Avis sur Robinson und seine wilden Sklavinnen

Jésus Franco a des hauts et des bas, mais maintenant que je connais tout de même assez bien sa filmographie, une première réalité apparait : il est nettement plus doué dans le registre comique que dans les autres. Cette adaptation un peu érotisante de Robinson Crusoé en est une manifestation supplémentaire.
En effet, ce film est simplement excellent. Pas parfait certes, mais excellent quand même, dans le genre d’un Célestine bonne à tout faire, en moins foncièrement érotique.
D’abord, ce qui surprend c’est la qualité de l’image. Si les costumes sont minimalistes (ce qui joue malgré tout dans l’aspect comique du film), en revanche, la photographie est superbe, et les décors de grande qualité, spécialement certains paysages luxuriants d’une réelle beauté formelle. Franco met bien en valeur ses plantes en plus (autant humaines que végétales), avec une mise en scène dynamique, parfois un peu maladroite, mais qui, loin des effets expérimentaux cultivés parfois par le réalisateur, s’avère vraiment plus que séduisante. Très beau visuellement, le film est aussi accompagné d’une bande son charmante, un peu discrète mais bien sympathique. A noter que le film est plus sexy qu’érotique en fait, car on ne verra pas grand-chose de sexuel ici. C’est plus proche (et même en un peu moins explicite) des comédies grivoises anglaises de la même époque où l’on allait, grand maximum, vers des femmes dénudées, et où on tentait, parfois, quelques scènes de sexe discrètes et simulées.
Le casting est bon lui aussi. C’est assez rare chez Franco, mais pour le coup ici il a choisi un acteur principal parfait. Yehuda Barkan signe une composition très drôle, et il a une vraie tête à jouer Robinson, et à faire de la comédie. A la hauteur, il est entouré surtout d’habitués de Franco. Anne Libert notamment, magnifiquement entourée de charmantes actrices et qui utilise sa photogénie pour convaincre, et Howard Vernon qui trouve l’un de ses personnages les plus improbables ! Il n’est d’ailleurs pas le seul en fait, car les principaux « cannibales » sont joués par des Occidentaux bien peu indiens, et Vernon est l’un d’eux ! Même si on voit bien que ce n’est pas un indien, il s’investit avec beaucoup de malice et de bonne volonté, et comme il est loin d’être un tâcheron niveau jeu d’acteur, ça donne un résultat qui n’est pas pour rien dans le caractère comique réussi du film.
Le scénario est loufoque, puisqu’ici Robinson est un scientifique qui s’embête entouré de personnes rabat-joie. Et son île, loin d’être un Enfer, du moins au début, est un coin paradisiaque (ou presque !) où les femmes ont des atouts ! Très dynamique, dotés de situations cocasses qui par moment laissent vraiment penser à un nanar assumé (coup de poing qui passe à 20 centimètres, personne ligotée qui pourrait visiblement se détacher très facilement tant les liens ne sont pas serrés…), bourré de second degré et de loufoquerie, gentiment sexy, c’est 1 heure 20 euphorisante ! En tout cas je me suis vraiment amusé devant ce film, autant que devant Célestine bonne à tout faire, dont ce film a absolument l’esprit. D’ailleurs Vernon a joué dans les deux.
Pour autant, ce Robinson est plus tout public que Célestine qui était nettement plus marqué érotique. Beaucoup trouveront sans doute ce métrage idiot, surtout s’ils attendent une adaptation fidèle de Defoe, mais les vrais cinéphiles sauront reconnaitre un moment de cinéma hautement fendard où souffle la générosité, la fraicheur, et de réelles qualités visuelles. 4.5