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    Les Lumières de la ville
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    stans007
    stans007

    17 abonnés 1 232 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 avril 2021
    Un incontournable du cinéma: c’est fort, c’est beau, c’est tendre, c’est drôle, souligné par une musique (composée par l’auteur) millimétrée, avec des scènes d’anthologie (l’inauguration avec pied de nez aux adeptes du parlant, la boxe, les retrouvailles finales). Je suis un inconditionnel du génie de l’indémodable Chaplin.
    Sylvain P
    Sylvain P

    299 abonnés 1 330 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 21 mars 2021
    Comme toujours chez Chaplin, de la poésie et des sketchs muets pour dénoncer l'injustice et la misère. Les Lumières de la ville font se rencontrer deux mondes : le vagabond et l'aveugle rencontrent le luxe des richissimes épucuriens. Une vision de l'Amérique du siècle dernier qui n'a pas foncièrement changé.
    Le D.
    Le D.

    178 abonnés 890 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 17 mars 2021
    "Les lumières de la ville" est un film que j'ai trouvé plutôt pas terrible. Je trouve qui a vraiment beaucoup de longueurs, les scènes comiques me font trop rire et ce que je trouve dommage c'est que les scènes intéressantes ne sont pas longues mais celle que je trouve mauvaise sont trop longues. Après l'histoire est plutôt pas mal et il y a de très bons personnages.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 19 janvier 2021
    Avec l’exil de Murnau sous les tropiques, la sortie des Lumières de la ville en 1931 demeure le principal acte de résistance d’un cinéma muet rendu obsolète avec l’arrivée du parlant. Coupé dans son élan, le muet donnait pourtant à voir, à la fin des années 20, une exponentielle richesse des modes d’expressions cinématographiques. S’il avait subsisté une décennie supplémentaire, il ne fait nul doute que le muet aurait encore davantage été porté au firmament du septième art. Un rendez-vous manqué avec l’histoire en somme. Pour capturer la parole, la caméra s’est alourdie, le cinéma s’est lié au théâtre. Si certains comme Hitchcock ou Lang s’y sont rapidement accoutumés, d’autres furent de farouches résistants. Chaplin est de ceux-là. Persister dans la pantomimie en raillant la technique moderne était un risque considérable. C’est pourtant dans ce contexte que Chaplin nous a livré ses deux plus belles œuvres : les Lumières de la ville, puis les Temps modernes.

    Toutefois, les Lumières de la ville donne à Chaplin l’occasion de se familiariser avec les techniques d’enregistrement du son. La musique et certains sons distinctifs sont enregistrés par le biais d’un orchestre lui-même dirigé par l’homme à tout faire qu’est Chaplin. En dénaturant la parole par du bruitage inaudible, Chaplin raille simultanément au cours de la première séquence du film l’utilisation du langage verbal au cinéma qui n’est pas son mode d’expression naturel, et la vacuité de toute prise de parole politique. Si l’on se limite à ses longs métrages, les Lumières de la ville est aussi la première incursion de Chaplin au cœur d’une grande ville. Le Kid, l’Opinion publique, la Ruée vers l’or et le Cirque mettaient à chaque fois Charlot aux prises avec la province ou les bas-fonds urbains. Depuis, la crise de 1929 est passée par là et ses effets se ressentent rapidement même au sein des lieux en apparence moins exposés. La ville moderne invisibilise le vagabond. Pour dormir dans l’espace public, Charlot doit se cacher sous la bâche qui recouvre un monument. Lorsque l’homme que le politique souhaite à tout prix dissimuler se révèle au grand jour lors de l’inauguration des statues, la colère gagne les détenteurs d’un pouvoir glané par la dissimulation et la flagornerie. Chaplin appuie là où ça fait mal en désignant la ville comme le théâtre des apparences policées. De la même manière, une trappe semble vouloir aspirer Charlot dès qu’il s’attarde devant la vitrine d’un magasin pour contempler un mannequin. En Amérique comme ailleurs, tous ne semblent pas pouvoir jouir des mêmes droits. Sur la route, les véhicules chassent progressivement les piétons. Pour traverser, notre héros infortuné doit enjamber ou traverser les véhicules.

