Avant d’entrer dans le vif du sujet, j’aimerai apporter un peu de contexte à cette critique. Je suis un fan de Star Wars. J’ai vu tous les films. Je ne suis pas un détracteur de la prélogie même si je reconnais qu’elle a de nombreux défauts, en particulier l’épisode 1, la Menace fantôme, qui était jusqu’à présent le plus mauvais Star Wars à mon goût. J’ai aimé l’épisode VII, Le Réveil de la Force, un très bon épisode relais, malgré son manque d’originalité et certaines incohérences de son scénario. Mais j’espérais que l’épisode VIII apporterait les réponses et l’originalité qui manquait à son prédécesseur.
La première partie de cette critique est très légère en termes de spoilers dans le sens où j’évoque les personnages et certaines scènes majeures du film juste pour donner mon ressenti, sans jamais décrire les évènements. Dans la deuxième partie, mes critiques sont spécifiques à des scènes et des personnages particuliers et je ne peux éviter les spoilers.
Soyons directs, Les Derniers Jedi ne répond strictement à aucune attente. C’est le plus mauvais film de la saga Star Wars. On en vient presque à se demander si le nommer Le Dernier Star Wars n’aurait pas été plus approprié, c’était d’ailleurs peut-être inconsciemment ce qu’avaient en tête Rian Johnson, Kathleen Kennedy et JJ Abrams. Car les jedi ne sont-ils pas au cœur de l’identité de Star Wars ?
Se drapant dans une posture prétendument originale, Les Derniers Jedi ne parvient à se démarquer que par sa médiocrité, son manque d’ambition et son manque de goût. Il n’a rien de ce qu’on aime voir dans un film Star Wars, une série dont l’identité est pourtant bien définie. Cet échec est parfois volontaire et se retrouve dans des choix d’écritures très discutables qui sous une façade de nouveauté cachent un énorme problème de cohérence. Mais il est aussi souvent involontaire, le fruit d’une incompétence étonnante à mettre en scène des évènements dramatiques et engageants pour le spectateur.
Loin d’être original, Les Derniers Jedi suit la structure narrative de L’Empire contre-attaque (c’est annoncé dès le début du film et je dois avouer que ma mâchoire s’est décrochée quand j’ai lu cette sinistre déclaration d’intention à l’encre jaune) tout en y ajoutant une des scènes clés du Retour du Jedi. Les trois quart du film sont donc du déjà-vu. Si cela était acceptable pour l’épisode précédent qui se voulait un relais générationnel, on était en droit d’attendre autre chose du second épisode de la postlogie. Le reste du film est original dans sa médiocrité. Ainsi la principale situation dramatique du film est très mal mise en scène. Ça n’a absolument aucun sens malgré toutes les élucubrations du scénario pour tenter de justifier les évènements. Le film souffre aussi d’incohérences d’écriture et ce à quelques minutes d’intervalle. Deux scènes successives entre le général Hux et le leader suprême Snoke viennent à l’esprit.
Du côté du scénario de la trilogie, Les Derniers Jedi n’apporte aucune réponse. Rien n’est expliqué. Oubliez toutes les théories que vous pouviez avoir, elles seront balayées par le vide cosmique de cet opus. Et dans le cas d’un personnage, le film va encore plus loin en insistant lourdement sur le fait que rien n’est à expliquer. La mythologie entourant la Force est à peine évoquée et aucun apport n’y est fait. Tout ce qui a été esquissé dans l’épisode précédent est presque totalement ignoré. Il apparaît évident que le scénario des trois épisodes n’a pas été écrit en même temps et qu’aucune cohérence avec l’univers de Star Wars n’est assurée. De mon humble avis, c’est un gigantesque bras d’honneur aux fans de la saga et dans une moindre mesure aux personnes qui aime les scénarios bien écrits.
