Il est vrai qu’à côté de tous les blockbusters qui déferlent sur nos écrans à une cadence infernale, Beasts of the Southern Wild est une œuvre différente, originale, contradictoire même. Et c’est d’abord son succès qui étonne: premier (petit) film de Behn Zeitlin (2 millions de budget), les 90min proposées ici ont malgré tout réussi à attirer les regards de la presse du monde entier ainsi que des jurys professionnels… Mais lorsque l'on regarde cette œuvre, on comprend vite le succès critique du film : visuellement et musicalement très réussi, proposant quelques magnifiques plans, le film se distingue surtout grâce à son actrice principale, Quvenzhané Wallis. Du haut de ses 6 ans, cette gamine nous éblouit par son talent, mélangeant à la fois la candeur de son âge et un professionnalisme qui n’a rien à envier aux plus grandes et l’a positionnée en candidate sérieuse des derniers oscars. Oui mais voilà, The Beasts of The Southern Wild est gâché par un scénario bien trop léger et prévisible mais aussi par un réalisateur qui se perd dans son message, nous entraînant tour à tour sur le terrain du paternalisme puis de l’écologisme, du social ou encore du parcours initiatique. Et puis, au milieu de ces aurochs qui au final ne font que’occuper la pellicule, Behn Zeitlin cherche à tout pris à provoquer les larmes du spectateur, au risque de le mettre progressivement mal à l’aise et de le couper de son film. Plus que divisé, il y a de quoi ressortir mitigé de ce film magnifique, pathétique, incroyablement bien joué, scénaristiquement vide, humain, mélodramatique à outrance, sublime et pourtant très lent…