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Un visiteur
5,0
Publiée le 12 avril 2008
Un joyau, une référence, un chef d’œuvre. Buñuel remet en cause le système moderne dans son incapacité à considérer la misère comme facteur évident de la violence accrue. Pour en témoigner de multiples personnages tiraillés, des vies dont le seul véritable désagrément reste la condition sociale. D’apparence le seul à plaindre véritablement resterait le vieil aveugle que l’on découvre vite en fasho parano, ne souhaitant que la mort imminente de ces jeunes paumés, qui lui causent du souci. Il y a aussi Ojitos, gamin abandonné qui utilise le vieillard pour ne pas avoir le ventre vide. Et les deux personnages centraux : Pedro tiré par El Jaibo dans des affaires louches où il sera bientôt question de meurtre. Si l’on peut avant tout y entrevoir une certaine complaisance pour le premier, de part sa fragilité, la balance s’équilibre lorsque le cinéaste espagnol s’intéresse au second moins attrayant en le révélant mal gâté par la vie, qu’il étaye majoritairement de vices, seuls échappatoires à son mal-être ambiant. Plus qu’un film sur les problèmes d’éducation, la tolérance, c’est le manifeste des petites classes, des réprouvés, condamnés à vivre et mourir dans la merde.
Vivant actuellement à Mexico, je me suis lancé dans ce chef d'oeuvre pour découvrir cette autre vérité sur le Mexique, loin de l'image que l'on cherche à en donner. Les olvidados, ce sont bien ces jeunes défavorisés qui grandissent dans les barrios difficiles, dans ces cercles vicieux dont on ne peut sortir. Pris au piège de leur condition sociale, de leurs fréquentations, de leur univers, beaucoup connaissent (toujours aujourd'hui) des fins aussi tragiques que celles des personnages de ce film. Grande modernité de Buñuel, qui choqua beaucoup à l'époque, alors que le pays commençait son décollage économique et que la représentation de la société dans les films concernait une infime minorité, la plus aisée (et la plus blanche). On note cependant que la question indigène est presque entièrement absente du film de Buñuel, démontrant que malgré son génie, son réalisme, et sa modernité, cette question là ne faisait définitivement pas partie des choses sur lesquelles on pouvait et peut se pencher au Mexique. Un grand classique.
Un réalisme qui nous éclate à la figure tourné avec une grande modernité. Une histoire qui traverse les décennies et qui ne vieillit pas. Quand on voit la fin on ne peut que saluer le génie de Bunuel qui a su éviter le happyend à la mode dans le cinéma de l'époque.
Alors que beaucoup considèrent "Un chien andalous" ou "L'âge d'or" comme les oeuvres les plus extraordinaires de Bunuel, j'avoue avoir adoré "Les réprouvés" ("Los olvidados" en espanol) au point de le préférer à tous ceux que j'ai vus jusqu'à présent... Visionnaire, Bunuel frappe très fort avec cette chronique sociale très dure mais incroyablement réaliste dans laquelle les images choquent et s'entrechoquent... D'un angle purement cinématographique, on notera que pléthore de réalisateurs auront par la suite copié Bunuel dans des scènes surréalistes : en témoigne la mise en images du cauchemar de Pedro, prodigieusement réussi... A mon sens, ce film est LE chef d'oeuvre absolu de Bunuel...
Los Olvidados est une oeuvre pessimiste sur la vie et sur les quartiers pauvres de Mexico. Ce sentiment de rejet suggéré par un viel infirme pervers, ou montré par une violence physique et mortelle, rend ce film sombre et audacieux. L'absence de happy end renforce l'idée d'injustice qui transparaissent progressivement pendant le film. La vie apparait alors comme une personne physique transgressant l'égalité des chances, où les notions de justice, de bien et de mal n'existent pas.
«Los Olvidados» (Mexique, 1950) est un des grands films de Bunuel. Narrant lhistoire de jeunes délinquants mexicains des années 50, le film anticipe là où Larry Clark excelle de nos jours, c'est-à-dire dans le pessimisme caché de la jeunesse. Présenté comme non-optimiste, le film laisse pantois devant la crudité de faits pourtant réels. Les trois personnages principaux souffrent de maux dont les seuls coupables semblent être la société et aussi les parents : El «Jaibo» orphelin depuis toujours a été rejeté par la société est na pour seul solution que de jouer au tyran, Pedro souffre du mépris que lui affiche sa mère ( cette souffrance est dailleurs magnifiquement illustrée dans une scène onirique filmée avec tout le surréalisme bunuelien ) et Ojitos, petit abandonné par son père et qui, pour survivre, devient le sous-fifre dun aveugle extrémiste. Bref, tous trois malheureux, Bunuel illustre leur vie comme un coup de pelle de plus dans le creusement de leur tombe. La réalisation du cinéaste est à la croisée entre le cinéma mexicain atypique et farfelu de Bunuel et le surréalisme d «Un chien andalou» (France, 1928). Mais cest surtout du côté du néo-réalisme italien que lorgne ce «Los Olvidados». La vérité de lhistoire, le socialisme débordant de luvre, la peinture pessimiste de la société, inscrit «Los Olvidados» au même rang que «La Terra trema» (Italie, 1948) de Visconti ou que «Ladri di bicilette» (Italie, 1948) de De Sica. La musique, plus classique, vient ponctuer le film à point et ne va guère plus loin que de rendre plus vivace les images. En conclusion, ce film entre le surréalisme et le néo-réalisme est une grande uvre de Buñuel, ceci parce quelle réussit à nous donner pitié pour des enfants pourtant capable dactes monstrueux ( notamment El «Jaibo» ), cest dailleurs lun des titres français de «Los Olvidados»: «Pitié pour eux».
Los olvidados (les oubliés) sont tous ces jeunes mexicains miséreux des années 50 rejetés socialement à la périphérie de la capitale suite à une misère physique et intellectuelle que leurs ont légués des générations antérieures brisées par lalcool et lanalphabétisme.
Lenvironnement déplorable quotidien que subissent ces jeunes adolescents brise une nature fondamentale de bonté que lenfant possède par défaut.
Ces gosses positionnés dans une brutalité quotidienne croupissent au jour le jour dans un monde de combines et de rapines stagnantes.
Le drame de ces enfants est purement interne, le manque total damour maternel déclenchent pour certains une approche primaire de la vie. Nayant aucune notion de tendresse, ils sont dans lincapacité de redistribuer ce quils ignorent.
A linverse de « Miracle à Milan » de Vittorio de Sica qui montrait une misère sociale atténuée par la sensibilité et la bonté distillée par Toto envers son entourage, ici le ton est dur, sans pitié.
Il ny a pas de constat matériel « riche, pauvre » à faire. Cette misère interne est localisée dans un territoire bien défini, la sécheresse totale des esprits. Un manque de positionnement digne de ces enfants dans des comportements adaptés à la logique naturelle de leurs ages les rend semblables à de véritables pierres brutes de la société livrées à eux-mêmes.
Suite à labsence dun encadrement de départ complètement inexistant, ils créent leurs propres déséquilibres en appliquant des lois scélérates.
Un directeur de prison seul personnage encourageant par son discours tolérant envers ses enfants atténue la froideur de lensemble.
Le dénouement final semble une délivrance pour Jaïbo débarrassé enfin de toute cette crasse.
Los olvidados obtint le prix de la mise en scène à Cannes en 1951.