On ne peut d’ailleurs parler de la saga Star Wars, sans mentionner le personnage de Luke Skywalker, son héros principal. Ce dernier est malheureusement anéanti par Les Derniers Jedi. Son caractère n’est pas respecté, ses choix invraisemblables. On ne peut qu’éprouver de la compassion envers Mark Hamill qui se retrouve le complice de cette farce. Il se trouve que l’acteur avait évoqué dans la presse son désaccord total avec les scénaristes quant aux choix faits pour son personnage. On comprend quand on voit le massacre à l’écran.
Les Derniers Jedi souffre aussi d’un humour lourd et à côté de la plaque. On y retrouve le mal du temps : cet humour parodique qui empoisonne tous les films Marvel. Il se révèle ici particulièrement nocif vu qu’il détruit toute création de tension et de dramatisation. Sans ces deux éléments, il est très difficile de s’intéresser à ce qui se produit à l’écran. Le film abuse aussi des gags pas drôles et caricaturaux. Ainsi les antagonistes secondaires, Hux et Phasma, sont ridicules, et le premier est un véritable bouffon. On est très loin de l’humour fin, caractéristique des anciens Star Wars que l’épisode 7 avait pourtant su recréer.
Le film introduit de nouveaux personnages. Ces derniers n’apportent rien de très intéressant et se révèlent être des caricatures de personnages gentils ou roublards. Le rôle d’un de ces personnages est de donner des leçons de morale dont la profondeur ne dépasse pas la portée du « l’esclavage, c’est pas bien », « la guerre c’est mal et les vendeur d’armes sont méchants ». On reconnaît là la patte Disney à l’action. Au final, on ne parvient pas à s’attacher à ces personnages creux et qui ont un côté presque « fast food ».
Pour ce qui est des personnages principaux, il n’y a pas grand-chose à dire.
Finn est rétrogradé au rôle de personnage secondaire et de ressort comique. Poe reste dans la caricature du pilote d’élite. On a vraiment du mal à être captivé par ces deux personnages.
Rey reste égal à elle-même et ça en devient lassant. Il est étonnant de voir aussi peu de progression dans un personnage principal. Au niveau de ses pouvoirs, le film poursuit dans les erreurs du Réveil de la Force.
Kylo Ren est le seul personnage qui évolue. C’est loin d’être original mais c’est à noter. Il reste néanmoins un « méchant » raté qui pâlit à la comparaison avec Darth Vader. Justement, un des problèmes majeurs de cette trilogie est le niveau faible de crédibilité et d’adversité de ses antagonistes. On a le sentiment d’avoir à faire à des méchants de seconde zone et cela contribue à affaiblir les enjeux du film. Encore une fois, Phasma et Hux sont des méchants de pacotille
Au niveau des anciens personnages de la saga, malgré un rôle difficile, Mark Hamill assure une performance plus qu’honorable. C’est d’autant plus triste quand on voir à quel point il est desservi par l’écriture de son rôle. C3PO, R2D2 et Chewie sont anecdotiques, ce qui est bien dommage. Carrie Fisher est sans plus mais là encore cela est dû au scénario qui lui retire du temps de présence au profit d’un personnage secondaire totalement inintéressant.
Un point qui ressort de cet opus est qu’il s’agit sans doute du film le plus influencé par Disney et cela se voit à l’omniprésence du marketing. Le film présente lourdement les nouveaux accessoires et figurines qui ne manqueront pas d’apparaître sur les étals des magasins Disney. Plusieurs scènes avec des enfants sont à cet égard particulièrement insupportables.
Enfin, Les Derniers Jedi ne parvient pas à élever le niveau d’enjeux et d’’adversité. Fort au contraire, il parvient à diminuer ces derniers et ainsi à affaiblir son successeur. On ressort de la salle avec une idée assez précise de ce que sera l’épisode 9. C’est du jamais vu dans une trilogie (Star Wars ou autre) où le rôle d’un second épisode est d’amener les évènements à un point de tension maximale avant leur résolution dans l’épisode final.
