Le personnage principal de "Tête de bœuf", c’est Jacky, la trentaine, fils de fermiers du Limbourg, acoquiné avec un vétérinaire véreux pour se tailler une belle place dans le milieu des trafiquants d’hormones. Le milieu est alors infiltré par un agent double, Diederick, qui renseigne la police sur les agissements de cette mafia, mais qui retrouve en Jacky un ami d’enfance… Jacky qui, depuis vingt ans, cache un douloureux secret et se dope avec de la testostérone…
Ce premier long-métrage de Michaël Roskam nourrit une double ambition. D’un côté, réussir un thriller haletant ("à l’américaine", puisque c’est le modèle culturel dominant en Flandre) qui dénonce une dérive agro-alimentaire sordide qui a défrayé la chronique ces dernières années en Belgique. De l’autre, montrer la tragédie d’un homme blessé, fruste, enfermé dans sa solitude et son mal de vivre.
Roskam ne parvient pas toujours à bien équilibrer les deux objectifs de son film : l’intrigue policière démarre sur les chapeaux de roue puis semble faire du surplace, dominée alors par le portrait psychologique de Jacky.
L’autre point faible du film, c’est son casting très inégal : quelques seconds rôles (Erico Salamone et Philippe Grand’Henry en garagistes wallons magouilleurs) ne sont pas très convaincants, et tous les acteurs ne semblent pas jouer la même partition.
Mais malgré ses maladresses, "Rundskop" a le mérite de s’attaquer à un vrai bon sujet, et bénéficie surtout de l’interprétation saisissante de Matthias Schoenaerts, qui s’est investi corps et âme dans le personnage de Jacky, et qui insuffle au film sa profondeur et sa densité.
Pour l’anecdote, signalons que Schoenarts, quoique néerlandophone, a dû apprendre quasi phonétiquement le patois limbourgeois pour interpréter son rôle, et que le film est sous-titré en français et en néerlandais, tant ses protagonistes parlent avec un accent inexportable.
(source: http://www.rtbf.be/info/societe/cinema/tete-de-boeuf-un-film-choc-flamand-301289 )