Aujourd’hui, les comédies américaines se prétendent réalistes car elles essaient de titiller les plus bas instincts humains et nous les étale à la tronche à grand renfort de gags subversifs. Ca devient rengaine et fatiguant.
The Big Year s’inscrit dans la mouvance contraire, celle qui a permis à Hit & Run d’être un film admirable : la chaleur humaine. Plus que d’ornithologie, le film parle surtout de l’aventure d’une vie, que nos trois héros vont expérimenter. Heureusement, le scénario d’Howard Franklin nous montre aussi qu’en dehors de la Big Year que nos héros sont en train de vivre, la vie continue pour le commun des mortels et qu’ils manquent beaucoup de choses : Steve Martin doit arrêter sa Big Year pour aller accueillir son petit-fils nouveau né (scène tout en retenue et donc très forte), Owen Wilson voit son énième mariage se déliter au cours de ses absences répétées et Jack Black manque la baisse de forme de son père, joué par le vieux briscard Brian Dennehy. On n’attendait pas autant d’incursions dramatiques dans un film avec ce trio en tête d’affiche mais les trois acteurs font un travail incroyable, pour retenir leurs habitudes cabotines.
Tout ceci ne marcherait pas sans une réalisation très efficace de David Frankel, qui filme parfaitement la nature (le passage en Alaska est magnifique) et qui s’accroche aux personnages plus qu’à l’action. Heureusement d’ailleurs, tant le casting est impressionnant. Hormis les 3 héros, les noms prestigieux s’enchaînent, parfois pour des petites apparitons : Anthony Anderson, Barry Shabaka Henley, Andrew Wilson, Jim Parsons ou encore Tim Blake Nelson sont présents, en plus du duo Joel McHale – Kevin Pollak, qui s’en donnent à cœur joie. On aurait pu avoir peur de voir une comédie régressive et agressive sur la compétition entre les trois hommes, avec des gags déjà vus dans d’autres films. A la place, on a une amitié qui se forme entre deux d’entre eux et un adversaire coriace mais qui ne triche pas, pas plus mauvais que les deux autres, mais juste plus motivé.
Au final, nos trois héros auront vécu une grande aventure humaine, tout comme le spectateur devant ce film. S’attachant beaucoup plus aux personnages qu’à l’action, il n’en devient que plus admirable et chaleureux. Un très bon film.