A partir de maintenant, on entre en mode pur spoilers et je vais plus ou moins suivre le déroulement du film.
Le premier drame survient alors que le petit pitch d’intro apparaît en lettres jaunes. Je dois avouer que mon visage s’est décomposé quand j’ai lu que la résistance devait évacuer sa base pour fuir le premier ordre. Exactement la même situation de départ que L’Empire contre-attaque. Vive l’originalité !
Puis le film s’ouvre avec une scène de gaga entre Poe Dameron et le général Hux. Au début, ça fait sourire et on se dit que ça va partir sur autre chose mais le gag continue et continue et continue… Hux est un véritable bouffon. Ce personnage devrait être démis de son poste de commandement. Je ne comprends pas comment il peut rester à la tête des armées vu son manque de charisme et son ridicule. Enfin cette scène marche à contre-emploi et ne construit aucune tension pour la suite qui est une bataille spatiale. Et là on a le droit à une des premières incohérences du film, Poe détruit les canons de défense des vaisseaux du premier ordre sans qu’aucun chasseur TIE ne soit lancé à sa poursuite. Ça n’a strictement aucun sens… S’en suit une scène avec des « bombardiers » de l’espace. Là aussi, on est dans du grand n’importe quoi. Ces bombardiers sont super lents et de taille moyenne. Or dans Star Wars, si on met les navires amiraux de côté, la vitesse est la clé de la réussite et de la survie. Le fait que ces bombardiers soient considérés comme un moyen efficace de combattre est juste stupide. Au passage, on a le droit à un faux moment d’émotion autour d’un personnage anonyme, ce qui nous rend totalement indifférent à son sacrifice.
Peu après, deux scènes extrêmement mal pensées dans leur enchaînement voient le général Hux se faire réprimander à coup de force push par Snoke pour son incompétence puis un peu plus tard féliciter par Snoke pour son « ingéniosité » à pourchasser la résistance. Ça n’a pas beaucoup de sens car Hux n’a rien fait pour mériter ces félicitations quand on sait que le premier ordre utilise juste une nouvelle technologie de traque. De plus, le contraste entre la menace de mort de la première scène et les louanges de la deuxième est frappant. Au mieux, Snoke aurait dû juste rappeler à Hux qu’il n’est pas passé loin de l’exécution.
Parmi les autres moments d’humour lourd, on notera le réveil de Finn avec ses tuyaux d’eau, les bouffonneries du Général Hux qui passe son temps à pousser des cris de fasciste d’opérette ainsi que la cruauté caricaturale de Phasma.
Dans la catégorie humour nuisible à l’enchaînement des scènes, on retiendra l’entraînement de Rey par Luke où le coup de la feuille pour chatouiller les mains est juste digne d’une sitcom. De la même manière, les retrouvailles entre Luke et Leia qui s’ouvrent dans un climat de tension maximale, sont vite ruinées par la blague débile de Leia sur sa coupe de cheveux.
