35 ans après sa sortie, le grand classique de la SF qu'est "Blade Runner" fait l'objet une suite. Un projet ambitieux, probablement encore plus risqué artistiquement que ne l'était "2010" en son temps, tant le chef-d’œuvre de Ridley Scott a été référencé durant ces quatre décennies. Et pourtant c'est une excellente surprise ! Nous sommes donc désormais en 2049, et une nouvelle génération de Réplicants (humains artificiels), plus obéissante, travaille sur Terre. Parmi eux, l'agent K, policier chargé de chasser les vieux Réplicants illégaux, qui va mettre son nez dans une affaire à l'ampleur insoupçonnée. "Blade Runner 2049" se veut avant tout très fidèle à l'esprit du premier opus : outre les divers clins d’œil (littéralement !), l'univers est respecté, qu'il s'agisse des thématiques cyberpunk ou des décors. On garde même un aspect contemplatif, chose très étonnante (et agréable) pour un blockbuster à plus de 150 millions de dollars. Mais cette suite ne se contente pas de faire du réchauffé. Elle propose intelligemment et en permanence de nouvelles idées. La réflexion sur le rapport maître/esclave ou homme/outil est poursuivie, avec notamment un questionnement sur l'intelligence artificielle, la création, la condition humaine (enfin ici celle des humains artificiels). Par ailleurs, les visuels sont à tomber par terre, avec une photographie signée Roger Deakins sublime. Des plans magnifiques, une mise en scène et un montage fluides, appuyés par d'excellents effets numériques. De nombreuses scènes restent ainsi en tête après le visionnage. On peut ne pas aimer le film, mais impossible de le trouver moche ! On notera également une BO et un montage sonore efficaces, Zimmer semblant loucher du côté de Vangelis. Tout ceci contribue à élaborer cet univers aussi riche et oppressant, qu'hypnotique et immersif, qui fait passer sans mal les 2h43. L'intrigue est quant à elle finalement assez simple, mais elle est moins importante que son impact sur les personnages et leurs questionnements. Ryan Gosling est excellent en enquêteur haï de ses pairs, conscient de sa condition mais faisant néanmoins sa sale besogne sans rechigner, et plus sensible qu'il n'y parait. Il est secondé par une touchante Ana de Armas, une Sylvia Hoeks flippante en réplicante expéditive, et un Harrison Ford qui a toujours beaucoup de charisme (cependant ne vous faites pas avoir par l'affiche, il arrive assez tard). Au final, ce "Blade Runner 2049" est sans doute la meilleure suite qu'on aurait pu espérer. Reprenant le flambeau avec brio, apportant ses propres idées et son identité, visuellement impeccable. Elle subira malheureusement un cruel échec en salles, probablement du entre autres à sa lenteur anti-commerciale, et au fait que le film original est peu connu du jeune grand public.