Avant de commencer la critique du dernier "James Bond", j'aimerais parler un peu des tragiques événements qui ont frappé Paris ce vendredi 13 novembre, soit avant-hier. Car plus qu'un besoin de se confier, c'est un devoir - de citoyen - de parler. Je voudrais tout d'abord apporter mon soutien aux proches des victimes de ces attaques infâmes et aux blessés rescapés. Comme tout le monde, je suis resté anéanti devant cet affront inqualifiable que j'ai découvert dans des circonstances banales mais significatives. Alors que je regardais tranquillement chez moi le match France-Allemagne, j'entend, comme les 80 000 spectateurs du Stade de France et les millions de téléspectateurs quelques énormes détonations, n'y prêtant, comme tous, que sommairement attention, étant captivé par la partie. C'est en fin de match que les spectateurs présents à Saint Denis et les habitants provinciaux ont pris connaissance de la vague d'attentats qui avait secoué Paris. Une vague d'attentats d'autant plus atroce et insupportable qu'elle fait écho à celle de janvier dernier, soit il y a dix mois. Cette violence barbare et inimaginable, la France n'en a pas le monopole, il faut le dire. Elle éclate toutes les semaines à travers le monde, que ce soit au Nigéria, en Irak, en Afghanistan, au Kenya, au Cameroun, au Pakistan, en Syrie, où la situation est des plus difficiles ; bref, la liste est sans fin ! Ce qui m'amène à parler de l'attentat de Beyrouth ayant eu lieu un jour avant celui de Paris, et ayant causé au moins 44 morts. Il faut parler de cet attentat, au même titre que celui de Paris, au même titre que celui d'Ankara le mois dernier, et au même titre que tous ceux qui surviennent partout dans le monde. Enfin, j'aimerais inciter les gens à ne pas se réfugier dans la haine, à ne pas faire d'amalgame, à prendre conscience dans la réflexion, à se documenter et à parler, à faire son deuil et continuer à vivre, autrement, les ordures qui nous ont attaqué auront gagné. C'est là que la culture intervient, qu'elle est utile. Il faut continuer à s'évader, à aller au ciné, au théâtre, au musée, à des concerts... Il faut vivre. Ceci était peut-être hors-sujet, n'avait peut-être rien à voir avec le cinéma, et la sortie du dernier "James Bond", mais c'était indispensable, parce qu'on ne peut, parce que je ne peux rester indifférent face à ce qui s'est passé ! "Spectre" maintenant. Le nouveau film dédié à l'agent 007 envoie du lourd, mais déçoit. Dans ce film, James Bond devient plus humain et en même temps plus héroïque que dans "Skyfall". Il dézingue à tout va, emballe par-ci par-là, cours sur tous les toits et ne picole presque pas ! En fait, "Spectre" est un pur condensé de la saga, il y a tout : une belle James Bond Girl, un grand méchant (mais pas par sa taille), des belles voitures (DB5, DB10...), des cascades de folies et un homme de main musclé. Malheureusement, c'est trop. Ou du moins, le scénario ne réussit pas à rendre le tout homogène et surtout original. Car, si il n'y a rien à reprocher à la mise en scène de Sam Mendes, le script est quant à lui assez mince. Le teaser laissait pourtant présager un mystère planant et consistant... Le fait est qu'en 2 heures et demi de film, le long-métrage ne réussit pas à mettre grand chose sous la dent du spectateur en matière de nouveautés et de révélations. Car si on aime voir du classique (femmes, voitures, gadgets...) en matant un "James Bond", on espère toujours que le dernier sorti révélera son lot d'anecdotes et de gourmandises qui lui sont propres. Or, ici, mis à part l'aspect formel, on ne voit rien de vraiment nouveau... Le scénario est peu profond, certains personnages annoncés comme importants sont anecdotiques : la Lucia Sciarra de Monica Bellucci, avec tout le respect que je lui dois, ne sert qu'à figurer au panthéon des conquêtes de Bond, car si cette partie du film avait au moins un réel lien avec l'histoire, ou qu'elle présenterait des caractéristiques formelles intéressantes, ça irait, mais là juste non quoi ! Il se dégage également du dernier "007" une nette impression de marketing, le long-métrage étant rempli de placements de produits (voitures, habillements, montres, technologie ou encore boissons) tellement nombreux et ostensibles qu'on croirait regarder parfois un spot publicitaire de plus de deux heures (!), mais aussi une impression de "too much", due aux énormes moyens déployés (promotion et budget) et du manque de pragmatisme de certaines scènes. Vous me direz, le placement de produit n'a rien de nouveau dans la franchise, c'est aussi le jeu, et tant que les "James Bond" restent bon(d)s, je ne trouverai rien à redire. Vous me direz aussi, le pragmatisme est l'ennemi d'un vrai "James Bond", et les moyens déployés ici sont quand même remarquables... "Spectre" reste malgré tout bien interprété (un Daniel Craig en forme, une Léa Seydoux rayonnante mais peu importante, et un Christoph Waltz bon mais trop peu charnu) et à couper le souffle visuellement, ce qui n'est pas négligeable finalement.