Mais le summum revient à la scène d’ouverture de l’arc Luke/Rey. Cette scène commence là où Abrams avait arrêté le film précédent dans un échange de regards plein de tension et d’émotion et une envolée musicale enivrante. Malheureusement Johnson anéantit cette scène en nous présentant un Luke soudainement aigri et nonchalant qui jette le sabre laser derrière lui. En plus de ne pas être du tout cohérent avec le film précédent, ce n’est juste pas drôle. Ce sabre symbolise toute la saga et cela avait été très bien rappelé dans le film précédent lorsque Rey entendait les voix de presque tous les jedi importants des 6 premiers épisodes. Ce geste est déplacé et fait figure de premier bras d’honneur aux fans. Il sera le premier d’une longue liste…
Le personnage de Rey est inintéressant pendant tous les évènements se déroulant sur l’île. Elle répète en continue les mêmes paroles à Luke : « La résistance a besoin de vous ». L’entraînement de Rey est une farce. Luke ne lui enseigne rien. Elle apprend à manier un sabre laser toute seule car c’est clairement trop facile. Luke n’évoque même pas le côté obscur et son danger. D’ailleurs le côté obscur se résume à un trou dans cet opus. Loin de développer les mystères du premier temple jedi (quel potentiel gâché !) et de la présence de Luke en ces lieux, le film élude complètement ces mystères et n’apporte rien. Rey est juste déclarée comme étant super puissante et on reste dans le délire d’un personnage qui apprend à manier la force toute seule depuis l’épisode 7, sans aucun entraînement. C’est du grand n’importe quoi. Quand on compare à la progression maîtrisée de Luke qui utilise la force instinctivement dans Un nouvel espoir tout en étant entraîné par ObiWan, puis utilise la force consciemment dans L’Empire contre-attaque mais ne parvient pas à faire voler des rochers et est entraîné par Yoda, et enfin est capable d’utiliser la force décemment dans Le Retour du Jedi. De même dans la prélogie, Anakin, le jedi de la prophétie, est juste capable d’utiliser la force instinctivement dans son film d’ouverture. Encore une fois, il est bien mentionné que sans entraînement, on ne peut maîtriser la force. Or sans aucun entrainement, Rey parvient à battre à deux reprises Kylo Ren, qui lui a été entraîné depuis son plus jeune âge dans les arts de la Force. C’est un des cas où Les Derniers Jedi déconstruit complètement la saga et l’univers Star Wars, au mépris de toute cohérence. Ce genre de procédé d’écriture relève de la fainéantise et de l’irrespect. C’est absolument nul. Que les origines de Rey passent à la trappe, malgré le flashback de l’épisode précédent, on pourrait comprendre. Mais qu’il n’y ait rien pour expliquer sa capacité à utiliser la Force sans l’aide de personne, c’est juste nul. En plus d’être inexistant, l’entraînement de Rey parvient à contredire toute la mythologie de Star Wars. Luke lui dit d’accéder à la force en utilisant ses sentiments… Or s’il y a bien une chose que les jedi n’utilisent pas, c’est leurs sentiments. C’est ce qui fait toute la différence entre jedi et sith. Un tel niveau d’exactitude est navrant et on reconnaît dans toute cette séquence le deuxième bras d’honneur à l’égard de l’univers et des fans.
Quant à Luke Skywalker, je pense n’avoir jamais vu une destruction aussi absolue de tout ce qui fait l’essence d’un personnage. Là où le Han Solo de l’épisode VII était un chef d’œuvre de fidélité, Luke est aux antipodes de tout ce qu’il incarnait dans la première trilogie. Au premier chef, on doit avaler le fait qu’il ait considéré l’idée de tuer son neveu Kylo Ren. Ce dernier n’avait encore commis aucun acte mauvais et n’était même pas tombé du côté obscur de la force. Vous n’avez pas rêvé, on parle de Luke, le gars qui dans la première trilogie était prêt à donner une chance à son père, le plus grand meurtrier de la galaxie, allant jusqu’à subir une longue torture aux mains de l’empereur pour pousser son père à repasser du côté lumineux. On a du mal à concevoir un tel niveau d’incohérence. Mais ça ne s’arrête pas là. Luke refuse d’aider sa sœur alors que cette dernière l’appelle à l’aide et qu’Han Solo est mort. Là, on demeure muet de stupeur. Où est passé le héros qui mettait ses amis et sa famille au-dessus de tout. Le massacre ne s’arrête malheureusement pas là. Dans un grand moment d’originalité, Johnson décide de tuer Luke. Ce n’est pas comme si on n’avait pas vu tous les maîtres jedi précédents mourir dans Star Wars. Cette fausse bonne idée est suffisamment mauvaise en elle-même mais cela pâlit face à la manière dont elle est mise en scène. Alors que l’affrontement à coup de projection entre Luke et Kylo Ren était plutôt bien pensé et malin, tout laissait à croire que Luke survivrait à cette « rencontre ». Mais non, il s’effondre ensuite sur son petit rocher et meurt car sa « batterie » est déchargée. Quelle mort antihéroïque. C’est la mort la plus nulle du cinéma. Avec son traitement du personnage de Luke Sywalker, Johnson fait son troisième bras d’honneur aux fans de la saga.
