C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris le départ de Miyazaki, qui ne réalisera plus de chefs-d'oeuvres. Son dernier film est malheureusement le moins bon. Dans Le Vent se lève, Miyazaki a décidé de se lâcher et d'y aller à fond avec le thème de l'aviation. Il se rapproche bien plus de son très particulier Porco Rosso que de ses autres œuvres. Sorti du cinéma, j'ai eu l'impression qu'il ne s'est rien passé. Je n'ai ressenti absolument aucune émotion. Ce coup-ci, l'histoire raconte la vie du créateur du zéro japonais. Il a traversé des périodes difficiles et le film tente de le faire évoluer dans ces différents contextes : les catastrophes, la guerre, la maladie... Mais Miyazaki n'est pas allé au bout de son film, il a enlevé toute l'intensité dramatique qu'il aurait pu y mettre en faisant se succédé des scènes et des époques, qui, au fil des minutes, tendent simplement à traîner en longueur. Il apporte de nombreuses séquences au teint sombre, grave, mais qui n'aboutissent pas. Par exemple,
Jiro commence par cotoyer un homme curieux au gros Nez. Plus tard on comprend qu'il est en quelque sorte un résistant au régime nazi. Plus tard encore, Jiro est recherché par la police secrète japonaise doit se cacher. Débute alors un premier début de tension sur une situation délicate, voire à suspens, mais qui finalement s'arrête là, sans suite
. On y voit essentiellement des personnages qui discutent, Jiro qui travaille, quelques moments de détentes, des rêves où les avions volent... Beaucoup d'événements graves ou importants sont sous-entendus ou à peine mentionnés, mais à part une exception elle-même perfectible
(le séisme, dont l'importance catastrophique manque cruellement de ressenti)
, rien n'est montré. Ici, Miyazaki a gardé une immense place à la technicité de l'aviation et a mis de côté l'écologique, la nature, l'aspect épique des batailles dynamiques et puissantes. L'espace décrit s'est confiné autour d'une personne que l'on ne quitte plus un instant. Plus rares sont devenus les somptueux plans larges de la terre nippone. Les personnages sont assez creux, on a du mal à bien comprendre à qui on a affaire ou leur apport véritable dans le film. Il restera de ce film un dessin malgré tout toujours aussi extra. L'ensemble se laisse suivre du début à la fin, mais force est de constater au bout que pendant deux heures, on est resté sur notre faim.