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    Il était une fois en Anatolie
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    113 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 9 novembre 2011
    Nuri Bilge Ceylan fait des films comme plus personne ne semble en faire. Si l’on devait lui chercher un très lointain cousin toujours en activité, on pourrait se risquer à évoquer Terence Malick, avec qui il partage cette poésie, ce choix délibéré de la lenteur, cette constante fascination pour la lumière et une certaine inclinaison pour l’indirect, le suggéré, le refus de l’évident. Mais comme l’américain, le cinéaste truc paye au prix fort le prix d’une telle radicalité : d’une longueur, d’une composition, et d’un équilibre assez inédit, ce cheminement de plus deux heures et demie en Anatolie est un film hors normes. Qui ravira le spectateur qui choisira de se laisser bercer, puis imprégner petit à petit par le temps et la beauté.

    Dans la nuit turque, un curieux cortège semble se perdre sur les routes de campagnes. Un procureur, un homme menotté, un commissaire de police, un médecin et d’autres encore. Ils cherchent un cadavre, mais le meurtrier ne sait plus où il l’a enterré. Et l’errance commence. Seuls quelques indices peuvent aider le curieux convoi : un arbre, une fontaine, un champ. Le film est d’abord une succession de tableaux de nuit, tout en clair obscurs et en ombres portées. On recherche d’arrache pied la cadavre perdu, et pendant ce temps, les hommes attendent, fument, discutent, apprennent à se connaître. La lumière des phares se réfléchit dans les cours d’eau, sur les visages, dans les arbres. Une pomme tombe jusqu’au lit de la rivière. Et le film prend peu à peu son emprise, grâce à un travail absolument sublime sur les images et la lumière, et des personnages qui, après être passés comme des ombres, s’ouvrent chacun progressivement. La répétition des scènes, qui semble éreinter les protagonistes, leur permet de trouver chacun une vraie consistance.

    D’autant que tous ces fantômes évoluent dans une situation complètement ubuesque, presque ridicule si elle n’était aussi tragique. Jamais un film n’aura aussi bien rendu à la fois le désespoir, l’errance, l’incongruité d’un moment. Ce croisement entre beauté et absurde nous projette en plein rêve ou peut-être bien en plein cauchemar. Sommet de cette nuit, une apparition quasi onirique dans la maison du Maire d’un village assombrie par une panne d’électricité. Le temps semble s’arrêter, et même les hommes se demandent si ils n’ont pas rêvé.

    Comment se relever d’un choc pareil quand le jour se lève ? Car l’aube arrive finalement, et ces extraordinaires clairs obscurs laissent place à une lumière blafarde dont on se demande si elle ne va pas tuer le film. Et même si le retour à la réalité est moins beau, moins poétique, moins parfait, et certainement un peu long, il est pourtant plein, dense et nécessaire. Comme l’est ce retour au village ou chacun semble vouloir tourner la page mais reste accroché à cette nuit, aux échanges, aux découvertes. On pourra certainement pinailler sur une très longue dernière bobine, qui n’est pas au niveau de la perfection qu’était le film jusque là. Mais ce voyage en Anatolie est quand même une grande expérience de cinéma, un film parfois entêtant mais souvent sublime.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    2 803 abonnés 3 956 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 juin 2018
    Après avoir aimé Winter Sleep et adoré les Climats je regarde Il était une fois en Anatolie que j'avais boudé à sa sortie car j'avais détesté Trois Singes. Et j'ai eu tort, c'était très bien.
    C'est un film visuellement absolument magnifique, avec une lumière sublime, un cadrage parfait, ce qui fait que malgré sa longue durée, plus de deux heures trente, le film passe plutôt bien. Il y a toujours quelque chose à voir dans ces immensités quasiment désertiques de la Turquie. On voit que Ceylan aime son pays, aime ses paysages et surtout il sait les mettre en valeur comme personne, il a un sens esthétique à toute épreuve. Franchement, une bonne partie du film se passe de nuit, où les seuls éclairages viennent des phares de voitures et il arrive à rendre ça d'une beauté folle.

    On suit donc une enquête policière, très longue, très lente, on suit des policiers chercher quelque chose, on ne saura pas tout de suite quoi, mais on se doute. On les voit donc arpenter les champs, de nuit, craquer, discuter, fumer... Et c'est là que le film fait fort, il arrive à mêler la trivialité des conversations de gens qui s'ennuient en attendant qu'un type veuille bien dire où il a caché quelque chose et un côté bien plus profond, bien plus philosophique. C'est le mélange des deux qui fait la force du film.

