Europa Report est une production que l'on peut qualifier de série B, j'ajouterais personnellement : de bonne facture.
La trame générale m'a immédiatement fait penser à Apollo 18. Oui, 18 pas 13. Le récit est développé façon documentaire autour des images d'une mission spatiale vers Europe dont on comprend très vite qu'elle a mal tourné. A partir de là, vous imaginez bien qu'on ne va pas avoir le droit à des séquences épiques en plan large, à des travellings de dingue... non faudra faire avec des plans fixes et subjectifs.
C'est un film neutre, juste narratif, mais qui dans sa forme communique une bonne dose de stress.
Il est intéressant car il se place dans le contexte technologique actuel et il me paraît évident que le scénariste a acquis quelques notions d'astronautique (un peu moins en chime par contre, mais le public qui ne connait des ergols que le nom ou moins ne relèvera rien). Bien sur, il y a quelques invraisemblances scientifiques mais si le désir de l'équipe était de se situer plus près de la science que de la fiction, il me semble que c'est réussi.
C'est dans cet état esprit qu'il faut appréhender le visionnage. Si Europa Report fait plusieurs respectueux clins d'oeil à 2001 : L'Odyssée de l'Espace, il ne prétend pas le reproduire. Ne vous y trompez pas, ce n'est pas le même sujet, ce n'est pas le même objectif et on ne sollicitera pas notre profonde réflexion sur la portée métaphysique du film parce qu'il n'y en a pas et on peut très bien se contenter de ce qu'il a pourra nous procurer.
Evidemment que les dialogues sont mous et que les personnages sont peu travaillés : ce sont justes des mecs en train de bosser filmés par des caméras dont les images n'ont pas d'autre but que l'exploitation des données scientifiques. Je m'en foutais qu'ils nous parlent de leur gosses ou philosophent sur leur condition, leur privilège, leur sacrifice... je voulais voir le résultat de l'analyse spectrométrique des premiers échantillons. Comme quoi je me suis complètement immergé. Cette production a donc le potentiel pour divertir voire enchanter ou torturer son public.
A mon sens le montage désordonné n'est pas un mauvais choix, c'est vrai que c'est un peu chiant d'autant que l'unité de temps nous échappe complètement mais un montage chronologique aurait été beaucoup plus gonflant. C'est un artifice permettant de rythmer un peu le film je pense. La fin n'est pas indispensable, d'ailleurs elle est n'est pas terrible.
A voir avec indulgence, à apprécier dans son juste contexte, à revoir après 2001, 2010, Apollo 13, 18, Moon et Cargo, Pandorum, heu non pas Pandorum - pour se dire que finalement il est pas si mal.