Voilà un film que je voulais voir avant même tout le tapage médiatique qu’il a suscité, non pas parce qu’il y a dedans Sandra Bullock (l’une des pires actrices d’Hollywood…d’ailleurs je maintiens que l’Oscar qu’elle a reçut en 2010 pour un film qui n’est même pas sorti dans nos salles sur l’unique prétexte qu’elle était la seule des cinq nominées à n’avoir jamais reçu une récompense est l’un des plus grands scandales que les Oscars ont connu depuis leur création !!!) mais surtout parce qu’il s’agissait du nouveau film de Alfonso Cuarón qui est l’un des deux seuls réalisateurs à avoir fait un bon Harry Potter et celui qui a tourné le très bon "Les Fils de l’Homme". De plus, le scénario étant bien trippant, j’étais impatient de voir le résultat. Alors lorsque j’ai vu l’engouement de la presse et des spectateurs pour "Gravity", cela m'a conforté dans mon désir de le voir. Résultat ? Bin je suis assez perplexe…Tout d’abord je dois avouer que visuellement le film est formidable : esthétique et effets spéciaux sont proches de la perfection et donne au film un côté ultra réaliste et très immersif. On se croirait réellement dans l’espace. Il n’y a qu’à avoir la toute première scène du film nous décrivant le lieu de l’action et nous présentant les trois astronautes le tout en un seul plan-séquences absolument superbe ; ou encore ce plan incroyable où la caméra se rapproche de Sandra Bullock, « traverse son casque » pour y rester à l’intérieur puis en ressortir comme elle en est venue : j’ai jamais vu ça et c’est génial !! L’autre grande force du film est son incroyable travail sur le son : comme c’est le cas dans le vide spatial, aucun bruit n’apparaît dans le film les seules choses que l’on peut entendre ce sont les communications des astronautes entre eux ou avec la Terre ainsi que tout ce qui peut provoquer des vibrations sur leur combinaison (lorsqu’ils utilisent des dévisseuses où lorsqu’ils s’accrochent à des attaches ou des échelles de sas). En matière de réalisme, c’est carrément unique…on est bien loin des combats spatiaux de "Star Wars" où l’on entendait tous les tirs de lasers et les explosions des engins ; ou même d’autres films du même genre qui se voulaient réalistes mais qui se permettaient quelques entorses à la règle ("Mission To Mars", "Apollo 13", "Space Cowboys"). De plus la B.O. du film apparaît à chaque fois qu’un problème (donc un danger) survient, jouant admirablement sur l’angoisse des situations (un peu comme dans un film d’horreur où, lorsque le monstre ou le tueur est enfin visible à l’écran, la musique s’emballe à toute vitesse pour rajouter de la tension aux séquences). Et lorsqu’enfin Ryan arrive dans un endroit sûr où plus aucun danger ne la menace, la musique se coupe aussitôt et c’est le silence spatial qui reprend le contrôle de l’histoire : c’est tout bonnement inventif et magistral. Néanmoins, si le côté technique/artistique est irréprochable, c’est par autre chose que "Gravity" pêche : alors que le film est censé jouer sur la tension horrible que l’un des personnages se trouve seul dans le vide spatial, la structure du film et son évolution au fur et à mesure des minutes font qu’on arrive de moins en moins à craindre pour elle. Je m’explique, "Gravity" fonctionne un peu comme un jeu vidéo : il évolue en niveaux (représentés en fait par un nouveau problème/danger) que l’héroïne se doit de passer pour aller au suivant, et ainsi de suite jusqu’à la fin du jeu (film donc). Mais, comme chaque niveau réussi correspond au fait que Ryan a échappé au précédant danger, on arrive plus à croire qu’elle soit réellement en danger : pour que le film évolue, elle doit survivre à chaque nouvelle épreuve. Et c’est réellement dommage car, si Cuarón avait utilisé le background de son personnage, il aurait pu installer un doute au niveau de cette dernière et à nos yeux, rendant ainsi incertain sa survie : Ryan a perdu une enfant et c’est un énorme poids sur la conscience de la jeune femme ; et si par moment, il avait fait en sorte qu’elle se demande si elle ne devrait pas plutôt abandonner et se laisser dériver dans l’espace comme une sorte d’expiation de son sentiment de culpabilité, Cuarón aurait donné une réflexion et une dimension humaine à son histoire de catastrophe spatiale et ainsi on aurait pu trembler pour elle en se demandant si, à un moment où un autre, Ryan ne va pas « se suicider » alors qu’elle arrive à survivre aux dangers qui lui tombent dessus. Il y avait vraiment quelque chose à creuser sur ce thème, sur cette tentation de succomber au vide qui nous entoure alors qu’on le combat…un peu comme avec les sirènes dans la mythologie grecque. Ce manque d’inquiétude envers l’héroïne plombe un peu l’intérêt du film ainsi que son happy end qui ne surprend finalement personne. Autre point négatif : le son…oui cela va vous paraître bizarre puisque je viens d’en dire le plus grand bien : certes le travail sonore peut être qualifié d’orfèvre dans son fond, mais au niveau de la forme (et pour le peu que vous soyez dans une salle équipée en THX ou en Surround 7.1) préparez-vous à être agressé auditivement. Même moi qui ne suit pas sensible à ce niveau, j’ai senti les vibrations des haut-parleurs jusque dans mon oreille interne…donc prenez garde. Dernier point noir : la 3D qui est totalement inutile car le film est tellement exceptionnel visuellement parlant qu’il ne perdra rien de sa splendeur en numérique. Coté casting bah ça va être bref car ils ne sont que deux : George Clooney apparaît si peu de temps qu’on ne peut pas spécialement juger sa performance (d’ailleurs le fait qu’il soit en tête d’affiche de "Gravity" avant même Sandra Bullock est tout simplement incompréhensible !!) et quand à Sandra Bullock, même si elle est moins mauvaise que d’habitude, on ne peut pas dire que sa prestation soit inoubliable…non « juste » est un adjectif plus approprié. A noter tout de même que la voix du « Ici Houston » est celle d’Ed Harris, ce qui est sympathique.
"Gravity" est donc une incroyable expérience cinématographique et sensorielle qui mérite d’être vue une fois dans a vie (et plus, si vous accrochez véritablement à cette folle esthétique virtuose, tout comme moi) : un très bon film mais qui ne mérite cependant pas son statut de chef d’œuvre que la presse spécialisée a imposé par ses critiques dithyrambiques (de nos jours les critiques ciné sont facilement impressionnables je trouve…à moins qu’ils n’interprètent mal les images qu’ils voient !!). Bravo à Alfonso Cuarón pour nous avoir livré sans conteste l’un des 10 meilleurs films de cette année 2013 : j’attends son prochain avec impatience !!