Voici donc le dernier Miyazaki, le bon cette fois-ci. Lui qui repousse sans cesse son départ à la retraite depuis une quinzaine d’années. C’est un réalisateur que j’aime, qui me charme tout le temps, et si j’aime beaucoup l’ensemble de ses films, mon préféré reste Le Château dans le ciel, celui qui me touche le plus. Pour Le Vent se lève, je ne le sentais pas trop, la bande annonce ne m’emballait pas. Du coup, je suis allé voir le film en ayant peur d’être déçu, malgré les bonnes critiques. Mais ce ne fut pas le cas. Le film est introduit par ces vers de Paul Valéry : Le vent se lève, il faut tenter de vivre. Ba le film c’est un peu ça. Une de mes craintes c’est que le film se veut plus réalistes que les précédents, comme La Coline aux coquelicots du fiston, qui n’a pas l’air tip top, seulement là c’est très malin. Avec le recul, le film m’apparaît maîtrisé de bout en bout, quelque part c’est beau de finir sur un film aussi maîtrisé, que ce soit dans la narration, la mise en scène, la musique etc. Tout cela donne une belle harmonie. Fondamentalement, l’aviation ce n’est pas un domaine qui me passionne, mais il réussit à m’y intéresser. Ce qui est bien, c’est que c’est un beau film. Il parle du rêve, du rêve de voler, de construire de beaux avions. Ce qui donne lieu à des scènes vraiment belles. C’est un film finalement assez singulier dans la filmographie de l’auteur, il ne donne pas tout à fait la même impression que les autres, mais il est paisible, et arrive à nous émouvoir très simplement grâce à une histoire d’amour très belle et très pure. Je pense que c’est la marque des films de qualité d’arriver à émouvoir avec des choses toutes simples. Voir Jiro et sa fiancée se tourner autour, se lancer un avion en papier et rire, il ne m’en faut pas plus. Mieux, il évite les écueils du mélodrame, la musique est là mais se marie toujours avec les images, n’en fait jamais trop et ça c’est bon. Il crée aussi des situations magnifiques, je pense à une scène très courte où Jiro est obligé de fumer à côté de sa femme même s’il sait que c’est nocif pour elle parce qu’il ne veut pas lâcher sa main. Le personnage en lui-même est intéressant, il veut concilier l’amour et son rêve de grandeur, ce qui n’est pas possible. Toujours de très belles images pour un film simple, parfois triste et mélancolique, mais vraiment beau et intéressant. Miyazaki a vraiment du talent pour émouvoir avec deux personnages s'aimant, on peut se rappeler Mononoké qui à ce titre était plutôt subtil pour ce qui est des rapports entre les personnages. Et je trouve la fin vraiment réussie, incitant à vivre et à apprécier,
avec un plan vraiment très intéressant, où l’avion finalement construit par Jiro vole vers la droite de l’image, alors que celui-ci, qui a passé sa vie à le concevoir, ne s’en réjouit pas, regardant les montagnes vers la gauche où sa femme est en train de mourir (d'ailleurs, c'est une bonne idée de la mettre hors champ)
. Une jolie sortie de scène pour Miyazaki, qui arrive malgré tout à fasciner le spectateur. Une œuvre finalement arrivée à maturité je trouve, et ça c’est beau.