Avis : Prisoners - Page 9

En matière de noirceur cinégénique, on considérait David Fincher comme le nouveau maitre étalon mais en réalisant un thriller choc de la trempe de Prisonners, Denis Villeneuve vient de démontrer qu’il était lui aussi capable de mettre au point un suspense et une atmosphère glaçante et sordide qui, mélangés l’une à l’autre, donnent un film qui prend le spectateur aux tripes sans la moindre baisse de régime. Avec un point de départ que l’on a l’habitude de voir source de films d’action crétins ou de pathos bon-sentimentalistes, le scénario d’Aaron Guzikowski réussit à nous entraîner à la fois dans une enquête policière terriblement retors et dans une interrogation sur les limites que l’on peut se donner face à une situation aussi atroce. Les personnages, pour la plupart poussés dans leurs retranchements psychologiques, bénéficient d’ailleurs tous d'une écriture très creusée et sont interprétés par une brochette d’excellents acteurs, Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal en tête, qui trouvent tous là l’un des rôles les plus marquants de leur carrière. La cohérence que finit par prendre cette sombre affaire nous fait découvrir la face obscure d’individus qui, sous le vernis de l’Amérique puritaine, se révèle être des monstres dignes de références du genre tels que le Buffalo Bill du Silence des agneaux ou du Norman Bates de Psychose.

"Prisoners" fait parti de ces rares films qui vous marquent. A l'image des ténors du genre, "Seven", "Mystic River" ou "The Pledge", le thriller de Denis Villeneuve distille une ambiance oppressante, angoissante et pleine de tension qui nous happent littéralement.
Maîtrisé de bout en bout, cette nouvelle référence du genre brille avant tout par sa mise en scène ciselée et l'interprétation brillante de ces deux têtes d'affiche. Hugh Jackman y incarne un père prêt à tout pour retrouver sa fille disparue. Dur, amoral et colérique, son personnage contraste avec celui de Jake Gyllenhaal, plus fin et qui sait se maîtriser. La confrontation est brillante, le suspense ultra-efficace, les rebondissements brillants. Un vrai film noir et mélancolique, comme on en avait plus vu depuis des années.

Très bon film avec un scénario qui tient la route. Hugh Jackman face à Jake Gyllenhaal quelle bonne idée. Ils sont aussi convaincant l'un que l'autre.
Ce film nous fait froid dans le dos par le sujet et la force de l'interprétation.
Il nous fait forcément penser aux films Seven et Mystic River et The Secret sans oublier Zodiac pour le style et l'ambiance.
La durée du film qui peux nous arrêter au début est utile à l'intensité du film et à tous ce qu'il nous raconte.

Présenté comme un des favoris aux Oscars, ou comme le digne héritier des grands thrillers que sont Seven, Mystic River ou Le Silence des Agneaux ; je dois dire que j'étais légèrement sceptique sur ce thriller de 2h30. Eh bien tout ce que je peux dire, c'est que j'ai été très agréablement surpris. Sans atteindre, à mon avis, les thrillers cités précédemment, ce film est un thriller de bonne qualité, voire même très bonne. L'histoire nous plonge assez rapidement dans une ambiance sombre et déprimante avec un élément déclencheur qui arrive assez vite. Et si l'enquête patine un long moment, on partage parfaitement la détresse des parents, les poussant à agir selon leurs convictions (et ils se trouveront d'ailleurs confrontés à ces mêmes convictions de façon admirablement bien mené) ; et on est tout aussi impuissant que la police à résoudre l'enquête, d'autant plus que celle-ci semble insoluble. L'alternance des deux points de vue principaux donne une dynamique au film permettant de garder un certain rythme tout le long du film et de ne pas ennuyer le spectateur. Le seul reproche qu'on peut lui trouver, c'est que si on se sent aussi impuissant que la police, ou perdu que les parents ; on arrive malheureusement assez vite à deviner le mot de la fin sur qui est à l'origine de l'enlèvement. Cependant, malgré ce paramètre, la dernière partie (qui doit durer 20-30 min ; le fait étant que malgré sa longueur, on ne voit pas le film passer) est un trésor de tension et de pression psychologique intense. On est littéralement pris à la gorge, on retient notre souffle, effet probablement dû au fait qu'on a déjà tout compris. Ce n'est donc peut-être pas un si gros désavantage. Pour ce qui est des acteurs, Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal nous livrent tout deux peut-être pas leurs meilleures prestations (comme cela a été dit), mais sans doute parmi l'une de leurs meilleures, ça ne fait aucun doute. Jackman nous propose un rôle à la fois charismatique et fragile, qui vient chercher des émotions au plus profond de nous ; tandis que Gyllenhaal est super dans son rôle de flic froid mais efficace, dont le seul objectif est de retrouver les filles. Techniquement, le film se défend là aussi plutôt bien avec une bonne musique et des décors aidant à instaurer cette ambiance si oppressante. Mais la palme vient à la mise en scène qui, couplée avec une photographie superbe, nous livre une véritable oeuvre d'art, avec un nombre de plans plus géniaux les uns que les autres incroyables. Des plans géniaux qui regroupées forment des séquences et des scènes atteignant le summum du genre, et par moment même le niveau de ces grands thrillers. Ce film est donc une vraie réussite. Peut-être pas au niveau de ces très très grands films auxquels on le comparent, mais il est indéniablement un des meilleurs du genre, sinon le meilleur, de ces dernières années. A voir absolument !