    Cependant, la ville moderne reste une jungle comme le suggère la présence du zoo et de l’éléphant dans la ville. S’il s’agit du lieu de toutes les opportunités, ces dernières sont bien souvent délictueuses. Les basses combines côtoient la violence et les braquages. Une certaine idée de l’envers du rêve américain. Dès le début du 20e siècle, Chaplin pose les bases du désenchantement qui contaminera les œuvres de la décennie 70. La prison, l’une des plus importantes structures sociétales ne semble plus remplir sa fonction : elle ne réinsère pas les condamnés. Charlot en sort vêtu de haillons. Il est encore plus précaire qu’au cours de son entrée dans l’édifice pénitencier. Lors de son périple, Charlot sauve un aristocrate du suicide. Pour les favorisés, tout ne semble pas aller pour le mieux. La nécessité de répondre aux besoins physiologiques laisse place au désabusement d’une classe qui ne peut vivre que de chimères et de monotonie. Avant l’heure, la ville mondaine prend des allures felliniennes. La cacophonie règne au restaurant et lors des soirées organisées par l’aristocratie. Les fêtes ne sont que mascarades où l’on se tortille pour tuer le temps. De nos jours, ce désabusement a gagné les classes moyennes avec la démocratisation des boîtes de nuit, un lieu dénaturé de la mixité sociale où tout un chacun traine son spleen de manière individuelle. Heureusement, l’alcool a pour effet de redessiner les perspectives. Ivre, l’aristocrate voit en Charlot un allier de fortune ou d’infortune selon les épreuves qui s’offrent aux oiseaux de nuit. Sobre, le millionnaire ne reconnait même plus son comparse et le rejette au caniveau.

    Ce quiproquo donne à Chaplin l’occasion de réinventer les Jeux de l’amour et du hasard de Marivaux. Au contraire de l’aristocrate distant, Charlot est un pauvre qui aide des pauvres. Tout le prédestine à s’unir avec la jeune vendeuse de fleurs atteinte de cécité. Comme pour le vagabondage, la société ne reconnait pas davantage le handicap. L’aveugle est une quasi mendiante qui doit s’acclimater au trottoir. En recouvrant la vue à la fin du film, elle peut s’élever de sa condition et accéder au statut d’employée de magasin. Mais au départ, elle confond Charlot avec un riche. La petite vendeuse de roses se prend alors à rêver du prince charmant. Puisque nous ne sommes pas chez Disney, un véritable prince ne prendrait pas la peine de détourner le regard vers la jeune fille peu gâtée par la vie, cela est suggéré à la fin du film lorsque la miraculée de la science semble reconnaitre son séduisant bienfaiteur. Non, son protecteur est le dernier des ploucs, un être ridiculisé par des enfants vendeurs de journaux qui ne peuvent pourtant pas se targuer de jouir d’une situation sociale beaucoup plus avantageuse. Pour aider sa belle, Charlot est prêt à donner sa chemise, au propre comme au figuré comme le souligne le gag de la pelote de laine. A force de conviction et surtout d’entourloupes, il y parviendra au prix de sa liberté.

    Les Lumières de la ville est aussi une affaire de mise en scène. En cela, Chaplin se fait discret, nous ne verrons pas de longs travellings ou d’artifices qui esquissent la vision subjective de l’auteur. Chaplin recherche l’efficacité et se met en quête du rythme parfait. Perfectionniste, il fera rejouer plus de 300 fois la scène de la rencontre entre Charlot et la vendeuse. Deux séquences burlesques sont des sommets de sa filmographie. La première est le combat de boxe d’une durée de plus de six minutes. L’alternance entre les plans cours, la surimpression et surtout le plan séquence au service de la technique millimétrée de Chaplin et de ses comparses du ring font de ce match pas comme les autres un monument du pantomime. La seconde séquence est totalement différente, mais tout aussi digne de louanges. Il s’agit de la séquence des cambrioleurs et du retour de Charlot avec l’aristocrate ivre au domicile de ce dernier. Avec les différents usages du pistolet, le placement, la menace des cambrioleurs dans l’espace et l’arrivée du policier, Chaplin combine un impressionnant mélange des comiques de gestes, de situation, de répétition et de caractère. Pour ce qui est du rire, la mission est accomplie, mais Chaplin l’avait annoncé en préambule du Kid, il espère toujours émouvoir. Le final des Lumières de la ville est sans doute son chef-d’œuvre en la matière. Sans forcer, Chaplin réussi là où l’immense majorité aurait entourloupé le spectateur pour lui arracher des larmes à grand coup de pathos ou d’effets appuyés. La vendeuse a recouvré la vue, mais c’est par le geste et la réminiscence tactile qu’elle se met à y voir clair : son prince n’était pas charmant, mais il existait bien réellement, plus proche qu’elle ne pouvait l’imaginer. Seul le muet était en mesure de susciter une émotion d’une telle pureté cinématographique.
    CH1218
    CH1218

