Ours d’or 2014 au festival de Berlin, Black Coal est réalisé par Yi’nan Diao, cinéaste chinois de la 6ème génération (la première génération de 1905 à 1932 marque la naissance du cinéma en Chine, la deuxième génération, l’âge d’or, s’étend de 1932 à 1949, la troisième de 1949 à 1966 est caractérisée par l’arrivée des communistes au pouvoir, la quatrième a lieu de 1976 à 1982, la cinquième est réservée aux diplômés de l’académie de cinéma de Pékin en 1982 quant à la sixième génération, de 1989, dates des événements de Tiananmen, à aujourd’hui, elle est représentative d’un cinéma urbain réaliste). Comme nombreux cinéastes de cette période, dont certains sont référencés sur le cinéma du ghetto en la personne de Jia Zhangke (A Touch Of Sin) de Lou Ye (Suzhou River, Mystery) ou encore de Wang Xiaoshuai (11 Fleurs), le scénario de Black Coal s’inspire de faits divers et de malaises sociaux.
Le film s’ouvre sur un meurtre qui n’a rien à envier à celui du dépeceur de Montreal. En effet, un chinois est retrouvé découpé en morceau et décimé dans plusieurs usines à charbon, aux quatre coins de la Mandchourie. Zhang (Fan Liao) est chargé de mener l’enquête mais doit abandonner son poste suite à une violente altercation. Cinq ans plus tard l’inspecteur est rappelé et doit terminer l’investigation. Plus cette dernière avance, plus il se rapproche de la femme de la victime Wu Zhizhen (Lun-mei Gwei).
Un des élément clé du film est le rapport des personnages au temps. Récemment Jia Zhangke avait eu la même réflexion dans son documentaire sur Shangaï, I Wish I Knew, histoires de Shanghai (2011). Dans Black Coal le temps est omniprésent, dans l’action directe au film et la magnifique transition de 1999 à 2004 mais aussi dans le quotidien des habitants. En cinq ans, la ville se transforme, les gens ne sont plus les mêmes, seules les enseignes publicitaires et les grandes firmes imprègnent encore le sol enneigé de la Mandchourie.
Le principal atout du film est son atmosphère particulière au film noir. On retrouve en effet les symboles qui en ont fait un courant cinématographique, meurtres, femme fatale, double enquête et double vie, héros prisonnier de lui même, trahison… Yi’nan Diao adapte ce cinéma à son époque, l’utilisation de la caméra épaule capte des instants uniques, sans étude ni jugement. Le cadreur filme ce qu’il voit, l’image est brute
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