    D'ailleurs c'est une de leur discussion qui peut sembler banale sur la femme d'un ami du procureur qui est morte quelques jours après avoir accouché qui prendra finalement de l'ampleur jusqu'à arriver à un sursaut tragique absolument terrible. Toutes ces discussions, tout ces non-dits, tous ces aveux à demi-mots permet de donner un cœur aux personnages et donc au film. Surtout que c'était bien casse gueule, car jusqu'à la dernière demi-heure on suit quatre ou cinq personnages, introduits quasiment tous en même temps, sans qu'un tire la couverture plus à lui... Et Ceylan arrive parfaitement à jongler entre le commissaire, le docteur, le procureur, les policiers et le criminel, notamment grâce à de longs plans fixes sur les visages abîmés par la vie des personnages et encore une fois à la qualité des dialogues.

    Cependant il faut malgré tout dire qu'une fois le jour venu, sans être ennuyant, le film perd un peu en intensité, notamment après une scène juste sublime où la fille du maire du village où les policiers se sont arrêtés pour se reposer, propose du thé aux invités... Éclairée uniquement avec une lampe à pétrole, la scène est juste sublime et permet dans un silence quasiment complet de proposer des gros plans sur les personnages endormis réveillés par la beauté de la jeune femme. Sans doute la plus belle scène du film.

    D'ailleurs le lendemain un personnage ne pourra pas s'empêcher de dire que la fille était belle... Aucun personnage ne réagira à cette phrase, mais on voit leur mine fatiguée, ce qui veut tout dire.

    Vraiment, c'est un grand film et d'une immense beauté.
    landofshit0
    landofshit0

    248 abonnés 1 745 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 13 décembre 2012
    Le rythme contemplatif du film n'a guère d'utilité,si Nuri Bilge Ceylan cherche à coller à l'ennui de la vie il arrive parfaitement sorti de là il ne raconte ni montre grand chose.Les dialogues qui se veulent humoristiques sont souvent poussifs et mal écrit pour être crédible. Nuri Bilge Ceylan voulait donner une âmes à son film,il ne fait que le rendre soporifique,car ni les personnages ni son histoire n’intéresse.
    velocio
    velocio

    1 162 abonnés 3 024 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 2 novembre 2011
    Nuri Bilge Ceylan est un véritable magicien ! Il faut vraiment l'être pour réussir à captiver ainsi les spectateurs pendant 2 heures 37 minutes avec un film qui se résume comme suit : "Au cœur des steppes d’Anatolie, un meurtrier tente de guider une équipe de policiers vers l’endroit où il a enterré le corps de sa victime. Au cours de ce périple, une série d’indices sur ce qui s’est vraiment passé fait progressivement surface." Si l'on rajoute que la première moitié du film se passe entièrement de nuit, qu'aucune musique ne vient accrocher l'esprit du spectateur, on peut s'attendre à s'endormir d'ennui. Eh bien, il n'en est rien, bien au contraire. Pour une fois je n'enlèverais pas une seconde à ce film aussi long, car, ici, chaque seconde est nécessaire, indispensable. La photographie de Gökhan Tiryaki, les nombreux plans fixes, tout cela donne parfois l'impression de contempler une toile de Vermeer. La partie nocturne du film, avec pour seul éclairage les phares de 3 automobiles, crée une atmosphère quasiment surnaturelle. Très beau esthétiquement, "Il était une fois en Anatolie" est également un film d'une grande profondeur, avec sa galerie de personnages qu'on croirait tirés d'un roman de Dostoïevski et cette question qu'ils posent : quelle est la place de l'évidence dans la recherche de la vérité ? Grand Prix du dernier Festival de Cannes, ce film magnifique permet d'affirmer avec certitude que Nuri Bilge Ceylan fait partie des 3 ou 4 plus grands réalisateurs de notre époque.
    traversay1
    traversay1