    152 abonnés 2 754 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 19 décembre 2020
    Charlie Chaplin entame, à la fin de l’année 1928, ce qui deviendra le plus long tournage de sa carrière tout en refusant de se plier au code du parlant. Film sonore malgré tout mais sans dialogue, « Les Lumières de la Ville » allie, avec tout le savoir-faire de ce génie, burlesque et émotion. C’est du grand art. On s’amuse devant les frasques de Charlot lors de l’anthologique séquence de boxe et on s’émeut chaque fois que le petit vagabond côtoie la belle fleuriste. Notons que la fin, profondément émouvante, fait (fera) chavirer même les plus endurcis.
    Nicolas L.
    Nicolas L.

    66 abonnés 1 656 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 31 octobre 2020
    Un petit bijou. Du très grand Chaplin. Une critique acerbe de la société, des gags souvent très drôles et oui une poésie de dingue à faire pleurer un militaire ! Un film sans paroles sur un personnage sans le sous qui tombe amoureux d'une femme sans la vue. C'est beau, émouvant et la scène finale me transcende à chaque vision. Un bijou je vous dis !!
    JCADAM
    JCADAM

    3 abonnés 366 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 25 septembre 2020
    Ce n'est pas le meilleur de Chaplin, toutefois il y a quelques séquences mythiques comme l'excellent combat de boxe, à contrario d'autres sketchs sont plus lourds et un peu répétitifs. La mise en scène est toujours parfaite est le scénario est beau, avec une dernière scène inoubliable, par contre l'extravagance du riche alcoolique est un peu agaçante est irréaliste. Dans l'ensemble l'œuvre reste solide.
    Catherine C.
    Catherine C.

    6 abonnés 160 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 septembre 2020
    Le cinéma est déjà passé au parlant quand Chaplin tourne les Lumières de la ville le mettant en scène avec une jolie fleuriste aveugle et un millionnaire qui ne ne se rencontrent jamais. Très sensible à la jeune fleuriste, Charlot lui achète une fleur et suite à un malentendu elle le prend pour un millionnaire. Il rencontre un vrai millionnaire et sympathise avec lui quand ce dernier est ivre mais à jeun, ne le reconnait pas et le rejette. Le film est d’une extrême sensibilité, aidée par la superbe musique. Chaplin en profite pour montrer la vie des plus démunis et leurs batailles de tous les jours pour s’en sortir. Un véritable chef d’œuvre.
    Ricco92
    Ricco92

