La saga X-Men fut la précurseur dans le genre super-héroïque, réunissant une bande de super-héros tout en parlant de politique et de sujets plus humains avec que ce soit cool pour ce genre de productions. Même si elle a connu de nombreuses faiblesses qualitatives selon les épisodes et que sa timeline est devenue un foutoir sans nom bourré d'incohérences, elle est quand même revenue au top avec les deux derniers opus de sa nouvelle trilogie. Prenant la forme d'un prequel sur la jeunesse de ses personnages emblématiques, elle avait même réussi le tour de force de lier le nouveau avec l'ancien pour venir "réparer" quelques erreurs scénaristiques dans l'excellent Days of Future Past. Arrivant toujours à être un divertissement exemplaire avec un vrai propos autour du racisme et des questions politiques qui arrivait à être un juste reflet de l'époque qu'il dépeignait tout en parvenant à trouver un écho dans notre propre réalité. La saga sous la direction de Bryan Singer, était toujours à son meilleur, côtoyant le spectacle grand public et l'intelligence d'un film plus retors avec une osmose presque parfaite. Et il est dommage de constater que pour son quatrième film de la saga en temps que réalisateur, Singer se perd pour tomber dans ce que la saga fait de moins bien lorsqu'il n'était pas là, le destruction porn sans âme et insignifiant comme l'était The Last Stand et X-Men Origins: Wolverine.
Même la catastrophe n'est pas au niveau de ses deux films, il faut reconnaître que scénaristiquement il part dans certains de leurs travers. Déjà en raison du nombres importants des personnages, il n'arrive pas à les gérer correctement. La plupart ne sont là que pour être des éléments de fan service venu juste délivrer le quota d'action nécessaire pour le film, et cela vient parfois renier le film qui à été fait avant. La saga repartant dans ses travers et semble être incapable de suivre ce que le précédent à mis en place, l'exemple le plus frappant étant la scène de Wolverine. Ensuite voulant beaucoup trop plaire aux fans de comics, il reprends des éléments de ceux-ci qu'il gère maladroitement et qui ne fait pas sens au sein du film, comme la sous-intrigue de Quicksilver qui est placer comme un cheveu sur la soupe et qui au final n'abouti à rien. Pour ce qui est des autres personnages, il tente de les redéfinir mais le fait de manière bien trop bancal, soit en utilisant une romance grossièrement amené et mièvre pour Magnéto, les scènes avec sa famille sont les pires du film, et Charles Xavier même si dans son cas c'est plus légitime faisant directement écho à First Class. Dommage par contre que Moira ne soit là que pour être un love interest ou un ressort narratif. Pour ce qui est des nouveaux personnages, ils ne sont au final que des versions jeunes de personnages que l'on a déjà vu, Singer les réintroduit mais ne les redéfinit pas, les traitant de la même manière que par le passé ce qui manque clairement de renouveau.
Il y a néanmoins de bonnes choses au milieu de ce scénario, comme le fait de voir enfin le Charles Xavier que l'on à toujours eu envie de voir. Celui qui donne des cours à ses élèves et guide les jeunes mutants, les scènes à l'école étant probablement les plus intéressante du film mais elles sont réduites à peu de choses. Faire de Mystique un symbole mutant étant une idée intéressante tout comme assumé le statut de mentor du Fauve mais c'est là aussi des bonnes idées noyées dans la masse de personnages et qui sont sous-exploitées. Pourtant c'est ce qui arrive vraiment à élever le film et lui donner un aura d'authenticité. Il est aussi plaisant de voir un bon méchant, ses derniers temps les films de super-héros ne brille pas par cette aspect. Il y a un background accrocheur autour de lui et il amène des enjeux intéressants, il offre même au film ses scènes les plus fortes. Le problème c'est que lui aussi n'a pas tellement la place pour s'exprimer et ses motivations seront à cause de ça, énormément simplifiées. On regrettera aussi l'absence totale d'un propos politique ou même de construction d'un univers, ici les années 80 étant finalement laissées de côté, alors que l'époque était au centre des deux autres films. On à le sentiment d'un produit inconséquent et un peu vide qui n'exploite pas les outils qui sont mis à sa disposition. Le film perd de l'intérêt en raison de ça, et n'est pas sauvé par une trame narrative basique et minimaliste, qui se perd parfois dans ses intentions. Comme une scène se déroulant à Auschwitz qui est en totale décalage avec le reste et qui se fait même assez gênante dans sa mise en forme, malgré une symbolique pas nécessairement inintéressante.