    3 088 abonnés 4 622 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 novembre 2011
    Très tendance, le "slow food" fait désormais partie intégrante de la gastronomie. Pourquoi le "slow cinema" n'aurait-il pas, lui aussi, droit de citer, susceptible de plaire à un certain nombre d'amateurs du 7e art, qui en ont assez, d'avaler des blockburgers à la chaîne (entre autres) ? Nuri Bilge Ceylan est un maître queux tout trouvé comme le montre Il était une fois en Anatolie, une oeuvre de 2h37, sans une once de gras (avis subjectif, comme de bien entendu). Pour commencer, si y a bien une intrigue policière, elle importe assez peu, imaginez Les Experts Anatolie, sans un changement d'axe de caméra toutes les trois secondes mais, au contraire, avec des plans fixes qui durent un peu moins longtemps que l'éternité. Apparemment, beaucoup de spectateurs ne supportent pas les 90 premières minutes du film, totalement nocturnes, avec ce cortège de voitures qui balayent la route de leurs phares et quelques haltes qui permettent de savoir ce qu'un procureur, un policier, un médecin, un suspect et quelques autres comparses peuvent bien fabriquer au plus profond de la campagne anatolienne. Pourtant, cette première partie est essentielle, elle fait émerger peu à peu plusieurs caractères dont on peut essayer de deviner la vie et les états d'âme. Et puis ces dialogues : il est question de prostate, de yaourt au buffle et, plus tard, de la nécessité de construire un mur pour protéger le cimetière d'un petit village. L'humour est subtil, déconcertant (le procureur a de faux airs de Clark Gable) et la poésie s'invite au passage, comme par accident, quand une pomme roule jusque dans un ruisseau. C'est un monde d'hommes et de vieux dans ces campagnes désertées par les jeunes générations. Peu de femmes, mais quand elles apparaissent, elles sont filmées comme des madones. Après un peu plus de deux heures, on connait mieux le procureur et le médecin, sur lesquels le film se resserre. Comme si Il était une fois en Anatolie était un construit sur un immense zoom de 157 minutes qui finit par ne garder que deux personnages à l'écran. La leçon d'anatomie finale est perturbante. On y entend la scie qui découpe, les organes que l'on enlève d'un corps. Comme l'Anatolie qui se vide peu à peu de ses habitants, laissant le paysage plus solitaire que jamais. Ce n'est pas un film beau à proprement parler, il a souvent des allures de documentaire, mais sa partie fictionnelle, volontairement réduite, en dit tellement sur les hommes, leurs existences, leurs blessures. Et quand vient la fin, c'est un très grand vide qui vous emplit.
    JimBo Lebowski
    JimBo Lebowski

    361 abonnés 1 080 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 août 2014
    Découverte du cinéaste Nuri Bilge Ceylan avec "Il était une fois en Anatolie", une véritable expérience de cinéma, un film qui par son apparence interminable se défend par la maîtrise indéniable du réalisateur.

    On est plongé de nuit dans un décor sans véritable repère, un cortège de police assisté d'un médecin légiste et du procureur conduit deux suspects sur le lieu exact de leur crime dans l'espoir de retrouver le corps. Mais la situation devient confuse, les personnages tournent en rond face à l'uniformité du paysage, se révèlent, se lient, s'affrontent durant ce long voyage dont il faudra attendre les premières lueurs du jour pour y trouver des révélations.
    Un long métrage dépaysant, Ceylan nous immerge littéralement dans les steppes de l'Anatolie à coup de longs plans séquences contemplatifs reflétant la morosité de la situation, il maîtrise parfaitement son sujet, la mise en scène ultra réaliste se veut au plus près de des protagonistes, avec un sens de l'esthétisme brillant et des scènes quasi mystiques grâce à ce perfectionnisme plastique de l'image, la séquence de la lanterne de la fille du maire illustre parfaitement ce sentiment.
    Les dialogues dégagent une grande sincérité teintée parfois de cynisme et d'humour pinçant, les personnages révèlent leur complexité, on ressent presque leur froideur, ils restent figés dans le temps et l'espace, et plus le film avance moins nous savons où nous allons, l'immersion est telle que le degré narratif prend toujours par surprise avec pas grand chose, c'est presque un exploit.
    Une fois le jour levé le film prend un autre tournant, plus banal et méthodique, comme dans un autre monde (rappelant un peu le traitement de New York par Scorsese dans "Taxi Driver", toutes proportions gardées évidemment), la mélancolie du médecin en devient émouvante, les protagonistes sont transfigurés, toujours avec cette morosité ambiante tout à fait palpable des mécanismes de la vie, la simplicité étudiée de la mise en scène de Ceylan ne gâche en rien les longueurs "monstrueuses" de son long métrage, mais le spectateur se doit d'adhérer totalement à son art au risque de se noyer face à cette lenteur apparente.