Mais ce n’est pas terminé car les muses de la médiocrité s’étaient toutes données rendez-vous pour ce Star Wars. Intéressons-nous maintenant à Snoke. Il faut reconnaître que ce dernier est plutôt bien présenté et mis en valeur au début du film, que ce soit dans son traitement de ses sbires : Hux et Kylo Ren (la pique sur le masque est vraiment de bon goût) ou sa petite leçon de force à Rey. Mais tout d’un coup, Johnson décide d’être original et nous offre un copier-coller raté de l’affrontement de fin du Retour du Jedi. Et là on se demande où on est. Comment un être aussi puissant que Snoke peut ne pas voir venir la trahison de Kylo Ren. En plus d’être un faux rebondissement, la mort de Snoke reitre au film et à la postlogie tout adversité et enjeux. Car Snoke était le seul qui avait une stature de grand méchant. Kylo Ren est un méchant d’opérettes qui ne fait pas peur et a déjà été vaincu deux fois par Super Rey car en plus d’être une championne de sabre laser, elle est maintenant devenu une spécialiste de la force. En tuant Snoke, le film se débarrasse donc du seul méchant qui faisait peur au profit d’un adolescent ridicule et looser. Comment une telle décision a-t-elle pu être validée ? Qu’on est loin de l’adversité redoutable de Darth Vader et l’empereur, le premier ayant défait Luke avec aisance lors de L’Empire contre-attaque de la trilogie originelle. On passera sur le combat qui suit contre les experts d’arts de mêlée asiatiques, tous droits sortis d’un film de Bruce Lee. Ces personnages sans noms, ne possèdent pas la force et ne constituent donc aucun challenge pour Super Rey et Kylo. Et là, le film décide d’innover en nous montrant le caractère fairplay de Kylo Ren qui décide de ne pas utiliser la force pendant presque tout le combat. Alors que deux forces push et trois lancers de sabre auraient réglé l’affaire. On est à des années lumières de l’incroyable scène de combat de Rogue One. Si la garde prétorienne de Snoke avait été remplacé par les chevaliers de Ren, tous utilisateurs de la Force, cela aurait donné un combat dramatique et à l’issue incertaine.
Mais si ces choix débiles ne constituent qu’une preuve d’incompétence, ils ne nous font pas oublier le manque total de réponses quant aux origines de Snoke. Comment un utilisateur de la force aussi puissant est-il parvenu à se cacher aux yeux de l’empereur. La réponse est évidente : les scénaristes n’avaient aucune explication et se sont donc débarrassés de Snoke pour ne pas avoir répondre à cette question. Cela constitue le quatrième bras d’honneur aux fans de la saga.
De plus, l’épisode VII nous avait promis la fin de l’apprentissage de Kylo Ren (lorsque Snoke dit à Hux qu’il est temps de terminer l’entraînement de Kylo) et on aurait pu espérer voir un entraînement version côté obscure qui aurait constitué un contraste intéressant à l’entrainement de Rey. Cela aurait été aussi l’occasion de découvrir les chevaliers de Ren et leurs traditions. D’ailleurs on remarquera que les chevaliers de Ren ont juste disparu… sans doute encore un moyen de ne pas expliquer/détailler quelque chose qui aurait pu être intéressant.
