La sévérité du public, et des critiques pour ce film de Ridley Scott, n'a rien à voir avec sa médiocrité artistique. Elle est essentiellement due au manque d'empathie actuelle du public européen pour le Christianisme. Trois choses le prouvent. La baisse vertigineuse de la fréquentation des églises en 30 ans. L'indifférence scandaleuse avec laquelle les médias publics occidentaux traitent les massacres et persécutions récurrents de Chrétiens, en Inde, au Moyen-Orient, en Afrique, en Chine et en Corée du Nord. Enfin, argument massue, Scott a réalisé d'autres films, tout aussi médiocres, sinon plus, que cet "Exodus", et le même public, et les mêmes critiques ont crié au génie. C'est le cas de "Gladiator", et de "Prometheus", dont nos critiques sont consultables sur allociné. Les vraies raisons justifiant le caractère décevant de cet "Exodus", viennent de cette manie qu'a Scott d'accorder une importance extrême aux décors et aux effets spéciaux, sans montrer la moindre rigueur sur l’articulation de son intrigue, et sur le choix de ses dialogues. Aucune rigueur non plus sur la psychologie de ses personnages. Les rapports entre Moïse et Josuah sont totalement escamotés. En fait, là où il y avait des « trous » dans le récit biblique, des possibilités d’apporter un étoffement scénaristique, Scott n’apporte rien d’innovant ou de créatif. L'un de ces principaux trous : "Pourquoi Ramsès revient-il sur sa décision de laisser partir les Hébreux ?" Scott évoque une motivation revancharde, mais il ne le fait que par une brève scène du berceau, sans approfondir. Par contre lorsque les ressorts dramatiques sont clairement établis dans le récit biblique, Scott ne les exploite que de manière très maladroite et confuse. Exemple, la scène de confrontation entre Ramsès et sa famille recomposée, où il apprend la vérité sur les origines de Moïse est tout, sauf claire. Pas plus de clarté non plus, dans celle où Moïse entend la vérité sur lui-même, pour la 1ère fois. Encore plus obscures sont les dialogues entre Moïse et sa femme, sur le partage des ressources entre son peuple et le sien. Outre leur caractère ambiguë, on doit aussi déplorer dans ces dialogues une fréquente incongruité : soit trop modernes dans le choix des mots, soit trop ordinaires, sortant de la bouche de Pharaons, ou de notables. Pénible en fin de compte.