Michael Roskam est un p´tit gars bourré de talent. On l’avait déjà bien remarqué avec son excellent Bullhead, récompensé aux Oscars en 2012. Le cinéaste belge enchaîne cette fois-ci avec un polar américain, son premier film en langue anglaise et accessoirement seulement second long-métrage, soutenu par une distribution quatre étoiles : Tom Hardy, Noomi Rapace, James Gandolfini (dans son dernier rôle avant sa triste disparition) et sa muse Matthias Schoenaerts. Adaptation d’une nouvelle de Dennis Lehane (Mystic River, Shutter Island) que l’écrivain a lui-même supervisé, The Drop en VO, nous entraîne dans les bas-fonds de Brooklyn, direction un « drop bar », ces établissements servant de dépôts à la mafia new-yorkaise…
Quand Vient la Nuit n’est pas le film le plus palpitant de l’année. Les briques qui l’érigent, n’ont pas été sculptées dans l’action trépidante, le suspens haletant ou le rythme effervescent. Au contraire, Quand Vient la Nuit est un film lent, mélancolique, un film où se dessine quelque-chose dans l’obscurité des couloirs de son intrigue. Dans la lumière, rien ou presque rien. Des silences, des échanges concis et tranchants comme des lames de rasoir, des rapports de force, des présences fantomatiques, des interactions fascinantes, des scènes intimistes volatiles captées avec grâce. Qu’est-ce qui tient alors l’ouvrage droit dans ses bottes ? La tension. Seulement la tension, rien que la tension. Son atmosphère lourde et suffocante, tout en retenue glaçante, en apesanteur et en incarnation crépusculaire, rappelant en cela le cinéma d’un James Gray voisin, est à elle-seule ce qui tient en haleine de bout en bout dans ce drame envoûtant, sombre, prêt à imploser à chaque instant comme un moteur en sur-régime dont on perçoit la crispation tout en redoutant cet instant T où sa mécanique millimétrée va craquer.
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