Avis sur La Gueule de l'Emploi

La Gueule de l'emploi (2011) lève le voile sur les méthodes employées par un cabinet de recrutement lors d’une session collective. Une immersion saisissante et ahurissante à travers laquelle on va vivre de l’intérieur cette session de recrutement étalée sur deux jours.

Didier Cros a planté ses caméras dans un building de la Défense à Paris où il ne prendra jamais la parole, il laissera ses caméras tourner, nous laissant assister à la lente décomposition des 10 commerciaux qui ont répondus à leur convocation. Ils se savent filmés, ils sont en quête d’un job et s’apprêtent à répondre à une session de recrutement comme il en existe tant d’autre. Sauf qu’ils ne s’imaginaient pas à quel point ils allaient être mis à rude épreuve. Une évaluation de compétence et tentatives de déstabilisation pour savoir jusqu’où ils seraient prêts à aller, entre adaptation et soumission, le documentaire vous glace le sang en dévoilant des méthodes peu humaines et parfois dégradantes.

C’est le cabinet de recrutement RST Conseil pour le compte de la société d'assurance Gan Prévoyance qui mène cette session de recrutement. Entre les Jeux de rôles, les tests de personnalité et les méthodes déstabilisantes voir humiliantes de certains recruteurs, on découvre l’angoisse qui gagnent les candidats. Mains moites, bouffées de chaleur ou perte de confiance en soi, il n’est visiblement pas bon d’être au chômage dans le monde du travail soumis aux lois du marché.

Didier Cros nous livre ici un documentaire choc et édifiant, qui en plus de montrer une toute autre facette de ces sessions de recrutement, met en lumière le comportement malsain de ces jeux de rôles et autres tests déshumanisants. Avec notamment les attaques parfois personnelles de certains recruteurs quand elles ne sont pas tout simplement humiliantes, personne n’est préparé à cela. On est tellement choqué par certains propos ou scènes surréalistes, que l’on se demande si l’on n’est pas face à des comédiens qui s’amuseraient à jouer aux bourreaux.

Un documentaire révoltant et à la fois très symptomatique du monde du travail au XXIème siècle. Des comportements qui sont tout simplement à gerber et qui vous dégoûte du monde du travail.

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Une équipe de tournage suit une session d'entretiens d'embauches, où un groupe de recruteurs font passer sur le grill une dizaine de candidats : tests psychologiques en tous genres, questions déstabilisantes, jeu sur la pression et le stress, etc. Le documentaire se veut simple mais percutant, avec un montage très maîtrisé (alternance entre des témoignages à posteriori et des situations embarrassantes), et des personnes sincères, et ayant parfois tellement de caractère qu'on les croiraient interprétés par des acteurs. A sa diffusion, le film fit pas mal de bruit dans le milieu du recrutement, avec d'un côté des recruteurs accusés d'être inhumains, de l'autre un réalisateur taclé pour avoir volontairement amplifier la brutalité du système de recrutement. Ainsi, "La gueule de l'emploi" est un film à charge intéressant (ceux qui ne connaissent pas les pratiques de recrutement en apprendront beaucoup), prenant, mais dont l'objectivité est à prendre avec des pincettes.

Ce film suit sur deux jours le recrutement de commerciaux pour le compte d’une grande compagnie d’assurance. Rien de bien folichon, a priori. Et pourtant c’est passionnant, de but en blanc. Il y a des moments où l’on aimerait croire que ce n’est pas un documentaire. Croire que rien n’est réel. Car ce film sur les méthodes de cabinets de recrutement fait terriblement froid dans le dos. Il y a du « Loft story », d’ailleurs, dans ces méthodes. Le seul objectif semble être de mesurer la résistance au stress des candidats par une quantité d’épreuves ridicules, déstabilisantes et humiliantes. Au fur et à mesure, des candidats sont éliminés ou quittent la partie. Un seul mot d’ordre demeure pour affronter ses adversaires : « Œil pour œil, dent pour dent ». Tout ça pour un salaire misérable, presque offensant, dévoilé à la toute fin de ces épreuves. « La gueule de l’emploi » fait partie de ces films qui laissent des traces. Le dispositif est simple, mais on le reçoit en pleine face. Oui, en pleine gueule.

La Gueule de l’emploi est un film documentaire sorti en 2011 qui démontre la cruauté des entretients d’embauche collectifs. Ce film au pitch simple m’a séduit grâce sur plusieurs points. Tout d’abord ce documentaire possède une esthétique particulière, grâce au choix de réalisation de Didier Cros, on a une image très travaillée. En multipliant les angles de vue et les caméras, il crée l’illusion d’une présence omnisciente. Pour autant rien n’a été scripté, ce qui semble impossible en le visionnant. On est en face d’une situation qui crée de la tension à cause d’évenements inhabituels. Les personnages ont des prises de parole en aparté, je n’ai pas apprécié l’idée initialement. Cependant on comprend mieux leur ressenti et leur singularité, grâce à ces portraits individuels on cerne mieux leurs diversité. Tous les participants semblent atypiques, ils ont tous une vision différente du monde qu’il veulent affirmer. Leur mauvaise foi et leur détresse peuvent provoquer chez le spectateur une certaine satisfaction menant à la catharsis. spoiler: Par exemple, dès sa première intervention Kevin ; il ne voulait pas faire de son mieux à l’activité car il avait peur d’être mis dans l’ombre. Quand à la fin du jour un, il est étonné de ne pas être retenu, nous, les spectateurs, nous profitons du moment.
Par ailleurs les manières des recruteurs dégoutent le spectateur, c’est la force du film, provoquer la division vécue par les membres de la session de recrutemment chez le spectateur. Pendant le film, une haine s’imisse contre les recruteurs, chez le specateur ou le chercheur d’emploi. spoiler: La fin met vraiment l’accent sur le personnage du grand méchant, le recruteur en chef.
Ce mélange d’émotion, provoque alors chez le spectateur une remise en question sur le recrutement effectué par les entreprises.