    "Il était une fois en Anatolie" est un film avant tout contemplatif et immersif où le réalisateur partage sa vision de la condition humaine sous un angle ultra réaliste et froid, avec des moments de bravoure ainsi qu'un traitement de l'image et une direction frôlant la perfection. A conseiller uniquement pour les cinéphiles aventureux.
    Cinephille
    Cinephille

    135 abonnés 627 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 novembre 2011
    La partie nocturne de ce Il était une fois en Anatolie représente exactement ce que j'aime au cinéma : un temps suspendu, une universalité, une esthétique et un mystère. Cette quête du cadavre avec ces autres personnages qui se dévoilent petit à petit, tous plus ou moins coupables de quelque chose, ce huis clos des véhicules aussi absurde que sans fin prévisible, ne dure en fait que 37 kms, pendant lesquels tout s'installe. Puis se produit une étape dinatoire dans un village où les hommes révèlent un peu plus de leur humanité ou leur inhumanité. Et là, la beauté de la femme apparait et cette apparition contient tout du drame des hommes, des dégâts qu'ils peuvent faire en son nom, des dégâts que plusieurs des hommes présents ont déjà faits en son nom. Et le jour se lève, et la vie normale reprend son cours, avec une longue séance de dissection. Cette dernière partie m'a nettement moins intéressée, je l'ai trouvé beaucoup plus faible esthétiquement et au niveau de la narration. Et je suis sortie agacée de n'avoir ni compris pourquoi l'homme a été tué, ni pourquoi un de ses amis s'est accusé du crime. Mais, en mettant ces agacements de coté, ce film reste un fim très beau et original.
    Christoblog
    Christoblog

    741 abonnés 1 613 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 16 novembre 2011
    Il était une fois en Anatolie fait partie de ces films qu'on hésite à conseiller à ses amis. La violence des émotions que le film procure est de l'ordre de l'intime, et elles sont si fragiles, si précieuses, qu'on est pratiquement sûr que personne n'éprouvera les mêmes, au même moment. Un reflet dans un oeil, un regard caméra légèrement décentré, un petit bouton d'acné sur un visage parfait, le cinéma de Ceylan flatte le réel en l'ensorcelant, et sa matière est celle des songes. Il est donc tout à fait probable que certains d'entre vous y soient totalement insensibles (bien que parfaitement cinéphiles). Et puis ça dure 2h37, sans musique, en grande partie de nuit, et avec beaucoup de plans fixes.



    De quoi s'agit-il ? De la recherche d'un cadavre par une petite équipe constituée de l'assassin présumé, de son frère débile, d'un médecin, d'un procureur, d'un policier et de quelques subalternes. Qui a été tué, par qui et pourquoi : le film ne se préocupe pas vraiment de ces questions, et nous non plus d'ailleurs. Il va s'agir de peser le poids des âmes, de mesurer la fragilité de nos destinées humaines dans le maelstom du temps qui s'écoule sans trêve, de méditer sur le corps, l'amour, le deuil, la responsabilité.



    Plusieurs choses sont absolument ... la suite sur Christoblog : http://chris666blogsallocinefr.over-blog.com/article-il-etait-une-fois-en-anatolie-88879533.html
    Parkko
    Parkko

    134 abonnés 2 020 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 19 novembre 2011
    Attention, ma critique contient des spoilers. Je vous déconseille de la lire si vous n'avez pas vu le film.
    Il était une fois en Anatolie est un film particulièrement difficile d'accès. Je pense vraiment qu'il en laissera plus d'un sur le côté, qui assisterons pantois et déconfis au film de Nuri Bilge Ceylan ou qui quitteront la salle. Et je peux largement les comprendre, car il est vrai qu'Il était une fois en Anatolie fait preuve d'un récit d'une très grande lenteur dans un paysage cinématographique bien plus habitué à des films survitaminés.
    Sauf que pour le coup, moi, ça m'a bien embarqué. J'ai nettement préféré la première partie du film, où au final on ne comprend pas tout mais ce n'est pas grave, cela ne vient qu'appuyer une atmosphère nocturne excellente, où tout le monde piétine : policiers, criminel, enquêteur. Et ce, à la lumière de quelques phares qui sillonnent le paysage de l'Anatolie.
    La seconde partie est, à mon sens, moins intéressante. En voulant lever le voile sur le mystère qui entoure l'affaire, le réalisateur, à mon avis, perd une partie de la force. Ca y est, la lumière est là, le spectateur n'avance plus en terrain inconnu, et il est temps maintenant de fignoler le tout pour que le film se conclut.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 19 novembre 2011
    Petits arrangements avec soi-même…

    Je me suis sentie immergée quasi instantanément dans ce film d’atmosphère, le fait que la nuit soit omniprésente une bonne partie du film facilitant, à l’instar des personnages, le vagabondage de l’esprit. Tout est tellement réel dans ce film, tellement juste, et ce, d’emblée, que déjà, j’ai envie de saluer cette magie qui nous fait oublier qu’on est dans un film de fiction.

