Bon, pour ma critique du nouvel opus de La Planète des Singes, on ne va pas trop s'attarder sur la forme et plus particulièrement sur la motion capture, les chaînes de télévisions et bons nombres de critiques s'en étant déjà chargées. Et si vous me lisez après avoir jeter un œil à quelques avis au préalable, vous savez de quoi il en retourne, pour les autres, on va faire rapide : la motion capture est magnifiquement utilisée.
Voilà ceci étant dit on va pouvoir passer à autre chose, la mise en scène.
Car si le battage médiatique autour de ce film s'est surtout fait autour de cette fameuse technologie, on a assez peu entendu parler de la mise en scène en tant que telle alors que p*tain, elle claque quand même méchamment !
Il est rare de voir tant d'audace formelle dans un blockbuster estival, en plus tentpole (mot appris grâce au Fossoyeur de Films, merci à toi) de la Fox de cette année 2014 qui a coûté au studio la modique somme de 170 000 000 $. Matt Reeves, également réalisateur de Cloverfield (sûrement le meilleur Found Footage à ce jour) et Laisse-Moi Entrer (très bon remake du film scandinave Morse) nous étonne à refuser à plusieurs reprises l'emploi d'un classique champ / contre-champ pour filmer une conversation au profit d'un long plan prit avec un certain recul de sorte que le spectateur puisse voir un peu ce qui l'entoure. Ces longs plans, le metteur en scène américain les aime puisqu'il nous en ressert plusieurs dont deux assez jouissifs et ingénieux. Un où la caméra est posée à côté d'un canon de char permettant de découvrir, à mesure que ce canon pivote, le chaos de la scène de siège et un autre, un plan séquence incroyablement tendu et dynamique où Malcolm se trouve dans une maison pour aller y chercher des médocs pendant que les primates foutent la zone.
Malheureusement, et c'est la seule chose que l'on pourrait reprocher à cet "Affrontement" (enlever le suffixe à ce sous-titre et vous avez le meilleur qualificatif pour cette traduction française) le scénario est en partie assez décevant par son classicisme, comme si les trois scénaristes du film s'étaient dit "vu que ce sont des singes, on peut se permettre de faire dans le cliché, les spectateurs seront trop c*ns pour s'en rendre compte". On a donc droit au vieux sage (Maurice) qui fait aussi maître d'école à temps partiel quand il n'est pas occupé à conseiller César, le petit furieux qui veut tuer tout les humains (Koba) et le fils rebelle qui rejette l'autorité de son père (Yeux Bleus). Et à trop vouloir multiplier les personnages (autant du côté primate que humain) pour donner de la diversité au propos, on finit par n'avoir que des coquilles vides aux intentions prévisibles. Ainsi Dreyfuss (joué par le très bon Gary Oldman), protagoniste pourtant intéressant se fait torcher son passé en 30 secondes dans une scène certes émouvante mais bien trop courte et mal amenée. Ce point noir plombant ainsi de la même manière le fait que Les Origines crachait un peu trop facilement à la tronche des humains. Element qui a totalement disparu ici au profit d'une plus grande neutralité et objectivité du conflit (avec son lot de « bonnes personnes » et de salauds), nécessaire pour montrer ce que le film tenait à montrer : que les singes, inéluctablement, reproduisent les mêmes erreurs que les Hommes. Comme si l'apport d'un certain lot de connaissances et d'aptitudes intellectuelles poussaient une espèce à redoubler d'ingéniosité pour se foutre sur la gue*le, rappelant un certain 2001 L'Odyssée de l'Espace où le premier stade d'évolution montré se caractérisait par une branche, utilisée comme une arme par un singe, pour battre à mort un membre d'un clan rival (d'ailleurs les 10 premières minutes de cet opus sont aussi causantes que les 30 premières du film de Kubrick, preuve encore de l'audace du long-métrage).
Mais le film ne s'arrête là pour renforcer cet impression d'indifférenciation entre les primates et l'Homme, au-delà du fait que les relations tendues entre les deux clans ne soient pas sans rappeler celle entre Israël et la Palestine (plus que jamais d'actualité), dont le moindre incident isolé peut déclencher un nouvel affrontement, c'est dans la manière dont va débuter la guerre que l'on comprend que le singe peut utiliser les mêmes stratagèmes de s*lopes que nous pour parvenir à ses fins. En-effet (et là ça va un peu spoiler) l'attentat commit par Koba contre son propre camp pour ensuite faire accuser les humains fait penser à l'incendie, en 1933, du Reichstag (parlement allemand) qu'avait perpétré Hitler pour faire accuser les cocos (fin du spoil). Certains aspects du nazismes se retrouvant également dans le discours des singes avec le délire « famille, patrie en priorité quitte à être un peu raciste » tant certains haïssent les humains au plus haut point.
Loin d'être un blockbuster estival décérébré, Dawn of the Planet of the Apes, malgré ses bons gros clichés, s'avère être une réflexion intéressante sur les difficultés de créer une société tout en évitant les erreurs que l'Homme a autrefois commises ainsi que sur la cohabitation fragile entre deux peuples qui vivent dans un climat d' « équilibre de la terreur ».
Il s'agit, qui plus est, d'une très belle réussite formelle.