Pour revenir sur la prétendue originalité du film, ce dernier adopte une structure narrative constitué de 4 arcs :
•l’introduction du film qui commence par une scène d’ouverture grandement inspirée de L’Empire contre-attaque (l’évacuation de la base rebelle et la « course-poursuite »),
•le développement de l’intrigue des personnages principaux et secondaires. C’est le seul moment où le film sera original, que ce soit l’aventure au casino de Finn et Rose, la mutinerie de Poe, le match de Rey et Kylo sur Tinder et le non entraînement de Rey. Ces scènes sont médiocres et originales…Excepté le non-entraînement de Rey qui est un copier-coller raté de l’entraînement de Luke avec Yoda.
•la confrontation entre les protagonistes et les antagonistes. Là on a le droit à un pompage du Retour du Jedi. Rey joue le rôle de Luke, Kylo est Darth Vader, Snoke est l’empereur. Cela va de la torture de Rey à la loupe pour montrer la flotte rebelle en train d’être détruite. La conclusion de cette scène est la trahison de Kylo… Que c’est original !!! Cela s’enchaîne avec le désaccord entre Rey et Kylo qui ressemble énormément au non de Luke à Darth Vader à la fin de L’Empire contre-attaque. Quelque chose de bien plus original aurait été de faire un « switch » entre Rey et Kylo Ren. Avoir ce dernier retourner du côté lumineux et Rey passé du côté obscur, ça aurait été surprenant et aurait donné un troisième film bourré de tension…
•La conclusion du film est à nouveau un copier-coller de L’Empire contre-attaque. Il est d’ailleurs particulièrement intéressant de voir que le film sent le besoin de préciser que c’est une planète de sel et pas de glace, tentative vaine de se distancer de la bataille de Hoth.
Mais il faut rendre à César ce qui est à César. Le film innove avec les « force sms » entre Rey et Kylo. Cela donne lieu à des scènes inintéressantes et la naissance d’une espèce d’idylle entre les 2 personnages. On a le droit à une petite scène érotique gratuite, nous offrant à nouveau la chance de contempler l’humour débile de cet opus avec la remarque stupide de Rey. Bon, je crois qu’il n’y a pas de mots pour décrire ces scènes. De plus, il n’y a rien d’organique entre l’intérêt soudain que se portent Rey et Kylo. Ça ne paraît absolument pas crédible au vu de leurs interactions passées. J’espère maintenant juste qu’on aura une scène de sexe dans le prochain épisode pour au moins récompenser ceux qui auront eu le courage de le regarder.
Pour ce qui est de Kylo Ren, ce denier est moins « emo » et inintéressant que dans l’opus précédent. Mais il ne parvient pas à nous faire peur et son accession au statut de grand méchant est une erreur. On sait qu’il va juste se prendre une troisième raclée et cela tue toute envie d’aller voir le film suivant dont l’issue est déjà connue.
Les Derniers Jedi parvient à décevoir dans d’autres biens d’autres domaines.
On notera le cinquième bras d’honneur aux fans que constitue la mort hors écran de l’amiral Ackbar. Plutôt que de tuer ce personnage secondaire, adoré par les fans, il aurait mieux valu nous épargner l’insipide Vice-Amiral Holdo. Ce personnage sorti de nulle part, n’apporte rien d’intéressant si ce n’est des discours convenus et une stratégie de communication en-dessous de tout. Sa mort ne suscite aucune émotion car on n’a pas le temps de s’attacher en 30 minutes à un perso sorti de nulle part. Il aurait été préférable que son rôle soit joué par Ackbar, au moins il serait mort avec plus de panache. D’ailleurs le vice-amiral est un personnage délirant. On doit gober qu’elle se balade en robe alors que tous les autres militaires sont en uniforme ? C’est du beau délire. Il est évident qu’elle sert de « plot device » pour créer une fausse tension entre elle et Poe qui n’a pour but que de nous faire croire que Poe fait quelque chose durant cet épisode. L’utilisation de la vitesse-lumière comme arme de destruction massive est du grand n’importe quoi. Si c’est facile, pourquoi ne pas l’avoir utilisé plus tôt contre la flotte de Hux, ou contre l’arme « Starkiller », ou contre l’étoile de la mort. Cela constitue une incohérence majeure au niveau de la saga.
