Évitant le piège caractéristique du tire-larme, réservant les effets de l’émotion avec un sens habile du timing, son film retrouve l’une des forces du livre : au-delà de la situation de ses amoureux, il invite à dépasser le drame pour pointer le caractère précieux de la vie, dans ce qu’elle a de plus simple, et de plus essentiel. Sans jamais prétendre à donner de leçon sur tout ce que la maladie implique, le film aborde avec honnêteté des points précieux. La façon dont Hazel se présente, une grenade prête à tout dévaster sur son passage, illustre très justement les conséquences de la maladie sur l’entourage d’un malade. Confrontés dès leur plus jeune âge à la mort, nos deux héros en esquissent une notion lucide, apaisée, et par leur attitude peu conventionnelle, ils consacrent l’urgence non pas à cette issue inévitable, mais à tout ce qui peut être vécu avant cela. La douleur est évoquée, la peur aussi, mais tenue à distance par un humour souvent savoureux. Une jolie histoire d’amour, qui trouve son rythme et gagne le public avec facilité, d’autant que les évènements offrent un contraste parfois saisissant, tordant le cou à toute tentation de guimauve trop prononcée. Le personnage de Peter Van Houten, parfaitement incarné par le génial Willem Dafoe, est exemplaire à ce titre. Des dialogues enlevés plutôt que des effets d’émotion, de rares ralentis mesurés plutôt que des envolées de violon, ce mélo dénote et séduit, assuré il est vrai d’un atout essentiel : la qualité de son casting. Dans les rôles de Hazel et Gus, Shailene Woodley et Ansel Elgort font preuve d’une belle maturité de jeu. Que l’on ait apprécié ou pas leurs précédentes prestations, ils sont cette fois parfaits. Si l’usage du mouchoir est conseillé, l’émotion est de qualité.