Outrage : les secrets du tournage

Pour sa quinzième réalisation, Takeshi Kitano signe un nouveau film de yakuzas. Le dernier en date était Aniki, mon frere réalisé en 2000, Takeshi Kitano souhaitait montrer la violence sous un jour nouveau en y augmentant les scènes collectives et en légitimant le port d'armes à feu, les sabres disparaissant complètement dans Outrage.

Outrage a été présenté en compétition au 63ème Festival de Cannes.

Les acteurs d'Outrage n'avaient encore jamais travaillé avec Takeshi Kitano. L'expérience a donc été enrichissante pour le réalisateur qui reste habitué à ses comédiens fétiches: "Je crois sincèrement que c’était bien parce que plein de fraîcheur, de nouveauté. La technique de certains acteurs m’était totalement inconnue. J’ai vu des choses que je n’avais jamais rencontrées avec mes

acteurs habituels."

Les films de Takeshi Kitano mettent bien souvent en scène des personnages mutiques, ou du moins, concentrés et solitaires. Le couple enchaîné de Dolls ne vit que dans ses silences et ses regards tandis que le personnage aveugle de Zatoichi demeure opaque et se plaît à manier le sabre plutôt que la langue. Outrage surprend ainsi par son flot de dialogues et ses personnages intarissables. Pied de nez aux films de gangsters traditionnels dans lesquels le méchant demeure bien souvent froid et calme, décrit sous les traits d'un ténébreux, Takeshi Kitano choisit de faire de l'infâme yazuka un hystérique à la parole sans mesure. Ce parti-pris permet de créer une distanciation ironique vis à vis de ces personnages qui ne parviennent jamais à garder leur sang-froid. A ce propos, le réalisateur rapporte: "Tout le monde se hurle dessus sans arrêt. Ils sont carrément embarrassants. Il y a même un moment où les acteurs se coupent la parole tout le temps dans un rythme semblable au style «manzai». Je n’avais encore jamais essayé de faire ça dans mes films précédents, alors c’était très amusant de demander à mes acteurs de s’insulter les uns les autres constamment."