    175 abonnés 2 085 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 7 septembre 2020
    En 1927, Le Chanteur de jazz a révolutionné le cinéma en lui amenant le parlant. Dès lors, le public raffole des "talkies" et oublie les stars du cinéma muet. Charles Chaplin, lui, n’en a que faire. Contre toute attente, en 1931, il choisit de perdurer dans l’art qui l’a rendu célèbre et Les Lumières de la ville sera une fois encore un film muet (le générique précise d’ailleurs que c’est une comédie romantique en pantomime).
    Toutefois, si le film n’est pas parlant, il est malgré tout sonore. En effet, Chaplin s’amuse avec le son. spoiler: La première séquence donne le ton : le discours d’inauguration de la statue est constitué d’un bruitage permettant au cinéaste d’exprimer le peu d’amour qu’il possède pour la parole mais également de se moquer de la vacuité des discours des hommes politiques.
    Tout au long du film, il continuera à utiliser le son soit à des fins narratives spoiler: (l’hymne américain qui suit ce discours, la musique écoutée sur le tourne-disque, les bruitages de coup de feu et de piano…)
    soit à des fins comiques par l’intermédiaire de bruitages spoiler: (ceux entendu lorsque Charlot mange des pâtes, le sifflet avalé par le vagabond, les bruits de cloches pendant le combat de boxe…)
    .
    Pour une première, Chaplin possède donc une totale maîtrise du son et va même jusqu’à composer la musique du film de manière brillante (bien que ne sachant pas lire la musique ou jouer d’un instrument). Les thèmes sont mémorables et restent gravés dans l’Histoire du cinéma pour toujours.
    D’un point de vue de l’image, Chaplin reste égal à lui-même, c’est-à-dire un expert de la narration par la pantomime et un véritable perfectionniste : le tournage dura six mois et la séquence où la fleuriste prend le vagabond pour un homme riche nécessitera 342 prises, un record ! Cette dernière semble pourtant assez simple et c’est là que réside le génie de Chaplin : la simplicité apparente résulte d’un travail acharné et d’une recherche constante de la plus grande efficacité.
    Cette fluidité se ressent aussi dans le scénario. Chaplin réussit une fois de plus à mêler une histoire d’amour et un humour toujours aussi efficace. On peut autant éclater de rire spoiler: (notamment devant la scène de boxe)
    qu'être ému spoiler: (dans les séquences avec la fleuriste)
    .
    Ainsi, ce dernier long-métrage où la voix de Chaplin est totalement absente (on l’entendra chanter dans Les Temps modernes) est donc une fois de plus un pur chef-d’œuvre qui ne peut que plaire à tout cinéphile qui se respecte.
    AdriBrody
    AdriBrody

    7 abonnés 557 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 septembre 2020
    Du grand Chaplin, que dire de pus. J'y ai été moins sensible que Le Dictateur ou Les temps modernes, mais c'est un autre classique de ce réalisateur de génie. Les classes sociales sont encore le thème principal, mais traité différemment. C'est un amour impossible entre une riche demoiselle et un jeune homme assez pauvre. De fait que le femme est aveugle, elle ne sait pas qu'il est pauvre.
    De cela, quiproquos et comiques de situations s’enchaînent à la perfection. Chaplin gère les moments drôles des moments plus touchants.
    Comme d'habitude, on retient surtout une scène, qui est ici pour moi la scène du combat de boxe. Drôle, efficace, que demander de plus ? C'est un humour qui marche toujours. J'ai bien rit devant mon écran. M'arracher un sourire est déjà une réussite, mais un rire c'est une réelle preuve de perfection.
    lewis
    lewis

    2 abonnés 50 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 19 mai 2020
    Toujours un peu délicat de noter et d’estimer un film d’une autre époque, et celui-ci en particulier, car s’il est peut-être l’un des plus aboutis de Chaplin, en même temps, il est en retard sur son temps d'un point de vue technologique, a un moment où le cinéma parlant prend son essor pour rapidement détrôner le cinéma muet. Malgré cela, on appréciera un scénario qui met en avant de nombreux personnages (ce qui est peu le cas chez Chaplin), un rythme enlevé, et surtout un personnage de Charlot très maîtrisé, drôle et émouvant à la fois, et qui nous offre quelques scènes cultes, dont je retiendrai en particulier la scène du combat de boxe.
    JacksVDL
    JacksVDL

    16 abonnés 19 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 mai 2020
    . Parce que, tout en nous offrant des scènes follement drôles - à l'image de la 1ere séquence, 'Les Lumières de la Ville est certainement l'un des films les plus dramatique de Charlot.
    Sous une apparznte légèreté, le lot de malaise des personnages est palpable. Mais surtout chaque protagoniste sans exception montre une facette assez moche de l'homme en société :
    Le Milliardaire amical et généreux seulement quand il est saoul, son Majordome méprisant, les deux gamins s'amusant au dépend de Charlot. Et même la jeune fille ayant retrouvé la vue.
    Tout le film est marqué par cette vision de l'individu, sans recourir au misérabilisme ou au jugement.
    La dernière séquence du film condense tout cela avec une simplicité et une richesse d'émotions inégalable ;
    . "Séduire une femme qui ne voit pas,
    émouvoir un public qui n'entend pas". Tel est l'essence de ce dernier film muet de Chaplin - joliment souligné par cette extrait de Critikat.
    Le génie Charlot s'était ici livré à un défi de taille, dans un moment charnière du 7eme art.
    . Pour les scènes de l'inauguration de la statue , celle du sifflet, du combat de boxe, et bien d'autres bijoux comiques.
    Jack G
    Jack G

