Derniers Avis : Les Amours Imaginaires - Page 25

Xavier Dolan a vraiment un don pour élaborer une véritable œuvre esthétique qui ne nous lasse jamais ! Musique, ambiance, costume, prestance, couleurs, ralentis, tout est mesuré et pas aussi exagéré qu’on pourrait le penser. Associée au scénario, il y a peu de choses à dire ; on se sent transporté dans ce jeune trio dont les relations complexes sont traitées d’une façon particulièrement judicieuse et conflictuelle. Une rivalité entre deux pour un seul, qui se concrétise par une série de coup bas, de jalousie, d’hypocrisie bien camouflée derrière un beau sourire jusqu’à ce que la situation « explose ». On se laisse emporter facilement et on ne décroche pas une seconde dans cette œuvre chapitrée de scènes colorées, aux dialogues ou aux monologues affriolants. On ressent des choses, on devine les pensées, les sentiments des personnages à travers leur expression ou du contexte et on compatit très facilement avec eux, ce que je considère comme performant. Un des meilleurs films de l’année vu au cinéma.

"J'ai tué ma mère", le premier film du jeune canadien Xavier Dolan m'avait tellement déplu (narcissique, déplaisant, prétentieux, désagréable) que j'avais conclu ma critique en affirmant que lorsque le deuxième sortirait, "j'irai voir ailleurs". Je n'avais pas imaginé à l'époque que ce deuxième film ferait partie de la sélection "Un Certain regard" de Cannes 2010 et que je ne pourrai guère faire autrement que le voir ! Catastrophe, c'est presque pire que le premier ! Pourquoi ? En fait, ce n'est que ... désolant ! En matière d'art, il est souvent dangereux de porter des jugements favorables et "définitifs" sur des œuvres lorsqu'elles font appel à des modes, que ce soit sur le fond que sur la forme. En effet, le risque est grand d'avoir une œuvre très datée, et le jugement que l'on pourra alors porter plus tard sur sur son propre jugement risque d'être cruel ! Avec "les Amours imaginaires", reconnaissons que ce risque n'existe pas. En effet, les nombreuses afféteries utilisées par Xavier Dolan ont dépassé depuis longtemps la date de péremption : ralentis chichiteux, utilisation de filtres, abus de zooms avant et arrière, utilisation des suites de Bach pour violoncelle, etc. On se croirait dans les plus mauvais films de Lelouch ! Ce réalisateur de 21 ans fait déjà un cinéma de vieux. Même le sujet du film, le trio amoureux, est usé jusqu'à la corde, après avoir donné des films autrement plus ambitieux et, surtout, plus réussis. On peut espérer, sans certitude, malheureusement, qu'après 3 ou 4 films du même tonneau rencontrant un succès certain auprès d'un certain public, ce réalisateur, ou bien disparaitra des écrans, ou bien, au minimum, s'efforcera d'être moins prétentieux. Pour celles et ceux qui, malgré tout, iront voir ce film, je leur souhaite que la production aura décidé de sous titrer le film en français, car l'accent canadien rend ce film en français très difficile à comprendre.
PS : même pour la BO, Xavier Dolan a réussi à me pourrir son film : c'est ainsi qu'ayant décidé d'utiliser la chanson "Bang bang (My Baby Shot Me Down)", il a été prendre la version de ... Dalida ! Pourquoi pas Sheila, pendant qu'il y était ! Sans aller jusqu'au sommet avec la version du groupe ... canadien "The courage of Lassie", on aurait pu espérer Cher ou Nancy Sinatra.

Xavier Dolan ... Il avait fait déjà couler beaucoup d'encre lors son premier essai («J'ai tué ma mère») pétrit de talent mais aussi d'arrogance... Le voilà qui revient, présent une fois de plus à Cannes, s'attelant à un sujet usé par le septième art : le triangle amoureux. Comme dans son premier film, le quebecois fait preuve d'un sens des plans et des couleurs remarquable, un ensemble très stylisé souligné par une bande son assez singulière et omniprésente (trop?). Il nous gratifie de quelques jolies scènes, non sans une certaine émotion et un certain humour, ce qui pouvait manquer à son précédent film. Mais à forcer son ésthétisme et ses ralentis, le film joue trop à l'exercice de style ... Laissant au second plan un scénario bien maigre et surtout saccadé ; en effet les déboires des trois jeunes gens sont entrecoupés d'interviews franchement inutiles, lassants et parfois assez longs... Dommage car le traitement du triangle amoureux est intéressant et séduisant bien qu'il manque d'une certaine continuité pour gagner en profondeur, le principal atout du film peut être même avant son enveloppe sophistiquée, la prestation de ses acteurs : l'ambigüité de Niels Schneider au centre des attentions, Xavier Dolan bien qu'assez agaçant diffuse aux côtés de Monia Chokri beaucoup de charme. Cette dernière est tout simplement formidable, en plus d'irradier l'écran de sa beauté et de ses tenues vintages, elle se trouve avoir un second degré étonnant, une véritable découverte! Très bon choix de Dolan qui l'a déjà engagée pour son prochain film! (On notera la présence une nouvelle fois de l'excellente Anne Dorval, qui n'a pas perdue de son excentricité). Au final malgré ses quelques maladresses et son problème de continuité, le film finit par séduire grâce à ses magnifiques acteurs, son excès de style, et ses touches d'humour réussies.
Un essai bien inégal mais aussi bien inspiré.