Projet 666, avec un titre pareil pas de quoi sauter au plafond. A fortiori car le genre « film de malédiction » commence à saturer. Enfin, on y croit et on se lance, et finalement ce n’est pas si mal. Bon, rien de tonitruant à cause d’un scénario peu emballant et d’acteurs fort moyens, mais il y a de bonnes choses.
Côté acteur on peut compter sur la présence de Stephen Lang, qui vient trouver ici un rôle étrange. On pourra regretter que sa présence soit au final bien discrète, au profit d’un groupe de jeunes qui sent le cliché à 30000 km à la ronde. Là c’est même plus du cliché, c’est de la caricature qui tache. Sexe, drogue, rock and roll, voilà les activités de nos comparses (et seules et uniques activités avec les rituels improbables !). Forcément avec des personnages que l’on imagine bien pesants, les acteurs font ce qu’ils peuvent mais leur talent n’est pas ce qui saute le plus aux yeux. Il y en a quand même de sacrés pesants (Michael Ormsby, insupportable), et si les principaux acteurs héritent des rôles les moins calamiteux, ce n’est pas enthousiasmant non plus.
Le scénario est clairement assez simpliste. On pense qu’on va avoir un suspens voir un thriller haletant sur fond de fantastique (hôpital aux pratiques douteuses, jeunes décédés, esprit qui veut communiquer) mais au final le dénouement est bien basique. Mais tout n’est pas à jeter. Il faut avouer que le film a déjà pour bonne idée de ne pas se prendre au sérieux. Second degré, auto-parodie, humour noir, parfois c’est limite si ce film ce n’est pas American Pie manipulé par Wes Craven ou Tobe Hooper. Il y a des gros moments de délires, et faut reconnaitre qu’on rigole plus d’une fois aux tentatives totalement idiotes et hasardeuses des jeunes pour s’en sortir. Parallèlement le film offre aussi quelques scènes horrifiques très sympathiques, bien violentes, et cette générosité fait plaisir même si les effets visuels restent un peu limités. Globalement le métrage n’ennuie pas, et sa dimension semi-comique le rend plaisant malgré son fond limité.
Visuellement je penche pour le petit budget avec le choix d’un huis clos dans un espace assez peu attrayant qui ressemble beaucoup trop à un coin d’usine. Le film manque d’ambiance, ça c’est une certitude. C’est regrettable car je trouve que le réalisateur ne se débrouille vraiment pas mal dans sa mise en scène, qui offre quelques moments percutants et s’avère nerveuse comme il faut. En fait Projet 666 fait fauché, et c’est toujours un souci dans un métrage de ce genre que de ne pas pouvoir offrir une ambiance typée, que ce soit dans un sens ou dans un autre, mais qui ait de la personnalité. C’est plus marqué musicalement parlant, mais encore que là aussi ça aurait pu être plus recherché.
Bon, il ne faut pas se voiler la face, Projet 666 n’a clairement pas d’autres ambitions que de remplir rapidement une soirée horrifique. Mais pour le coup, si ce manque d’ambition conjugué à son budget faiblard ne lui permet pas de viser très haut, j’ai apprécié la tonalité décalée et la générosité de quelques scènes d’horreur de l’ensemble. Cela en fait réellement un petit divertissement roublard. Idiot donc, mais punchie et généreux. 3.