    2 abonnés 175 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 avril 2020
    Les années 1930 voient la production des longs-métrages les plus aboutis de la filmographie de Charlie Chaplin, avec en premier lieu : Les Lumières de la ville (1931).
    A la sortie de sa dernière réalisation, le Cirque, en janvier 1928, le cinéma muet est déjà sur le déclin et le public se désintéresse de plus en plus du silence des bobines. Toutefois, Chaplin reste sceptique à l’égard du cinéma parlant en émergence, craignant d’y perdre le charme poétique des films muets. Décidé à rejeter cette nouvelle technologie, il commence, dès la même année, à travailler sur son nouveau projet. Et en décembre 1928, le tournage des Lumières de la ville démarre.
    Néanmoins, perfectionniste depuis ses premiers longs-métrages, Charlie Chaplin fait preuve d’un zèle incroyable et multiplie les prises afin d’obtenir le meilleur rendu possible. Ainsi, la scène où la belle fleuriste aveugle confond le vagabond avec un homme riche a nécessité plus de 300 essais, car il fallait trouver un ressort pour que la jeune femme parvienne à déterminer le critère de la richesse sans posséder la vue. Bien que cette implication professionnelle et ce souci du détail ne peuvent que conforter la crédibilité du film, la conséquence la plus manifeste se retrouve dans la durée de tournage, considérablement rallongée, pour s’achever au bout de 21 mois de travail, en octobre 1930. Entre temps, le krach boursier de 1929 a profondément touché la société américaine et marque le début d’une longue période de récession, plus connue sous le nom de « Grande Dépression », dont les effets néfastes commencent à être dénoncés dans les productions de Chaplin, alors que le cinéaste est déjà engagé depuis plusieurs années dans la critique de la misère sociale. De plus, en mars 1930, le « code Hays » a été voté mais son application n’est effective qu’à partir de 1934, ce qui préserve le film de cette censure.
    Malgré le fait que Chaplin ait décidé de tourner le dos au cinéma parlant, il n’ignore pas pour autant cette nouvelle technologie et réalise son premier film sonore de manière dérisoire et sarcastique. Grâce une scène d’introduction légendaire où il n’hésite pas à se moquer habilement des institutions et de la société, Chaplin rend les discours des protagonistes inaudibles, exprimant ainsi son avis sur l’utilité des paroles au cinéma et confirmant ainsi sa position de défenseur du cinéma muet. Encore une fois, Chaplin sait nous surprendre et nous démontre, au passage, sa polyvalence et sa large palette de talents, allant même jusqu’à composer lui-même la musique du film.
    Le scénario, lui aussi, voit le jour grâce à la créativité du cinéaste. Au départ, Chaplin avait pour projet de jouer un clown qui perd la vue et qui s’efforce de le cacher à sa fille. Ce n’est que plus tard que lui vient l’idée de la jeune femme aveugle. Malgré ce changement, la cécité est restée au centre du sujet depuis le début. Séduire une femme qui ne voit pas, émouvoir un public qui n’entend pas, voilà le double défi que se lance le perfectionniste et ambitieux Chaplin. Toujours au sujet du scénario, il est d’ailleurs pertinent de souligner que la scène hilarante du combat de boxe est directement empruntée au court-métrage Charlot boxeur (1915), réalisé par le même auteur lors de la période Essanay.
    Au début de l’année 1931, Les Lumières de la ville sort au cinéma, un pari du cinéaste sur l’avenir, à un moment où le muet n’a plus la côte et où l’accueil qui lui sera réservé peut décider de l’issue de sa carrière. Et sans surprise, ce cinquième long-métrage reçoit un accueil triomphal, l’un des plus grands de sa carrière, avec des recettes estimées à plus de trois millions de dollars (pour un budget deux fois moindre). Plus grande réussite de Chaplin selon le British Film Institute et sélectionné par le National Film Registry en 1991 pour intégrer la prestigieuse et intemporelle Bibliothèque du Congrès américain, Les Lumières de la ville est incontestablement un triomphe dans un contexte qui ne lui est pourtant pas favorable.
    Désormais à l’aise dans le mélange des genres, Chaplin profite une nouvelle fois d’allier l’utile à l’agréable, en offrant une comédie qui recèle également une grande part d’émotions et de critiques sociales. Que ce soit avec un milliardaire qui n’est généreux que quand il est ivre ; avec une foule indifférente, voire moqueuse, à l’égard du mendiant Charlot ; l’injustice de la police qui enferme un innocent ; ou encore, la vie misérable d’une pauvre aveugle et de sa grand-mère, qu’un propriétaire n’hésite pas à déloger faute de ressources financières, Chaplin s’attaque une nouvelle fois aux travers d’une société qui exclue les miséreux. Et comme si cela ne suffisait pas, l’émotion est au rendez-vous grâce à une romance magnifique, dont l’épilogue se déroule dans l’une des scènes les plus bouleversantes de l’histoire du cinéma, « la plus grande performance d’acteurs » selon James Agee. Sans tomber dans le pathos ou les sentiments mielleux, cette histoire d’amour entre deux individus de basse condition évite les pièges du romantisme et arriverait même presque à nous faire oublier la relation difficile qu’entretenait Charlie Chaplin et Virginia Cherrill lors du tournage. Cette dernière, issue d’une famille rurale et modeste, obtient ici son premier rôle, le meilleur d’une très brève carrière, dont le personnage de la fleuriste aveugle et fragile marque l’apogée. Charlie Chaplin n'éprouvait aucune sympathie pour cette jeune femme qu'il trouvait mondaine et peu consciencieuse dans son travail, allant même jusqu’à envisager de la remplacer par Georgia Hale, qui avait fait sensation dans La ruée vers l’or (1925). Mais avec ses incroyables yeux bleus et son apparence fragile, la jeune actrice, presque plus connue pour être l’épouse de Cary Grant trois ans plus tard que pour sa carrière au cinéma, était la seule à savoir mettre le doigt sur l’émotion voulue par Chaplin.
    Avec ce succès triomphal, Chaplin confirme son rang de mythe du cinéma muet et parvient à passer le cap redoutable du passage au sonore, qui a brisé la carrière de nombreux comédiens. Comme l’a dit Michel Chion, « Les Lumières de la ville est un véritable manifeste pour le muet ».
    Ce long-métrage drôle, bouleversant et satirique occupe l’une des places les plus prestigieuses dans la filmographie de Chaplin, un triomphe confirmé par le grand Orson Welles pour qui ce film était le plus beau de tous les temps. Alors lorsque deux monstres du cinéma se rejoignent, l’objet de leur création ou de leur fascination ne peut qu’être incontournable.
    tuco-ramirez
    tuco-ramirez

