottants" mais j'ai de bonnes raisons de penser qu'on a affaire à une de ses meilleures œuvres, et à un grand film tout court.
Petite chronique familiale dans le Japon des années 1950. Le film témoigne bien de tous les interdits pesant sur le cinéma de l'époque : tout est affaire de sexe mais personne ne le dit clairement... La belle mise en scène nous immerge dans un Tokyo du passé où les maisons de bois s'ouvrent et se ferment au moyen d'écrans légers et où les rues du centre sont bordées d'immeubles de brique. Tout cela a malheureusement disparu aujourd'hui. Mikio Naruse fut plus convaincant avec "Nuages flottants" par exemple ; ici, le récit reste un peu trop faible, me semble-t-il.
La vie d'une famille japonaise, avec les problèmes que posent mésentente conjugale et présence des parents sous le même toit. Très beau film de Naruse, tout en nuance et en pudeur. Les relations humaines sont montrées avec finesse, sans lourdeur, les problèmes posées, bien que nous sommes dans un Japon des années 50, sont assez universels pour intéresser tout le monde. La réalisation est souple et légère, très adaptée au thème du film, sans recherche stylistique mais toujours efficace et jamais insistante. Un film sur les sentiments humains, avec de très bons acteurs, un beau noir et blanc, beaucoup de non-dit, mais l'image montre bien les émotions des personnages. Donc, très beau film, de la grande période du cinéma japonais.
Un film émouvant sur le couple et surtout sur la relation de la famille avec le couple qui vit avec eux. Le père qui veut aider sa belle-fille est anéanti par les événements et la femme qui souffre va essayer de le consoler. Triste film sur le fond.
Un film intéressant qu'il faut voir comme un témoignage sur le Japon des années 50, où l'on aborde le thème de l'avortement sans détour et où le cinéaste observe une famille de la classe moyenne supérieure en pleine déliquescence, consacrant l'impuissance d'un chef de clan vieillissant à maintenir l'unité entre les siens. L’œuvre souffre nonobstant d'un manque de rythme et de lyrisme pour atteindre le niveau des meilleures réussites du réalisateur, malgré un casting parfait.
Naruse adapte ici le beau livre mélancolique de Kawabata pour en faire le portrait d'une belle-fille qui sourit tout le temps pour cacher sa détresse. C'est une belle histoire d'amour impossible (et jamais consommée) entre un vieil homme et sa belle-fille, qui est le rayon de soleil de sa vieillesse. En reprise à Paris actuellement. Voir ma critique complète sur mon blog :
Le Grondement de la Montagne (1954) fait partie des plus grands mélos de Naruse, donc des plus grands films de l’âge d’or du cinéma japonais (1946-1970).
Le scénario est psychologiquement complexe car il part d’un roman particulièrement élaboré de Kawabata où comme souvent chez cet auteur les sentiments des personnages sont mêlés à leur contraire. Ainsi, l’amour de l’épouse (magistralement interprétée par Setsuko Hara, la muse de Yasujiro Ozu) pour son mari froid et infidèle se teinte d’un peu de mépris et il doit y avoir un peu d’amour dans son inclination respectueuse pour son beau père (l’aristocratique So Yamamura).
Comme souvent chez Naruse il s’agit d’une sublime narration décrivant le douloureux chemin d’une femme vers la liberté, utilisant le langage réservé du mélodrame traditionnel pendant la torrentueuse mutation du Japon d’après-guerre, passant d’un pays traditionnel et rural dominé par l’armée au pays moderne et contradictoire d’aujourd’hui.
A noter l'admirable mise en image de la dernière scène et la musique toujours discrète et expressive signée Ichirō Saitō.
Voilà ici, Naruse au même niveau que Ozu dans ses meilleurs opus. La présence de Setsuko Hara , actrice fétiche d'Ozu et sans doute sa compagne cachée à la ville, renforce la comparaison. Adaptation d'un livre de Kawabata ( prix nobel de littérature), le scénario et les dialogues sont travaillés et particulièrement réussis. La mise en scène et la photo seront sans doute encore plus élaborées dans les films plus tardifs de Naruse ( le grondement de la montagne date de 1954), mais on a affaire ici à un très grand film. Plus je vois de films de Naruse et plus je m'interroge sur la confidentialité encore récente, de la distribution de ses films en France. On a affaire à un très important metteur en scène, bien supérieur au contemporain Kore Eda, honoré il y a peu d'une palme d'or à Cannes et abusivement comparé à Ozu. Il est vrai que chez Naruse, la tragédie de la vie est toujours à fleur de peau. Entre Ozu, l'optimiste ( certes pas toujours, comme dans son chef d'oeuvre "voyage à Tokyo") et Naruse le tragique , la compagnie Toho fit son choix. Ceci n'est pas nouveau. Déjà Blaise Pascal l'écrivait il y a quelques siècles " les hommes n"ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n"y plus songer". "Le grondement de la montagne " est à ne pas manquer, surtout pour les amateurs des chefs-d'œuvre du cinéma japonais de l'après-guerre. Pour la petite histoire, en 2002, Bertrand Tavernier citait " le grondement de la montagne " parmi les dix meilleurs films de ces 50 dernières années, réalisés par des metteurs en scène déjà décédés. Ça situe le niveau de ce film et du professionnalisme de Mikio Naruse.