Que c'est looooong, qu'on s'ennuie ! Un message qui pourrait être passé en 15 minutes est délayé pendant… (En fait je ne sais pas, je n'ai pas pu tenir jusqu'au bout.)
C'est un film à réserver aux lecteurs de Libération, aux électeurs de Mélenchon (ça rime) et aux autres démagos de tout poil. Autant dire qu'il ne faut pas en attendre un message subversif… On nous sert du cuit et du recuit (politiques, médias et industriels sont copains comme cochons et dînent ensemble le dernier mercredi du mois), dans un premier temps, avant de nous faire franchement l'apologie d'une idéologie archaïsante d'extrême gauche, tendance marxiste-léniniste — avec des envolées lyriques sur les syndicalistes et les petits chéris qui mettent le feu aux banlieues —, dans un second temps. (Je mets deux étoiles pour la première partie, zéro pour la seconde ; ça fait une moyenne de une.)
Le problème, c'est que je ne suis pas plus sensible aux dogmes de la gauche qu'à ceux de la droite (ni d'ailleurs à ce faux clivage de gens qui se ressemblent en tout point), capitalistes contre « bas peuple » (on ne peut pas dire travailleurs, ouvriers ou prolétaires, ils n'existent plus), le cliché a fait long feu, non ? quand on sait que la seule fin de ce « bas peuple » là (soutien de l'extrême gauche) est de se substituer aux premiers, sans souci de l'environnement, des bêtes, des humains, in fine. Je ne me reconnais pas dans ce bas peuple, politisé, médiatisé, réservoir de voix faciles (il suffit de brosser dans le sens du poil, comme l'ont bien compris les réalisateurs du film).
La meilleure façon d'être révolutionnaire est de consommer différemment, en commençant par ne consommer ni TV, ni journaux ni magazines des kiosques, ni bouffe des supermarchés, ni marques de merde (Danone, Nestlé, etc.), est-ce ce que fait ce « bas peuple » ?… Ne le voit-on pas plutôt chez Mc Do, couvert de marques, puis devant sa TV, gobant volontiers avec avidité l'endoctrinement permanent qu'elle lui distille à profusion ?
Il était étonnant aussi qu'un film présenté comme iconoclaste soit diffusé dans une ville soviétique comme Ivry-sur-Seine. C'est vraiment pour lui faire de la pub que ce film n'est diffusé que dans peu de salles ; du coup, on s'y rue en pensant, naïvement : « Ça doit vraiment être révolutionnaire ! » et, en guise de message révolutionnaire, on nous sert du Krivine (LCR, donc révolutionnaire par définition…).
En voyant la salle pleine, j'ai failli partir, j'aurais dû, mais forcément dans ces régimes soviétiques on ne peut pas faire ce qu'on veut, j'ai donc bâillé beaucoup, regardé ma montre beaucoup (et allez lire l'heure dans le noir), je me suis agitée beaucoup, puis, n'en pouvant plus, je suis partie avant la fin. Ouf ! j'ai respiré, l'air pestilentiel d'Ivry-sur-Seine, à quelques centaines de mètres du plus grand incinérateur d'Europe, m'a fait du bien.
J'espère qu'on remettra au moins à ce film la palme du film consensuel de l'année, il l'a bien méritée.