    Je me demande au fond si le fait de caster et faire jouer des acteurs inconnus (enfin peut-être qu’ils sont très connus en Turquie) n’est pas un sacré atout ; c’est très très rare que j’arrive à m’immerger complètement dans un film, car souvent, le fait que les rôles sont joués par des acteurs que je reconnais, fausse le jeu (même dans les meilleurs films). Là, ça n’est pas été le cas, et dès les premières minutes, je me suis sentie comme une petite souris, témoin privilégiée d’une histoire avant tout authentique, réellement vécue !

    Même si, au fond, l’histoire en elle-même a peu d’importance. Car elle n’est que prétexte à ce qui se joue dans les relations, et chez chacun des personnages (tour à tour solitaire, individualiste, égoïste – puis relié… - cf le choix final du médecin, qu’on peut interpréter comme un choix très compassionnel, même si peu éthique...), elle n’est que prétexte au fait qu’on se rend compte que chacun, à sa manière, s’arrange avec la réalité. Question essentielle : à quel point d’ailleurs un événement extérieur à soi réactive des choses personnelles, où commence l’identification projective face à l’autre… quelle est la part de soi-même et de la vie des autres dans nos pensées, nos idées, nos choix…

    Contrairement à d’autres spectateurs, je n’ai pas senti du tout de jugement de la part du cinéaste, juste un constat, probablement un peu amer, sur le fait qu’on se ment tous à soi-même, que notre équilibre est toujours fait de petits arrangements, souvent pathétiques… mais néanmoins tellement humains. Aucun jugement par contre sur le fait que l’homme serait potentiellement mauvais (peut-être par contre le fait que l’homme est facilement esclave de ses passions charnelles, amoureuses…), mais surtout le constat que nos vies ne sont que doutes, incertitudes, rebondissements… - même (surtout ?) derrière les discours rationnalisés et (apparemment) convaincus, et que finalement, on ne peut jamais rien maîtriser !

    Mais j’ai senti aussi, et chez chacun des personnages, y compris les plus antipathiques d’emblée (le commissaire ou le maire par ex…), de l’empathie de la part du cinéaste, une humanité dans son regard, probablement parce qu’il s’inclut aussi dans ces hommes et femmes qu’il filme pourtant au plus près, au cordeau, sans complaisance. Même si on peut déduire que le personnage du médecin est celui qui lui « ressemble »le plus.

    Beaucoup de mystère et d’interrogations en tout cas dans ce film un peu étrange, beaucoup d'humour (décalé !) aussi, film d’atmosphère avant tout, et paradoxalement, beaucoup d’évidences, dans ce qui est proposé très très finement, comme un « possible » et sûrement pas comme une « Vérité »…

    C’est un grand cinéaste que Nuri Bilge Ceylan – dont personnellement, je vois pour l’instant très peu de points faibles. Il sait très bien filmer (photographie magnifique – utilisation très pertinente du hors champ : la scène de l’autopsie, par ex, a été assez éprouvante), choisir ses acteurs, les diriger (cf le fait qu’on oublie très vite qu’on se trouve dans un film), et surtout, il sait distiller une atmosphère très particulière, avec toujours un point de vue singulier et très fin, fait de doutes et d’intuitions. D’ailleurs, moi qui ne suis pas du tout fétichiste des DVD, j’ai pourtant déjà acheté « Uzak », « Les trois frères » et « Les climats » (et c’est évident que j’achèterai – aussi – « Il était une fois en Anatolie » !).
     Kurosawa
    Kurosawa

    512 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 24 août 2015
    Dans la nuit anatolienne, des policiers accompagnés de suspects mènent l'enquête d'un meurtre en cherchant un corps enfoui sous terre. La première partie de ce très mystérieux "Il était une fois en Anatolie" accumule les symboles et les discussions très suggestives, une façon de captiver le spectateur tout en lui faisant espérer que la suite mettra en lumière la multitude d'indices déployés. Mais le questionnement hermétique des principaux personnages ne s'éclaircit pas dans une seconde partie se passant le jour (métaphoriquement, on pouvait s'attendre à un parti pris plus explicatif), qui tente d'aller plus en profondeur dans la métaphysique du médecin et du procureur, mais échoue à atteindre une hauteur qui aurait donné un sens plus large à une histoire en fin de compte assez frustrante. Il est indéniable que Ceylan a de grands talents de metteur en scène (bien que sa réalisation soit un peu trop tape-à-l’œil à mon goût) et que l'écriture de son film est fine et précise, mais le cinéaste turque reste en deçà de ses deux grands modèles, à savoir Ingmar Bergman (pour le drame qui entoure les personnages) et Michelangelo Antonioni (pour ses silences et son rythme). Un beau film, intéressant à défaut d'être passionnant.
    Ti Nou
    Ti Nou

