Cette expérience c’est celle d’une crise de non-larmes, éprouvante, inouïe.
Avant on embellit l’instant avec des mots, beaucoup, si peux, trop ou trop peu par pudeur, en poussant, quand il faut quant à la violence des sentiments qui nous habitent. On s’emplit les yeux de belles images, de beaux sourires, d’une belle rencontre, de regards en quête, perdus aux confins du passé. Cependant que l’on s’emplit le cœur de la pureté du don que ces immenses acteurs nous livrent, parmi la riche palette de leurs sentiments devant la caméra!
Un gros cœur surtout que celui de Xavier Dolan pour permettre à tous les autres de tant exister à l’écran. Quel cadeau ce Mommy ! Cadrage humain, lumière envoutante, musique émouvante. Mais vraiment, impossible d’oublier la folie dévastatrice et hyper-aimante d’Antoine-Olivier Pilon, Steeve, dans cette extraordinaire performance d’acteur ; la merveilleuse générosité aux mots et parcours brisés de Suzanne Clément, Kyla, quelle riche subtilité de jeu ; l’incroyable force de vie contre tous les chaos d’Anne Dorval, Diane, Die, ni tous les autres acteurs. Mais j’avoue : Die m’a tuée, à fracasser les larmes de sa déchirure à coups de poings sur ses joues pour laisser place à des cris murés par la déraison du don, jusqu'à l'abandon de soi, aux tréfonds d’un regard porté vers la folie!
Belle Anne Dorval vous êtes une grande, très très, très grande, immense actrice! Tabarnak de tabarnak ! Et que dire de tous les autres sinon comme Kyla, nous retournant vers l’écran en quittant la salle, que dire d’autre que « Merci » dans un souffle court, submergeant d’émotion ? Suzanne Clément le fait si bien avec une telle douceur dans le regard !