La grosse déception de l'année ! A la lecture des critiques et sur un tel sujet, je m'attendais à me régaler d'un bout à l'autre du film. Que nenni ! Pendant quelques minutes, j'y ai cru : en particulier lors de la scène de la manifestation du 9 février 1971, où l'on retrouve ces chers membres des forces de l'ordre de l'époque Marcellin / Pompidou qui matraquaient comme des sauvages les lycéens et les étudiants qui manifestaient. Puis, très vite mon intérêt s'est étiolé : en effet, comment est-il possible de rendre de façon aussi sinistre une des périodes les plus joyeuses de l'histoire de la jeunesse ? Tout du long, les jeunes protagonistes n'esquissent jamais le moindre sourire, ils tirent la tronche sans arrêt, ils récitent, ils ânonnent des sentences toute faites quand il s'agit de politique, des banalités quand il s'agit d'amour ou de sentiment, c'est affligeant, surtout si on compare à ce que nous avait offert le cinéma italien avec "Nos Meilleures années". Aucun des interprètes n'est vraiment à sauver, le sommet étant atteint par Carole Combes qui, en plus de jouer comme une savate, n'ouvre pratiquement pas la bouche pour débiter son discours. Résultat : on ne comprend pas la moitié de ce qu'elle dit, mais on s'en fout, de toute façon, c'est sans intérêt. Il parait que ce film a obtenu le Golden Osella (Prix du meilleur scénario) lors de la dernière Mostra de Venise, ce qui laisse supposer que le film a un scénario, ce qui n'est pas forcément évident. En fait, le film tourne autour de 3 sujets : la politique, l'amour (ou le sexe, c'est selon !) et la musique. Sur la politique, il y a quelques moments intéressants, en particulier quand sont pointées les divergences entre trotskistes, maoïstes, PSU, etc. Certes, les sentences sont trop visiblement récitées, on ne sent aucune foi dans les propos tenus, mais c'est quand même mieux que la partie du film qui parle des amours des protagonistes, des amours qui apparaissent d'une tristesse infinie. Les pauvres ! Reste la musique : comme c'est quand même la seule chose qui ressorte vraiment de ce naufrage, même si, ça et là, on a quelques regrets, on va s'y attarder un peu : la première qu'on entend, c'est "Terrapin", extraite de l'album "The Madcap Laughs" de Syd Barrett. Puis "Green Onions" par Booker-T and the MG's, malheureusement arrêté juste avant le magnifique solo de guitare de Steve Cropper, un solo bref, incisif, sans fioriture. Splendide, mais ... on ne l'entend pas ! Par la suite, on entend la chanson "The Preacher and the Slave" de Joe Hill, extraite du film "Joe Hill" de Bo Widerberg; "Know", de Nick Drake (malheureusement une de ses moins bonnes chansons); "Air" des Incredible String Band, une chanson magnifique mais qu'on entend à peine dans le film; "Abba Zaba" par Captain Beefheart; "Ballad of William Worthy" de Phil Ochs, interprétée (très bien) dans un parc par le chanteur anglais Johnny Flynn; "Fare Thee Well Sweet Mally" par Robin Williamson, ex membre des Incredible String Band (Bizarre : cette chanson n'est sortie sur un disque qu'en 1981, 10 ans après la période du film); "Why Are We sleeping" par The Soft Machine; "Decadence" par Kevin Ayers; des morceaux par Tangerine Dream, par Dr. Strangely Strange, par Amazing Blondel. En fait, le problème pour le film, c'est que lorsqu'on entend une de ces musiques, on ne s'intéresse plus qu'à elle, tellement leur niveau est largement supérieur à celui du film. En plus, plus le film avance, plus on a hâte qu'il se termine pour pouvoir rentrer à la maison afin d'écouter tranquillement tous ces morceaux superbes.
En plus, ne pas se laisser avoir par les notes à 5 étoiles données sur Allocine par un tas de spectateurs : quasiment à chaque fois, ce sont des gens dont c'est la première apparition sur le site et on peut soupçonner la production et/ou la distribution du film d'être à l'origine de ces critiques louangeuses.