    405 abonnés 3 355 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 2 mars 2018
    Certes les images sont jolies et les cadres bien construits, mais qu’est-ce que c’est long… La première partie du film consiste à suivre un groupe d’hommes à la recherche d’un corps. Après plusieurs tentatives, c’est une profonde lassitude qui s’installe chez les personnages comme chez le spectateur. "Il était une fois en Anatolie" est proche d’une caricature de film d’auteur aux plans fixes interminables à la façon de "Théréza", le sketch des Inconnus.
    loulou451
    loulou451

    105 abonnés 1 503 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 7 avril 2017
    Présenté lors de sa sortie à Cannes (dont il obtiendra le Grand Prix) comme le film du renouveau du cinéma turc, quintessence du film d'auteur, ce "Il était une fois en Anatolie" est surtout un défi au temps et à l'ennui qui finit peu à par l'emporter. Alors certes, on pourra toujours s'attarder sur cet éloge de la lenteur dans un monde en proie au chaos et au non sens, on pourra souligner la justesse de la mise en scène, la beauté des images et le jeu très réussi des acteurs, mais il manque l'essentiel : une histoire, ce fil conducteur sans lequel la philosophie et l'introspection reste à l'état de définition. Qui n'est pas Leone qui veut, qui lui, n'a jamais manqué de raconter une histoire pour étayer sa longue introspection de l'âme humaine...
    poneyexpress10
    poneyexpress10

    2 abonnés 50 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 27 novembre 2012
    J'ai vu 1h10 du film et j'ai stoppé. Je trouvais que les conversations entre les personnages étaient banales: quand Tarantino fait parler ses gangters, il y a un décalage, de l'humour, un style, une écriture. Ici les personnages parlent entre eux autant que pour eux-mêmes: ces échanges ne les modifient pas, il récite leur point de vue, le texte les forge dans leur histoire personnelle. Donc peut-être l'intérêt est ailleurs, dans l'image, la façon de filmer, et je me disais qu'il fallait pour doper mon intérêt qui s'effritait que je me demande d'où la lumière provenait pour éclairer le cadre. Comme lorsque on "lit" un tableau, on se demande où est la source lumineuse, qui parfois structure ce qu'on voit. Mais ce qui me gêne c'est sans cesse ces plans d'ensemble: on fait face, et rien ne nous incite à rentrer dans le film, on reste en-dehors, et quand la caméra filme les personnages, c'est ce qu'ils se disent qui est creux. Ce qui est étrange c'est qu'on ose qualifier ce genre de film d'intellectuel. Rien n'est intellectuel, tout est passif par contre et demande une patience, et beaucoup de bienveillance.
    D'un autre côté, j'avais aimé "Uzak" et "Les climats" donc Ceylan n'est pas pour moi un mauvais cinéaste, il a pris pour ce film un mauvais sujet.
    Julien D
    Julien D

    1 101 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 12 juin 2014
    Si le talent de Nuri Bilge Ceylan pour filmer sa Turquie natale, grâce à une mise en scène contemplative faite de plans allongés et à une photographie crépusculaire de toute beauté, est devenu indéniable, ses autres films reposaient également sur des scénarios mélodramatiques profonds. Hors, Il était une fois en Anatolie, avec sa durée de plus de deux heures et demi (soit la moitié de sa première version), ne se fonde que sur une série de conversations futiles à rallonge et sur une intrigue policière dénué d’enjeu. Bâti à la façon d’un road-trip, cette oeuvre longue et ennuyeuse reste hermétique, même lorsque la nuit et les mystères se lèvent pour faire un parallèle un peu grossier entre cette enquête qui n’avance pas et les difficultés de la société turque à se moderniser. Encore une fois, il n'y a que la magnificence des paysages qui soient aptes à sortir le spectateur de sa torpeur à la vue de ce long-métrage qui semble n'être pleinement agréable à voir que par bribes, à la manière de tableaux naturalistes de toutes beauté.
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