J'ai lu quelque part que "Prisoners" était dans la lignée de "Seven" de David Fincher (1996) et mes amis me l'ont conseillé, c'est pourquoi j'ai regardé ce film sans me forcer. Tout le long du film est à couper le souffle, surtout la fin qui nous réserve une bonne surprise (ce qui explique sans doute la lignée de "Seven" !). En réfléchissant bien de ce long-métrage, on comprend mieux la folie des parents dont un enfant a disparu ou est assassiné : qui a dit que le contrôle de soi-même dans une pénible situation était facile ? Pourquoi s'acharner un présumé coupable alors qu'il est innocent ? Pourquoi se plaindre à la police qui, soit-disant, ne fait rien malgré leur recherche sans sommeil ? La folie aveugle nos raisons. Je crois que c'est un de mes meilleurs films psychologiques. Côté acteurs, l'interprétation de Hugh Jackman m'a surprise et Jake Gyllenhaal, merveilleux comme toujours ! En revanche, Paul Dano dans le rôle d'Alex Jones, le présumé coupable dans le film, est pour moi une révélation.

Tres bon film grands acteurs et grand Realisateur. Un intrigue haletante qui nous tiens tout au long du film. Film noir et poignant. Son seul default un peu long d'où mon 4,5. Mais franchement il ne faut pas louper ce genre de film

Prisoners constitue un thriller très efficace qui sait admirablement distiller ses effets de surprise. Ses qualités proviennent d'un scénario travaillé au cordeau mais aussi d'une mise en scène qui sait se faire discrète tout en ménageant des moments parfaitement maîtrisés formellement - comme la course en voiture dans une nuit torrentielle. On regrettera néanmoins quelques légères incohérences.

Pas mal réalisé, pas mal joué. L'histoire ? Du préchi précha de mauvais goût caché sous des airs de thriller. Et forcément, dans un monde régît par Dieu, pas beaucoup de place pour l'intelligence. Si bien que l'enquête ne se résout que par le bais du hasard et de la chance.
Je recommande chaudement au scénariste de ce truc de regarder The Wire.

Quant un film est long, on peut faire deux types de raisonnement : Le réalisateur a une volonté de faire passer un message bien précis, il veut nous accompagner dans son histoire, laisser le temps aux spectateurs de prendre parti pour le héros ou bien le détester dans le cas échéant.. et j'en passe. Le second serait de dire qu'il était tellement fière de ses plans, que chaque fois qu'il en mettait un de côté, çà lui arrachais le coeur, du coup, il a tout laisser. Oui mais voilà monsieur Denis Villeneuve, la prochaine fois, poser vous bien la question si tout ce long fardeau est justifiable, et si avant tout, c'est l'efficacité d'une mise en scène qui doit être le prima de vos réflexions?

Saisissant et bouleversant bien que d'une morale discutable. On plonge avec ce père de famille dans la douleur et on se projette dans la même situation avec cette question sans réponse : "que ferais-je" à sa place? Sentiment de malaise assuré, frisson garanti, suspense insoutenable font le brillant cocktail de ce brillant thriller 4/5

Jake Gyllenhaal est surprenant, il forme avec Hugh Jackman un duo épatant. Ce film est à voir absolument, c'est à mes yeux LE film de 2013 !

Je m'attendais à un thriller haletant et je me retrouve avec un polar fatiguant.

Fatiguant parce que trop américano-lourdingue-caricatural: les bons c'est bien, les méchants c'est mal, l'église c'est pédophilie et compagnie.
Fatiguant parce que trop long. Et dire qu'en 2h33 on n'a même pas toutes les réponses... (à des questions dont on finit par se désintéresser).
Fatiguant parce que Hugh Jackman est mono expressif; à la différence de Jake Gyllenhaal qui déploie un jeu subtil.
Fatiguant parce que Melissa Leo: 52 ans bien botoxée dans la vie joue une vieillarde; mais le maquillage est hélas très voyant. D'ailleurs, qui a pu croire qu'une vieille croulante spoiler: pouvait tenir en joue longtemps un fringuant Hugh Jackman et aller jusqu'à l'enterrer vivant sans qu'il bronche ?

(Soupirs...

Alors pourquoi une étoile et demi plutôt que zéro ?
1/2 pour Jake Gyllenhaal, 1/2 pour Paul Dano, 1/2 pour la photo.

Dans la banlieue de Boston, le jour de Thanksgiving, Anna et Joy, six ans, disparaissent. Le détective Loki, connu pour n'avoir jamais connu l'échec, est alors chargé de l'enquête. Privilégiant la thèse du kidnapping, il parvient, très rapidement, à arrêter le suspect numéro un, dont le profil correspond parfaitement au coupable idéal. Mais ce dernier est relâché, faute de preuves. Le temps passe, et les chances de retrouver les fillettes s'amenuisent. Keller, le père d'Anna, ne comprend pas. Comment peuvent il relâcher le monstre qui a enlevé sa fille ? Aveuglé par une ire sans nom, rien ne pourra le stopper...

