Avis sur Le Masque

J'adore les vieux films policier en noir & blanc et je trouve ultra charismatique Vincent Price. On prend plaisir à voir Endora de ma sorcière bien aimée dans un autre contexte. Et on reste captivé par une intrigue simple, mais avec un bon suspense.

En 1959 l’immense Vincent Price commence à peine sa carrière dans l’épouvante de série B et il vient tout juste de boucler le diptyque sur le thème de « La mouche ». Les années 60 qui seront les années Corman vont le porter au firmament de l’épouvante baroque pour faire de l’acteur américain l’unique contre-pouvoir américain à la domination sans partage de la Hammer sur un genre sorti des limbes par les sieurs Christopher Lee et Peter Cushing qui oeuvrent à tour de bras sous la houlette de Terence Fisher. Ce petit film de série B est un réjouissant whodunit qui met principalement en valeur le talent trop méconnu d’Agnès Moorehead. L’intrigue est un peu relâchée, menée par un obscur tâcheron dont le nom ne figure plus dans aucune encyclopédie du cinéma. Mais ce qui compte c’est l’ambiance magique distillée par un noir et blanc qui vit ses dernières heures, malmené alors par les productions en technicolor produites en série à Cineccita. Les invraisemblances sont nombreuses et les raccords entre les scènes sont quelquefois un peu limites ce qui est gênant pour un film à suspense. Mais tout ceci n’est pas grave car Moorehead et Price parviennent à insuffler la dose d’humour suffisante pour faire passer le tout. Il s’agit d’un rodage pour Vincent Price qui quelques années plus tard aurait mis entièrement sa patte sur cette petite production destinée aux drive-in.

Quoiqu'on en dise le polar à énigme reste un genre difficile. Si on ne le traite pas avec finesse et subtilité on tombe dans des constructions stériles : spoiler: un suspect trop visible qui va bientôt entrer en concurrence avec un second suspect aussi visible, et évidement le coupable n'est ni l'un ni l'autre.
Autant dire qu'une "énigme" policière conçu de la sorte ne procure pas grande tension. Si on y ajoute des facilités de scénarios qui sentent l'improvisation "je partais, mais j'ai changé d'avis, je suis revenu", et une fin qui ne règle pas tout spoiler: (il y avait bien une erreur judiciaire au début, non ?)
ben ça ne fait pas le compte. Malgré une certaine ambiance, l'interprétation étonnante d'Agnes Moorehead et l'élégance de Vincent Price, tout cela s'avère bien décevant.