"Desierto" est à ranger dans la catégorie des films inclassables, tant par le mélange des genres, thème de la frontière et de la folie humaine, que par ce qui émane brillamment de cette traque démoniaque aux clandestins dans le désert de Sonora !
Jonás Cuarón avant même son travail impeccable au service de cette histoire démentielle, accomplit à mon avis un défi encore plus grand et remarquable dans ce qu'il apporte au niveau du questionnement de l'homme, et ici d'un seul (!), dans sa capacité à développer une détermination sans bornes dans le but unique de tuer, d'éliminer ce qu'il considère selon lui, comme parasites ou indésirables...
On reste scotché dans son fauteuil à observer cette violence, cette cruauté, que ce chasseur (incroyable Jeffrey Dean Morgan) a plaisir à ressentir dans son corps et dans son esprit, sans jamais renoncer, sans jamais douter et dont ce fusil à lunette mais surtout ce chien terrible et effroyable, véritable double en animal, sont les complices infaillibles !
Triste reflet de cette Amérique xénophobe et armée jusqu'aux dents...
Cette poursuite morbide dans un désert sidérant et magnifique, univers allié ou ennemi lui même, est aussi transcendée par le jeu de ces migrants (Gael Garcia Bernal, très bon) ou de ce qu'il en reste, femmes et hommes pourchassés comme des lapins, dont cette traversée devient un véritable cauchemar éveillé.
Ce qui est d'autant plus poignant lorsque l'on sait que des faits similaires se sont produit dans pareilles situations, elles bien réelles !
Le cinéaste maintient et augmente graduellement une tension, une pression extrême dans la montée de cette folie de vouloir tuer, d'aller jusqu'au bout de ce besoin de vouloir exterminer ceux qui n'ont pas grâce aux yeux de cet individu.
Effrayant, effarant, révoltant, ce film interroge avant tout sur le pourquoi ou la raison de ces actes barbares, dont l'Histoire n'a malheureusement que trop d'exemples à décliner !
Car oui, l'Homme aimera toujours en son for intérieur faire sa propre justice, faire ce qu'il croit bon, en pensant toujours avoir le droit et être en mesure de juger autrui, et jusqu'à dans les cas extrêmes, appliquer sa propre sentence sans jamais se remettre lui-même en question.
Un film avant tout centré sur cet aspect fondamental, plus que sur le côté politique face à la situation en place au niveau de cette fameuse frontière qui aura fait couler beaucoup d'encre et de sang...
Dans tous les cas, on en ressort fébrile, apeuré, mais content de se retrouver parmi la foule et la ville, quoique... ?