Intouchables est un bon film, ça c'est une certitude, c'est un film émouvant, François Cluzet jouant à la perfection, mais est-ce pour autant un chef d’œuvre? Assurément non. Vu le battage médiatique, le consensus de la presse, la culpabilisation en règle mené par les médias à l'encontre de tous ceux n'ayant pas vu "le film qu'il faut allez voir", on ne peut s'empêcher de ressentir un mélange d'appréhension et d'a priori très fort. Pourtant, les a priori s'envolent très vite tant le film met en valeur ses qualités. L'histoire est évidemment très touchante, difficile de dire le contraire, l'amitié entre les deux hommes très bien rendue et plutôt crédible. le film arrache quelques sourires, mais sans plus, et le plus souvent le drame prend le dessus. On passe donc un bon moment et la fin est bouleversante. Mais, car il y a un mais (et même plusieurs), le film n'est pas aussi grand que certains le prétendent. L'émotion, même si elle est au rendez-vous, est le plus souvent provoquée par les réalisateurs à grands coups de "attention messieurs les spectateurs, c'est le moment de pleurer" avec de longs regards et un thème musicale omniprésent. Le choix du sujet n'y est évidemment par étranger, et les réalisateurs sont habiles en caressant constamment dans le sens du poil le spectateur et bien sur la critique presse. La critique presse qui évidemment adore ce film. En effet, quoi de plus flatteur pour ces critiques vivant dans leur microcosme parisien s'accordant pour écrire des critiques positives sur des films autoproclamés "intelligents) qu'un film puant les bons sentiments? Et le spectateur aime lui aussi évidemment parce qu'en temps de crise où le lien social se réduit à vue d’œil, quoi de plus révélateur de sa grandeur d'âme que de déclarer que l'on a adoré un film montrant l'histoire d'amitié entre un handicapé bourgeois et un jeune des banlieues? Les bobos encensent le film car il est un excellent moyen de déculpabilisation et les banlieusards jubilent de voir un film les montrer sous un beau visage... Sauf que tout le monde oublie de réfléchir aux tonnes de clichés que comportent ce film et les réalisateurs s'en donnent à cœur joie: le noir ne travaille pas, il zone dans sa banlieue, il touche les assedics, il vole son patron, se drogue et bien sur n'est intéressé que par le cul mais il a évidemment un très très très grand cœur (il faut bien insister). Les candidats à l'embauche sont blancs et sont bien sûr complètement débiles. Et le bourgeois pour finir écoute de la musique classique, cela va de soi, vit dans son château coupé du monde et est immensément riche sans que l'on sache pourquoi, et le noir de banlieue sait mieux que lui éduquer sa fille. Le film est donc terriblement facile et parfois franchement malsain. Intouchable est bon, indéniablement, car il suscite des réaction chez le spectateur et touche mais cela ne doit pas empêcher toute critique et de prendre ce film avec des pincettes.