Terrence Malick a peut être changé de rythme dans ses productions, vu le peu de temps qui sépare la sortie de « Tree of life » et « To the wonder », mais son style reste le même, unique et inimitable.
Ce « To the wonder » nous fait voyager entre la France et les Etats Unis, à travers plusieurs destinées qui se croisent, centré sur trois personnages en particulier : un couple américano-français et un prêtre latino-américain. A travers leurs destinée, ou disons plutôt : des fragments de leurs destinées, c'est l'essence de la vie, dans sa pluralité, que cherche Malick, fidèle à lui-même. Une sorte de quête vers la part de « merveille » (wonder) dans notre existence concrète, une quête de spiritualité à chercher dans le ciel pour la savourer ici-bas. Le cinéaste continue de même sa recherche visuelle de cette harmonie, de cette merveille, et nous propose une fois de plus de nombreuses images de beauté somptueuse. Cependant, j'ai l'impression (toute subjective) qu'il n'a pas retrouvé une inspiration aussi extraordinaire que dans « La ligne rouge » ou « Tree of life », même si l'on peut clairement retrouver, par instants, cette grâce panthéiste qui m'a toujours subjuguée chez cet artiste. Je pense surtout à ces plans sublimes filmant des mouvements d'un corps, plutôt une ombre féminine, vue de dos, cheminant dans la nature, comme une tentative de s'intégrer dans ce grand tout. Il y aura peut être moins de surprise, donc, pour ceux qui sont habitués aux créations du cinéaste. Le seul élément qui est peut être vraiment novateur par rapport à Tree Of Life, c'est la recherche du langage, de son unité dans la diversité. On peut entendre, comme toujours chez Malick, des fragments poétiques dans la voix off des différents personnages, amenant des questions, des méditations existentielles se juxtaposant aux images. Mais cette fois, la voix off prend différentes couleurs linguistiques : français, anglais, espagnol, et dans le récit nous entendrons aussi de l'italien ou du russe. Il faut ajouter à cela le thème du langage, de la communication entre les êtres, et notamment le couple, comme une partie importante de la narration. Malick chercherait donc ici, peut être, à conjuguer les langues pour donner une dimension un peu plus universelle à son propos. Ce propos, dans la lignée de Tree Of Life, d'une invitation à trouver cette part de merveille, de grâce divine, présente en chacun de nous, même si nous la nommons de manière différente. Si le prêtre invite à trouver le Christ en chacun de nous, le film se terminera par une phrase de la femme héroine : « l'Amour qui nous aime ». Amour, Christ, Merveille, Wonder, ... Ce sentiment qui n'a de nom, ou plutôt des milliards de noms, et que nous pouvons peut être toucher ici le temps d'un film, et le temps de chaque film de Terrence Malick.