Vous lirez certainement beaucoup d'articles qui vont diront que "Prisoners" s'apparente à des productions telles que "Seven", "Mystic River" ou "Zodiac". J'aurai tendance à être d'accord avec le dernier cité, quant au mystère qui entoure l'enquête, et à la complexité du problème posé. Mais les ressemblances avec "The Pledge", pourtant jamais évoqué, m'ont apparu comme saisissantes. Il serait ainsi intéressant de le visionner en premier lieu, afin de vous rendre compte à quel point l'oeuvre de Denis Villeneuve est réussie (le film de Sean Penn recelant déjà de nombreuses qualités) et parvient aisément à surpasser un des classiques du genre, tout en gardant une certaine unicité.

Il est aussi intéressant de voir à quel point "Prisoners" mène une étude minutieuse des comportements de l'individu. Chaque personnage, intimement lié au drame qui le touche, se révélera avoir une réaction différente : du désarroi à la rage en passant, entre autres, par l'apathie. Et c'est en partie grâce à ses acteurs, tous parfaits, que le film parvient à toucher le spectateur quant aux sentiments que je viens d'évoquer.

Jouant énormément sur les nuances de gris, le film n'est pas sombre que dans son thème : il l'est aussi dans sa photographie. Certes, le rythme de "Prisoners" peut paraître quelque peu inégal. Mais c'est ici justifié par le désir de son réalisateur de poser une ambiance pesante à souhait, complétant ainsi son travail de mise en scène. De nombreuses séquences se révèlent ainsi troublantes de splendeur, comme cette scène saisissante, en compagnie du détective Loki, le long des avenues de Boston. Je ne vous en dirai pas plus, nous n'allons quand même pas gâcher votre plaisir !

Sans vous révéler quelconque indice quant à la conclusion du long-métrage, sachez simplement que cette dernière ne livre pas toutes les réponses aux questions que pourrait se poser le spectateur. Et d'une certaine manière, nous pouvons penser que c'est mieux ainsi : de cette manière "Prisoners" reste apte à garder cette aura mystérieuse qui fait de lui un film magnétique, intriguant et terriblement suffocant.

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Efficace : telle est l’impression qui domine la première partie du film, avec son suspens bien posé, son interprétation solide et sa mise en scène tendue. Le propos n’est certes guère original, mais ça marche et la critique d’une Amérique paranoïaque toujours à la recherche d’un bouc émissaire se pose là. Puis Villeneuve complexifie son propos d’une ambiguïté morale : une phrase chuchotée et un acte de cruauté gratuite condamnent le simple d’esprit – au point de justifier les dérapages du père de famille ? Le spectateur se retrouve en position de malaise (ce qui est intéressant) et le film nous renvoie de façon troublante à notre propre ambiguïté. Malheureusement, le cinéaste, voulant aller plus loin dans le malaise et l’ambiguïté, retrouve vite les travers de son précédent film, Incendies : il commence dans la deuxième partie à empiler les couches de l’horreur jusqu’à l’écœurement – tout y passe : le prêtre torture dans le sous-sol de son église, le flic a été violé dans sa jeunesse, la tante est une serial-killeuse… Derrière chaque quidam sommeille un pédophile en puissance. Ce pouding du glauque, censé être une vision sans concession de l’humanité, ressemble surtout à une opération scénaristique assez démago et passablement rance (le film se transforme en thriller à twists multiples). On perd alors la belle tenue du début (la mise en scène elle-même se fait beaucoup plus fonctionnelle), tout comme l’intérêt pour les personnages. Et ce pour une mécanique scénaristique certes surprenante, mais très usante. Le film, qui avait commencé avec une justesse convaincante (et très prenante) finit dans l’artifice - La preuve en est de ce happy-end improbable où il s’agit surtout de ne pas trop démoraliser le chaland après l’avoir assommé sous une avalanche d’horreur…

Un thriller très intéressant à défaut d'être révolutionnaire, et qui souligne le double-emprisonnement des protagonistes : psychique et physique. Le film est aussi une attaque violente contre la cellule familiale sacro-sainte américaine qui, une fois brisée (par l'enlèvement de l'enfant), met à nu la bête qui dort en chacun de nous. Si l'interprétation d'Hugh Jackman laisse à désirer, Gyllenhaal impressionne, avec une prestation silencieuse et sobre, tout en retenue.
Malgré cela, Prisoners n'est pas du tout un film parfait. Je lui reproche notamment une mise en scène et une approche des décors un peu classique (il neige, il pleut tout le temps) et un caractère ésotérique trop sous-exploité (le thème des labyrinthes semble survolé). Néanmoins, si Prisoners ne révolutionne pas le genre, il reste une belle réussite à la construction exemplaire et dont la puissance n'a pas fini de nous hanter.