Avis sur La Vie Est À Nous

Film de propagande réalisé par Jean Renoir à la demande du PCF, "La vie est à nous" échappe aux critères cinématographiques habituels. La fausse naïveté des personnages, la caricature du portrait économique de la France, le panégyrique dressé à l'égard du parti communiste... c'est tellement énorme que cela en devient presque comique. L'intérêt n'est bien évidemment pas là. Il réside avant tout dans le formidable témoignage historique que constitue ce film. Témoignage partisan en ces temps de campagnes électorales, il met en exergue les grandes lignes du discours communiste tenu depuis le congrès de Tours de 1920. Il rappelle aussi, pour tous les cinéphiles amoureux de Renoir, l'engagement politique de ce dernier, et explique largement le regard bienveillant que celui-ci porte sur la classe ouvrière, elle qui constitue le fondement de son cinéma.

Militant et donc manichéen, ce « tract » à la gloire du PCF, où, après avoir remplacé la voix d’Hitler par des aboiement (belle idée, mais moins subtile que Chaplin) tombe dans un discours élogieux de Thorez pour ce bienfaiteur de l’humanité bien connu qu’était Joseph Staline qui a juste « purgé » 21 millions de soviétiques alors qu’Hitler en a assassiné 24 millions. Jean Renoir qui fut choisi suite au refus de Marcel Carné, à la suite du pacte germano soviétique, et vivant aux Etats Unis dans le quartier « miséreux » de Beverly Hills, affirma que son rôle était mineur quant à la réalisation de ce film mais qu’il y avait pris du plaisir car « Il fut un moment où les Français crurent vraiment qu'ils allaient s'aimer les uns les autres. On se sentait porté par une vague de générosité. » (Jean Renoir, Ma vie et mes films, 1974). Clairement, à la vision du film, excepté pour la première histoire et le final, il n’en est rien, c’est du Renoir pur jus. D’ailleurs, Becker est revenu (il était fâché que le « Crime de Monsieur Lange » lui soit retiré au profit de Renoir) et l’on retrouve Marguerite Renoir au script et au montage. De même la photographie de qualité, trouve dans les signatures, entre autre, les noms d’Henri Alekan et Claude Renoir. Et il faut bien reconnaître que la pellicule ne manque pas de grandeur quant aux usines et à la production industrielle. La patte de Renoir se retrouve aussi dans une direction d’acteur toute en retenue, apportant vraisemblance au discours. Mais, « La vie est à nous », en restant au niveau de l’anecdote, n’atteint jamais la grandeur du projet communiste, gommant tout lyrisme et finissant par être une simple réclame pour le PCF, que « L’internationale » à la fin ne suffit pas à élever. Ce reproche saute aux yeux (je sais, c’est facile en terme de cinéma) lors d’une vision du « Cuirassé Potemkine » d’Eisenstein, à la fois film de propagande, mais œuvre grandiose et inégalée dans le cinéma collectiviste.

Au-delà de l’évidence, à savoir un film de propagande à la gloire du parti communiste et qui lorgnait du côté de l’URSS, ce qui m’a intéressé ce sont tous ces éléments de langage tenus par le patronat et le monde ouvrier. On s’aperçoit que ces éléments de langage, course à la productivité, licenciements, baisse des salaires, chômeurs, misère sociale, revendications, pains, travail, temps de travail, «le malheur d’être jeunes » sont plus que jamais d’actualité. Ces éléments de langage traversent le temps sans une ride ! Le futur recycle le passé. Assez déprimant. Il est dommage que le film n’ait pas été purement documentaire, le fait de ponctuer de scènettes assez démonstratives plombe l’ensemble. Je m’attendais vraiment à voir un document avec des images rares de ces années 30. Pour cela mieux vaut regarder la chaîne « Toute l’Histoire » ou (et) « Histoire » !

A voir pour l'aspect historique.

Un film, écrit et en 1936 par un collectif de cinéastes sous la direction de Jean Renoir, assisté de réalisateurs tout aussi prestigieux comme Jacques Becker, Henri Cartier-Bresson ...
En prologue, un professeur vante à ses élèves la France comme l'un des plus beau pays du Monde ; son agriculture, son industrie, ses sites et monuments prestigieux.
Vient ensuite l'évocation de la crise de 36 ; une dénonciation des noms des 200 familles qui pillent notre beau Pays ; l'explication des grands patrons sur la nécessité de la compression du personnel pendant que le peuple réclame "du travail et du Pain".
Le Documentaire nous propose des documents filmés d'époque émouvants. Il témoigne du climat politique de 1934 où "les croix de feu" (ligue d'extrême droite) défilent à Paris ; il montre des Unes du journal L'Humanité, les manifestations et luttes sociales du Front Populaire, l'arrivée du taylorisme avec l'apparition du chronomètre dans les usines ; le tout se termine en chanson avec l'Internationale

Film de propagande commandé à Jean Renoir par le PCF en 1936. A travers le ridicule et la naïveté inhérente au genre, on trouve quelques vrais moments de cinéma. Une curiosité.

Un film de commande du parti communiste. Certainement pas le meilleur film de Renoir à qui l'on doit le chef-d'oeuvre incontesté le "Fleuve". Etonnant. A voir par curiosité.