    111 abonnés 1 577 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 8 avril 2020
    Alors que depuis 3 ans, le glas a sonné la fin du muet et que petit à petit toutes les stars de l’époque vont sombrer dans l’oubli comme engloutis par le parlant ; un irréductible décide de faire le pari que le public le suivra sur un dernier muet. Chaplin gagnera son pari et sera parmi les rares comédiens du muet à réussir sa mue.
    Vu avec mon fils de 11 ans ½ pour une xième fois, il a ri comme jamais devant une des scènes les plus drôles et des plus intemporelles du cinéma (le combat de boxe) et a été ému comme rarement par la scène finale (seule « La tortue rouge » l’a plus ému que celui-ci). Quiproquos et pantomime jalonnent ce diamant brut du cinéma qui en fait un joyau du cinéma populaire et familial.
    Des critiques sur ce film d’une poésie folle, une d’entre elles synthétise tout le bien que je pense de ce film qui pour moi fait partie des tous meilleurs de tous les temps…

    Xavier Jamet : « Etats-Unis, une métropole à la fin des années 20. Un vagabond s’éprend d’une belle et jeune vendeuse de fleurs aveugle qui vit avec sa mère, couverte de dettes. Suite à un savoureux quiproquo, la fleuriste s’imagine le pauvre hère, qui vient de lui acheter une fleur, en milliardaire. Ce qu’il n’est pas… même s’il se lie d’amitié avec un homme riche et suicidaire qui le prend sous son aile, mais uniquement sous l’emprise de l’alcool. Une fois sobre, le milliardaire renvoie invariablement le vagabond à son triste sort. C’est donc seul que Charlot se met en tête de réunir les fonds pour guérir la jeune fleuriste de sa cécité. De petits boulots sordides en matchs de boxe truqués, c’est une avalanche de gags qui mènera notre héros vers une des fins les plus célèbres de l’Histoire du cinéma.