Le casting est moins impressionnant que par le passé. Déjà le vieillissement des personnages n'est plus crédibles, on ne voit à aucun moments que des personnages comme Magnéto ou Charles Xavier ont pris 20 ans depuis First Class et certains acteurs ne semble plus y croire. Comme Jennifer Lawrence et Michael Fassbender qui semble totalement effacés durant le film. Chez les vétérans c'est James McAvoy qui assure le show, s'amusant vraiment dans son rôle et apportant toujours son intensité et sa justesse pour rendre le personnage crédible. Evan Peters est encore une fois excellent en Quicksilver tandis que Nicholas Hoult semble plus impliqué que par le passé et que Rose Byrne est comme à son habitude impeccable. Parmi les nouveaux venus ont retiendra Oscar Isaac, très bon et charismatique en méchant malgré un costume qui aurait pu le faire tourner au ridicule, tandis Sophie Turner et Tye Sheridan reprennent convenablement les rôles de Jean Grey et Scott Summers.
La réalisation est techniquement inégal, certains effets spéciaux sont très réussis comme l’application des pouvoirs tandis que d'autres sont plus criards et font clairement faux, comme les nombreux fonds verts très visibles par exemple, faute aussi à une direction artistique tout bonnement hideuse. On regrettera aussi un montage mal maîtrisé, qui rend le film mou et lui attribue des longueurs inutiles. On sera cependant conquis par le score musical impeccable et épique de John Ottman et une photographie assez belle. La mise en scène de Bryan Singer est globalement en pilotage automatique, reprenant même des scènes des anciens films, comme la maintenant nécessaire scène de Quicksilver. Même si elle est cool, elle est symptomatique d'un film en cruel manque d'idées qui recycle les meilleurs moments de la saga. Après l'ensemble est très maîtrisé, Singer est loin d'être un amateur dans le domaine mais ses scènes d'actions manque parfois d'ampleur même si elle dispose d'une violence frontale assez appréciable. La scène d'ouverture en Egypte est d'ailleurs un excellent moment qui prend au dépourvu et impressionne par sa radicalité et sa précision. Tout comme le duel entre Charles Xavier et Apocalyspe, qui fait vraiment preuve de force et d'inventivité dans la mise en scène. Une des séquences la plus visuellement impressionnante du film.
En conclusion X-Men Apocalypse est un divertissement tout juste moyen. On est dans le destruction porn calibré et sans âme que Bryan Singer avait pourtant réussi habilement à éviter jusque là. Le cinéaste manque clairement d'idées au terme de son quatrième film de la franchise et il serait peut être tant qu'il laisse la main. Ici le tout souffre d'un scénario qui ne sait pas gérer ses personnages et qui dans sa volonté dans faire beaucoup trop en fait finalement très peu perdant même l'intérêt de la plupart du casting. Après certaines scènes sont vraiment excellentes et sortent du côté lisse proposé par d'autres blockbusters du genre mais elles ne pèse pas lourd au milieu d'autre moments qui manquent cruellement de goûts. On arrive quand même à suivre les aventures de nos mutants préférés et on est loin du niveau de leurs pires aventures (The Last Stand et X-Men Origins: Wolverine) mais Singer échoue à clôturer convenablement cette trilogie. Comme il le fait dire lui-même à un de ses personnages, les troisièmes films sont toujours les pires. Mais ce qui est vraiment tragique c'est qu'une saga qui était jusque là, la précurseur du genre, n'est plus qu'aujourd'hui qu'un divertissement lambda dénué de toute profondeur.