Dans un autre registre, introduire la capacité de traquer les vaisseaux lorsqu’ils sont en vitesse lumière est encore une fausse bonne idée. Tout le principe de la rébellion des épisodes précédents reposent sur le fait qu’il n’est pas possible de traquer un vaisseau une fois qu’il est en vitesse lumière d’où le développement des rayons tracteurs empêchant de passer en vitesse lumière où l’utilisation de mouchards (cf. précédents Star wars). Mais là encore, il fallait inventer une trame pour Finn et Rose afin que ces derniers ne donnent pas l’impression de servir à rien… et au final ils ne servent d’ailleurs à rien.
Je ne reviendrai pas sur le personnage de Rose qui est manichéenne à en crever. On retiendra juste qu’elle arrive même à saboter la mort héroïque de Finn qui aurait été le seul moment fort de ce personnage.
Finn et Rose nous offrent d’ailleurs l’un des chapitres les plus inoubliables de cet épisode. Le monde casino est une gigantesque pub marketing pour les futurs jouets de Disney et tous les passages avec les enfants sont à gerber (la scène avec les montures est horrible). On ignorera aussi le hacker d’un Del Toro complètement en roue libre. D’ailleurs tout cela nous fait oublier que le point de tension majeur du film est que la flotte de la résistance est en train d’être détruite par le premier ordre dans une scène totalement invraisemblable par sa durée. On ne comprend pas pourquoi le premier ordre n’envoie pas juste tous ses chasseurs pour régler ça illico presto. On passera aussi le fait qu’il est visiblement facile de rater l’aller-retour du vaisseau de Finn/rose alors que ce dernier ne profite d’aucune diversion pour quitter puis rejoindre la flotte.
D’autres scènes irréalistes viennent à l’esprit dont la scène de bataille sur la planète de sel. C’est un cas d’école du syndrome consistant à faire du beau pour du beau en dépit de toute logique. Il faut reconnaître que la traînée rouge sur fonds blanc des « speeders » est très jolie mais si on met ça de côté, ça n’a strictement aucun sens militaire de charger des AT&T. Ils n’arrivent même pas à en détruire ou en ralentir un seul. Le film a beau copier L’Empire contre-attaque, il ne parvient même pas à l’égaler.
Par ailleurs, on applaudira au passage l’inutilité de Phasma. Ce personnage ne fait pas peur, ne gagne jamais, est vraiment très méchant… Pauvre Gwendolyne Christie. On espère juste que le personnage est enfin mort.
Les personnages iconiques de Star Wars sont anecdotiques, ce qui est bien dommage car c’est eux qui véhiculent en général l’humour de Star Wars. On appréciera juste la petite scène de chantage moral de R2D2 qui est l’un des temps forts du film.
Pour ce qui est de BB8, il passe de ressort comique sympathique dans l’opus précédent à deux ex machina dans cet épisode. Il est drôle par moments mais il y a trop de choses à jeter.
Loin de se contenter de maltraiter les vivants, Johnson décide aussi de troubler le repos des morts, en la personne de Yoda. Dans un autre contexte, j’aurai applaudi mais là il y a trop de déchets pour tomber dans le piège de cette manipulation nostalgique. Et au passage, on a le droit à une première lorsque Yoda parvient à interagir avec le monde matériel pour faire tomber la foudre. Du jamais vu dans la saga…
Pour finir, la dernière scène du film est consternante de nullité. On y reconnaît l’horrible patte marketing de Disney qui utilise un enfant pour vendre aux enfants des « lamas » de course et des bagues de la résistance. Et horreur absolue, un gamin de 8 ans peut utiliser la force consciemment sans entraînement. C’est juste lamentable et cela constitue le dernier bras d’honneur aux fans.