La période de la prohibition est un sujet que le cinéma n'a pas commencé à étudier aujourd'hui. Les incorruptibles, Il était une fois en Amérique ont tous traité ce sujet, de plus ou moins loin. Des Hommes sans Loi s'inscrit à mi-chemin entre le film de gangster classique et le western. Oui, le western, car ici, on n'est pas à New York ou Chicago mais dans un comté reculé en Virginie. C'est ici que la fratrie Bondurant mène son affaire, à savoir vendre de l'alcool de contrebande. Seulement, ils vont se retrouver pressurés entre leurs rivaux, la police corrompue et plus particulièrement l'un de leurs agents, Charlie Rakes. Si le frère ainé, Forrest, renfermé et massif, se refuse à changer de façon de faire, le petit dernier, Jack, aimerait bien se mesurer au gangster qu'il admire. On ne peut pas dire que l'intrigue est inédite, mais sa mise en forme fait bien vite oublier ce constat. John Hillcoat parvient à créer un vrai univers sec, violent mais où l'émotion est bien présente. Il doit en grande partie cela à son équipe de comédiens, qui se donnent sans retenue. Shia Labeouf, échappé de ses blockbusters décérébrés, livre une excellente prestation dans le rôle de Jack. Sa seconde partie de carrière s'annonce prometteuse. Howard Bondurant, le cadet, est incarné avec force par Jason Clarke. Mais malgré ses prestation de premier ordre, la performance de Tom Hardy en Forrest, tout en intériorité et grognements, remporte tous les suffrages. Jessica Chastain apporte charme et subtilité à Maggie, employée des Bondurant qui fait chavirer le coeur de l'ainé. Guy Pearce livre une performance parfois proche du cabotinage, mais dont l'objectif -à savoir dégoûter- est largement remplie. Nick Cave (également scénariste du film) livre une excellente composition, en parfaite osmose avec l'univers d'Hillcoat. Un bon film, peut être pas très original, mais qui a suffisamment de qualités artistiques à proposer. Pourquoi donc s'en priver?