"The Revenant" était, avec "Les 8 Salopards" de Quentin Tarantino, l'une de mes plus grosses attentes de cette année. Les nominations aux Oscars, Golden Globes, le casting saisissant et les très nombreuses critiques élogieuses m'avaient vraiment donner l'eau à la bouche. Maintenant vu, j'exprime mon avis après avoir réfléchi toute la nuit. En effet, à la sortie de la salle, j'étais dubitatif.
Alejandro González Iñárritu ("Babel", "Birdman"), offre une fresque dramatique vraiment très convaincante, d'après le roman éponyme de de Michael Punke. Inspirée de faits réels, l'histoire de "The Revenant" est très bien écrite et laisse le temps à l'atmosphère lourde et enneigée de s'installer. La mise en scène du réalisateur est forte, sauvage et violente. Avec sa caméra qui filme l'action avec un rendu particulièrement réaliste, Alejandro G. Iñárritu impressionne et livre une claque cinématographique. Sa réalisation est magistrale, grâce à des mouvements de caméras intenses et parfaitement maitrisés, de longs plans-séquences sublimement coordonnés, de grands angles sur les décors ainsi qu'un objectif de caméra se démarquant de tout ce que l'on a l'habitude de regarder au Cinéma. Certaines scènes sont tout bonnement spectaculaires, viscérales et dures à voir, le visuel du long-métrage est superbe. Les décors sont magnifiques. La neige, la boue et la crasse forment un même personnage accompagnant les personnes. Filmé en extérieur et dans les même conditions de vie que nous le voyant à l'écran, le rendu visuel est une prouesse visuelle et graphique. Avec son cadre et son rythme, Iñárritu prend son temps et laisse au périple une vraie ambiance, aidée de l'une des plus belles photographies du monde. On se sent insignifiants dans cette nature resplendissante ; les grands arbres, les rivières, la lumière de l'ensemble.
Au profit du réalisme visuel, le film délaisse parfois son histoire, ce qui crée des longueurs. Et c'est bien là le seul défaut que je fais au long-métrage. J'ai senti les 2h40 passer, l'immersion ne s'est pas révéler être assez puissante. A la manière d'un Terrence Mallick ("The Tree of Life"), Iñárritu contemple la nature et filme les étendues sauvages de l'Amérique. Long et lent, "The Revenant" n'est pas aussi dynamique que le montrait les bandes annonces et les promotions.
Mystique et contemplatif, "The Revenant" est une descente aux enfers tout comme une renaissance. Afin d'éviter les spoilers, je ne parlerais pas du scénario, mais il aborde d'innombrables thématiques avec force et subtilité telles la survie, l'amour du père (que nous retrouvons dans tous les films du metteur en scène) ou encore la vengeance. Celle-ci est traitée de façon dure et cruelle, tout en laissant un espoir de choisir son acte au détriment d'un plaisir personnel. Le rapport avec Dieu dans le film est important, Lui seul peu châtier. Les Indiens sont aussi traités comme des sauvages sans scrupules ; c'est cela qui rend les interactions entre les personnages intéressantes, passionnantes.
Léonardo DiCaprio ("Django Unchained") s'empare de tout ces sujets, et s'accapare du personnage de Hugh Glass à merveille. Sa performance est certes typiquement à oscar, mais reste éblouissante, forte et émotionnelle. On sent le désespoir qui émane de cet homme, sa rage de vivre et son désir de vengeance. Il habite son rôle très bien écrit avec force et maestria. Il n'a pas volé son premier Oscar, même si toutefois ce n'est pas la meilleure prestation de sa carrière. Le reste du casting est quant à lui tout aussi convaincant. Décidemment, le metteur en scène est toujours entouré d'une exceptionnelle brochette d'acteurs ("Birdman" avait un casting fou, "21 Grammes" un trio splendide, de même pour "Babel"). Tom Hardy ("Legend"), nominé aux Oscars dans la catégorie Meilleur Acteur dans un Second Rôle, est hallucinant. Son accent, sa prestance, son charisme et son accoutrement rendent le personnage crédible pour l'époque. Sa psychologie est développée, l'acteur offre une prestation remarquable. Domnhall Gleeson ("Dredd") et Will Poulter ("The Maze Runner") sont tout aussi performants dans la peau de leurs personnages. Ce qui marque aussi avec ce long-métrage, c'est qu'aucun acteur ne se vole la vedette. Ils sont suffisamment bien répartis et mis en scène pour que l'on sente un travail de groupe dans l'équipe de tournage.
Intéressant et fort, "The Revenant" est une claque esthétique et scénaristique malgré sa déplaisante lenteur (même si cela est voulu pour donner l'aperçu réel de ce qui vit Hugh Glass, homme qui n'a plus rien à perdre). Toutefois, je n'ai pas trouvé la bande sonore si belle que cela. Certes les pistes vont parfaitement avec les superbes images, mais elles ne s'écoutent pas sans elles. Ryuichi Sakamoto et Carsten Nicolai ont tout de même fait un bon travail auditif.
"The Revenant" est en conclusion un film certes à Oscars, mais qui les mérite amplement pour ses indéniables talents, les conditions extrêmes du tournage et son ampleur dans l'industrie cinématographique. Un grand film.