Avis sur Happy birthday Mr Mograbi

Il y a un domaine dont les israéliens peuvent être fiers, c'est le cinéma, avec de nombreux réalisateurs honnêtes, qui osent dire la vérité. Avi Mograbi est l'un d'eux et, dans "Happy Birthday Mr Mograbi", il ose contredire ce qui, dans ce pays, fait figure de vérité officielle : il rappelle qu'en 1948, avant la colonisation de la Palestine par l'état d'Israël, il y avait 418 villages en Palestine, avec des écoles, des hopitaux, des cultures, des oliveraies. Les habitants ont été chassés, ou bien ont dû s'enfuir, les bâtiments ont été détruits et, seuls, les bosquets de figuiers de barbarie indiquent qu'il y avait un village habité près de leurs emplacements. Par ailleurs, ce film qui date de 1999 est assez foutraque et part un peu dans tous les sens, permettant quand même de voir la monstrueuse hypocrisie du premier ministre de l'époque, un certain Benyamin Netanyahou, dit Bibi.

A l'occasion des 50 ans d'Israël, Mograbi est sollicité pour faire un film sur cet évènement. Avec l'augmentation du chômage, le sujet évolue et d'autres histoires viennent se mêler à l'aventure; un réalisateur anglo-palestinien lui demande de l'aider dans son projet de documentaire sur la confiscation des biens de palestiniens entre 1945 et 1948 ainsi qu'une erreur administrative qui a conduit à agrandir la maison que Mograbi fait construire au dépens de son voisin qui ne peut faire ériger la sienne. Cela est d'autant plus délicat que sa maison est déjà revendue.
La part de fiction n'est jamais explicitée mais on voit très bien comment cette dernière histoire articule les deux autres et les illustre.
Mograbi réussit un film sans équivalent entre le triomphe de la célébration de l'anniversaire et de la culpabilité de la naissance (et de la croissance) de l'Etat.