    1929. A l’aune du cinéma parlant, Chaplin décide de tourner le dos aux innovations techniques et se résout à la production d’un nouveau long-métrage sans paroles. Ce seront Les Lumières de la Ville, dernier film muet de Charlot et ultime occasion pour les spectateurs du monde entier de s’imaginer une voix pour leur héros. Conscient qu’il devra faire face au cinéma sonore tôt ou tard sous peine de disparition, Chaplin trouve alors un compromis afin de se donner encore un peu le temps de la réflexion quant aux premiers pas de Charlot dans le monde du dialogue : sa nouvelle création sera un film muet, mais sonore - comprendre avec musique et effets bruités. Musique qu’il composera lui-même, confirmant ainsi une des multiples facettes de son talent.

    Accouché dans la douleur, Les Lumières de la Ville est au final un petit miracle de fraîcheur et d‘équilibre qui pourrait résumer à lui seul l’art de Chaplin. Mais que de souffrances et de doutes avant de toucher à ce naturel cinématographique et comique. Étalé sur 32 mois - un record pour l’époque - le tournage du quatrième long-métrage de Charlie Chaplin se révélera un vrai calvaire. Chaplin, connu pour son perfectionnisme et ses méthodes de travail dégagées de toute inféodation aux studios, multiplia les prises - notamment pour les scènes de la rencontre avec la fleuriste et pour leurs retrouvailles. Au point que le métrage de rushes représente au bout du compte 150 fois le métrage du montage final… Triturée dans tous les sens, objet de toute la réflexion de l’artiste, la scène qui voit la jeune aveugle confondre le vagabond avec un milliardaire ne fut ainsi achevée qu’au 535° jour de tournage, après plus de 320 prises ! De même, Chaplin n’hésita pas à retourner toutes les séquences du milliardaire ivre, joué dans un premier temps par Henry Clive, finalement remplacé par un Harry Myers des grands jours.

    Tout comme il hésita longuement à se séparer de Virginia Cherrill pour offrir le rôle de l’aveugle à Georgia Hale, qui lui avait donné toute satisfaction dans La Ruée vers l’Or. Débutante totalement étrangère au monde du cinéma (et que l’on ne reverra quasiment plus par la suite, actrice miraculeuse d’un rôle unique qui restera surtout célèbre pour avoir été une des premières femmes de Cary Grant) Cherril entretint des relations pénibles avec Chaplin, qui lui reprochait de ne pas assez s’investir dans son travail. "Je n’ai jamais aimé Charlie et il ne m’a jamais aimée" devait-elle déclarer trente ans plus tard. Mais jamais le réalisateur ne put trouver une actrice capable à ce point de mettre le doigt sur l’émotion si particulière qu’il recherchait, et il dut finalement se résoudre à composer avec une actrice et une femme qu’il ne supportait pas. Le film avant tout…

    Le film justement. Cet interminable tournage terminé, Les Lumières de la Ville se révèle finalement être un pari hautement risqué pour Charles Chaplin : la sortie du film, légèrement en porte-à-faux quant aux nouveaux désirs du public de l’époque, est un moment crucial dans sa carrière, qui peut tout simplement s’effondrer comme un château de cartes avec l’arrivée des films sonores - comme le prouvera par la suite le naufrage de nombre de stars, comiques notamment, du muet.

    Soulagement puisque le film est un immense triomphe international, un des plus massifs dans la carrière de Chaplin, qui sut finalement se faire accepter par ce nouveau public. Jouant astucieusement sur la bande sonore, bâtissant même quelques uns des gags les plus fameux de son film sur le son, le réalisateur des Lumières de la Ville prend acte des innovations de son temps tout en s’offrant le luxe de patienter jusqu’au film suivant pour jouer sur toute la gamme sonore. Dans l’attente, Chaplin malaxe le son, l’utilisant non pas comme moteur narratif (le film continue à utiliser les cartons pour les dialogues) mais bien comme objet de gag. Dans deux scènes splendides - le discours des autorités et surtout la séquence du sifflet - Chaplin prend ses marques et l’on devine déjà que ses films suivants sauront appréhender ce nouveau média avec tout le génie qui le caractérise.

    Reste que c’est surtout par l’image que passe l’immense majorité des gags du film, Chaplin déployant alors toute la palette de son génie burlesque. D’un début en fanfare où, sur une statue, Chaplin livre un génial numéro de pantomime à une scène de boxe tout bonnement ahurissante, tout l’art du créateur du Kid se retrouve dans ce film. Revenons d’ailleurs sur cette fameuse scène de boxe, qui à elle seule justifie l’achat du film en DVD, histoire de se mettre la séquence en boucle les soirs de déprime. En six minutes d’une simplicité déconcertante - caméra filmant la scène frontalement et suivant l’action grâce à un léger travelling, d’ailleurs très beau - Chaplin offre aux spectateurs une ribambelle de gags chorégraphiée au millimètre. Je défie d’ailleurs quiconque de ne pas sortir des ces six minutes ébouriffantes les zygomatiques en feu : portée par une très belle partition, la scène s’envole vers des sommets de comique et, bel exploit, ne compte que sur ses acteurs et leurs mouvements pour déclencher les rires de la foule. Montage réduit au strict minimum, absence de plans de coupe, de changements d’axes ou de taille de cadre : on frise même l’ascèse d’un Dreyer - et pourtant la scène compte parmi les plus drôles de l’Histoire du cinéma. C’est le style Chaplin, empreint de simplicité et d’humilité, tout entier au service du plan, des gags et des acteurs. Un des secrets qui rend le cinéma de Chaplin si universel, drôle et touchant…

    A Comedy Romance nous prévient le titre complet des Lumières de la Ville. Ne pas oublier en effet qu’à travers ses films précédents, Chaplin a toujours su alterner entre rires et larmes. Ici, tout comme dans La Ruée vers l’Or ou Les Temps Modernes, Charles Chaplin n’oublie pas qu’un film est aussi une œuvre sociale, amenée à donner le point de vue, assez désabusé, de l’artiste sur le monde. Entre la vanité et l’égoïsme d’un milliardaire (dont la générosité ne s’exprime qu'une fois ivre), l’indifférence voire le mépris de la foule face au vagabond et l’injustice qui voit la police enfermer un innocent en prison ou un propriétaire exproprier une aveugle sans le sou, Chaplin n’oublie pas de gratter là où ça fait mal entre deux rires. Et deux sanglots… Car non content d’être une formidable locomotive comique, City Lights offre son lot de scènes dramatiques grâce à un astucieux scénario en deux volets, l’un consacré aux pérégrinations comiques du vagabond et de son "ami" milliardaire, l’autre à la vie misérable d’une pauvre aveugle.

    Évitant avec tact tout pathos ou misérabilisme édifiant, et ce malgré un scénario qui lui tendait justement mille pièges, Chaplin alterne comique pur et mélodrame à l’ancienne, même s’il a toujours le bon goût de désamorcer tout moment susceptible de sombrer dans la mièvrerie par un gag salvateur. Comme la désormais fameuse scène de la première rencontre, si touchante, que Chaplin ne peut s’empêcher de clore sur un gag vieux comme le monde : l’aveugle qui vient de remplir son seau finit par arroser un vagabond déconfit.
    S’il n’abuse pas d’effets de mise en scène, Chaplin n’en est pas moins un grand, dont chaque décision - de la position de la caméra au jeu d’acteur - a son importance dans l’équilibre du film. Au sommet de son art, adulé par une planète qui reconnaît en Charlot un des tout premiers mythes du cinéma, Chaplin conclut son travail titanesque sur une scène à l’image de son film : simple et dont on ne sait trop si les larmes qu’elle provoque sont de rire ou d’émotion. La marque des grands… saluée par Orson Welles qui n’avait de cesse de répéter que Les Lumières de la Ville était le plus beau film de tous les temps. On connaît le sens de l’exagération du grand Orson, mais là, promis, vous pouvez le croire sur parole ! »
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    14 abonnés 571 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 7 mars 2020
    Un grand classique de Charles Chaplin que je viens à peine de voir. On est admiratif de tout le génie du cinéaste : du jeu des acteurs et de leur mise en scène, jusqu'aux gags qui s'enchaînent sans temps mort, en passant par cette émotion toujours très prégnante grâce à ce scénario si touchant. Ce n'est peut-être pas mon préféré de Chaplin, mais cela reste une oeuvre immense. Chapeau Charlot !
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